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1975 : Denard débarque une première fois aux Comores

Par JEAN-PIERRE BAT 13 SEPTEMBRE 2015

 Il y a 40 ans, en septembre 1975, le célèbre mercenaire français foule pour la première fois de sa vie le sol comorien. Le double coup de force de 1975 et 1978 où il fait et défait les présidents des Comores l’installe au centre du jeu politique de l’archipel.

3 août 1975 : Ali Soilih procède à un coup d’État sur l’île de Grande Comore. Il dépose Ahmed Abdallah, le leader politique qui a conduit l’archipel des Comores à l’indépendance quelques semaines plus tôt.

Depuis l’autonomie interne de 1961, Ahmed Abdallah siège au Sénat français, et travaille à l’accession des Comores à l’indépendance, à la suite de l’Afrique subsaharienne. Paris traîne des pieds, mais il obtient la signature des accords de Paris le 15 juin 1973 qui programment l’indépendance. Les derniers mois de Foccart à la tête du secrétariat général des Affaires africaines et malgaches de l’Élysée ont été consacrés, fait trop souvent oublié, à l’évolution juridique et institutionnelle des territoires d’outre-mer de l’océan Indien, notamment après la Révolution malgache.

Installé à l’Élysée en mai 1974, Valéry Giscard d’Estaing poursuit le processus amorcé depuis 1973 ; un référendum est organisé pour décembre 1974. L’objectif est de savoir si les Comoriens souhaitent rester Français ou prendre leur indépendance. Les trois îles de Grande Comore, Anjouan et Mohéli se prononcent pour l’indépendance tandis que Mayotte souhaite rester dans le giron français. C’est donc vers une division politique de l’archipel que s’oriente cette indépendance, ce qu’Ahmed Abdallah dénonce : il accuse le gouvernement français de Jacques Chirac de violer les règles du droit international en séparant Mayotte de l’archipel indépendant. La France entérine le maintien de Mayotte au sein de la République le 3 juillet 1975. En réaction, Ahmed Abdallah prononce unilatéralement l’indépendance des Comores (Grande Comore, Anjouan et Mohéli) le 6 juillet 1975.

C’est dans ce contexte tendu entre Paris et Moroni qu’Ali Soilih renverse Ahmed Abdallah, qui fuit la capitale Moroni (sur l’île de Grande Comore) pour regagner son fief sur l’île d’Anjouan. Nul doute qu’à cette date, Abdallah n’est pas dans les petits papiers de Paris. Aussi Ali Soilih comprend qu’il doit en profiter pour réduire sans attendre toute capacité de résistance de son adversaire reclu à Anjouan.

Yves Lebret, directeur de la compagnie Air Comores et proche de Soilih, prend en charge l’opération de recrutement d’une équipe de spécialistes capables de réduire la menace Abdallah. Il se rend à Genève pour s’ouvrir de son projet à des intermédiaires de confiance. En fin de chaîne, Georges Starkman, homme d’affaires et marchands d’armes, propose le nom de Bob Denard. C’est ainsi que le célèbre mercenaire débarque à Moroni et aux Comores pour la première fois, en septembre 1975. Selon Starkman, l’opération est montée à peu de frais.

« Chien de guerre » au Katanga et au Congo entre 1961 et 1967, Denard est devenu dans les années 1970 un « expert » que se prêtent des chefs d’État africains « amis de la France » (Hassan II, Houphouët-Boigny, Bongo, etc.) au vu et au su des services secrets français avec lesquels il collabore depuis ses années congolaises. De sorte que l’appel de Soilih à Denard ne peut pas passer inaperçu aux yeux de Paris, dans le contexte de 1975.

Sur le tarmac de l’aéroport de Moroni, Denard débarque les quelques 300 fusils qu’il a amenés avec lui… sous les yeux des gendarmes français qui font mine d’ignorer son manège. Avec sept de ses hommes pour l’épauler dans son projet, il entraîne pendant quelques jours près de 200 Comoriens partisans de Soilih, baptisés « mapinduzi » (militaires militants).L’opération est déclenchée le 20 septembre 1975. Les avions de Lebret transportent les troupes de Grande Comore à Anjouan. Il ne faut pas plus de quelques heures à Denard pour s’emparer de l’île et de faire d’Abdallah son prisonnier. Ce dernier est contraint à l’exil en France. Le mercenaire, quant à lui découvre Anjouan qui lui apparaît comme un véritable paradis. Il rêve depuis longtemps d’un coin d’Afrique où installer sa base arrière : en 1975, il prend conscience de ce que pourraient représenter les Comores pour son projet.

Cependant, l’histoire n’est pas aussi simple. Certes, Abdallah est puni ; mais Paris a-t-elle clairement compris le programme de Soilih ? Ce dernier s’affiche farouche révolutionnaire aux accents ouvertement marxistes. Il lance notamment une réforme agraire de vaste ampleur. Bref, Les Comores indépendantes basculent sous un régime révolutionnaire : l’opération de Denard en 1975 accouche donc d’un régime « contraire à [ses] convictions de toujours. » Un euphémisme pour ce farouche nationaliste anticommuniste ; un contre-sens pour Paris qui, trop réjouie de voir Abdallah puni pour son geste de 1975, n’a pas compris que lui a succédé un authentique révolutionnaire aux antipodes de la politique africaine de la France, trois ans seulement après la Révolution malgache. Denard, dans ces conditions, quitte les Comores en promettant à Soilih de revenir.

Dès le mois de février 1977, Ahmed Abdallah, toujours en exil à Paris, reprend contact avec Denard pour lui demander d’organiser son retour au pouvoir. De l’aveu du mercenaire, l’affaire est pilotée par la cellule Afrique de l’Élysée, dirigée par René Journiac. Après le fiasco du coup d’État raté de Denard au Bénin en 1977 (compromettant Journiac, Hassan II, Bongo et Eyadéma par les documents qui sont oubliés dans la précipitation du rembarquement sur le tarmac), il se recentre donc sur les Comores. En mars 1978, l’opération «Atlantide» est lancée. Denard, a acquis avec l’aide du célèbre « Crabe-Tambour » le bateau Antinea. Son équipe se compose d’une cinquantaine de mercenaires : après avoir quitté Lorient et être passé par les Canaries, L’Antinéa double le Cap-de-Bonne-espérance, à destination (tenue secrète) de Moroni. Pour couverture, le mercenaire a créé une société offshore de recherche sismique et géophysique supposée se rendre en Terre-de-Feu. Le 13 mai 1978 au petit matin, L’Antinéa aborde la plage d’Itsandra, sur la côte de Grande Comore. En 4 heures, Moroni passe sous le contrôle des mercenaires et Ali Soilih est fait prisonnier.

Il sera tué quelques jours plus tard : officiellement au cours d’une tentative d’évasion. Dans les faits, les circonstances de sa mort restent obscures et certains y voient la main des mercenaires. Ahmed Abdallah devient le maître du pays, mais doit faire face à un double enjeu : redresser une situation économique rendue exsangue, d’une part, et, d’autre part, manoeuvrer face au pouvoir que représentent les mercenaires qui ont fondé la Garde présidentielle (GP), véritable État dans l’État reconnaissable à ses uniformes noirs.

Après avoir découvert les Comores en 1975, Denard en fait sa base arrière à partir de 1978. L’histoire des Comores du 13 mai 1978 au 26 novembre 1989, date de la mort par balles d’Abdallah dans des conditions troubles et en présence du mercenaire, est dès lors indissociable de l’histoire de Bob Denard et de la GP aux Comores.

Source : http://libeafrica4.blogs.liberation.fr/2015/09/13/1975-denard-debarque-pour-la-premiere-fois-aux-comores/

Le Groupe d’experts de l’ONU sur les mercenaires
entreprendra sa première visite aux Comores

GENEVE (5 mai 2014) – Le Groupe de travail des Nations Unies sur l’utilisation des mercenaires entreprendra une visite officielle aux Comores du 8 au 16 mai, 2014, afin d’évaluer la question du mercenariat et son impact sur les droits de l’homme dans le pays. Les experts examineront également la question des compagnies privées de sécurité et leur fonctionnement aux Comores.

« Les Comores ont eu une histoire tumultueuse et difficile, subissant de nombreux coups d’état ou tentatives de coups d’état dont certains ont été instigués et menés par des mercenaires connus », a déclaré Patricia Arias, actuelle Présidente du Groupe composé de cinq experts chargés par le Conseil des droits de l’homme de surveiller et de faire rapport sur l’utilisation de mercenaires dans le monde comme moyen de violer les droits de l’homme et d’empêcher l’exercice du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.

La visite, qui se fait à l’invitation du Gouvernement des Comores, sera la première effectuée par des experts indépendants du Conseil des droits de l’homme dans ce pays.

La délégation menée par Mme Arias comprendra un autre membre du Groupe de travail, M. Gabor Rona, ainsi que des membres du Haut-Commissariat aux droits de l’homme.

Les experts tiendront des réunions à Grande Comore et à Anjouan avec des représentants de l’Exécutif, du législatif et du judicaire, ainsi que des forces armées, de la communauté diplomatique et des organisations de la société civile.

Une conférence de presse sur les observations préliminaires du Groupe de travail se tiendra à l’Hôtel Retaj à Moroni, le vendredi 16 mai à 10:30.

Le rapport final sur la visite sera présenté au Conseil des droits de l’homme en septembre 2014.

(*) Le Groupe de travail sur l’utilisation des mercenaires comme moyen de violer les droits de l’homme et d’empêcher l’exercice du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes a été établi en 2005 par la Commission des droits de l’homme. Il est composé de cinq experts indépendants agissant en leur capacité personnelle : Mme Patricia Arias (Présidente-Rapporteur, Chili), M. Gabor Rona (Etats-Unis d’Amérique/Hongrie), M. Anton Katz (Afrique du Sud), Mme El¿bieta Karska (Pologne) and Mme Faiza Patel (Pakistan).

Pour plus d’informations consulter: http://www.ohchr.org/FR/Issues/Mercenaries/WGMercenaries/Pages/WGMercenariesIndex.aspx

Consulter les rapports du Groupe de travail à l’Assemblée Générale des Nations Unies et au Conseil des droits de l’homme :

http://www.ohchr.org/FR/Issues/Mercenaries/WGMercenaries/Pages/AnnualReports.aspx

Consulter le projet d’une possible Convention sur les compagnies privées militaires et de sécurité élaborée par le Groupe de travail : http://www.ohchr.org/FR/Issues/Mercenaries/WGMercenaries/Pages/WGMercenariesIndex.aspx

Droits de l’homme ONU – Comores: http://www.ohchr.org/EN/Countries/AfricaRegion/Pages/KMIndex.aspx

One Man Private Army

Invading an impoverished country mostly by himself, legendary gun-for-hire Bob Denard created a whole class of modern mercenary—and a new way of war. Suite …

Le jour où Bob Denard a visité Cotonou

Le commandant de bataillon Mathieu Kérékou, arrivé au pouvoir le 26 octobre 1972, a survécu non sans frayeur à l’opération “Crevette”. Le 16 janvier 1977 alors que Cotonou, capitale de l’ancien Dahomey, devenu Bénin, se prélassait dans les bras de Morphée, le français Bob Denard débarque d’un DC-8 à la tête d’un petit groupe de mercenaires. Le timing était mal choisi.

Non seulement, le maître de Cotonou, qui ne dormait jamais au Palais, était averti par les renseignements de son pays (d’autres sources évoquent des oracles vaudous) mais le hasard a voulu que les assaillants qui ont essuyé des ennuis techniques à l’aéroport de Libreville où ils avaient fait escale soient arrivé avec deux heures de retard par rapport au calendrier fixé.

L’affrontement fut sanglant. Quelque 17 béninois tombent sous les balles. Deux des assaillants sont tués. Dans sa retraite, Bob Denard abandonne caisses de munitions et plans d’attaque qui aideront les béninois à identifier le commando. Ce jour là, le marxiste léniniste Mathieu Kérékou délivrera à la postérité l’un des discours les plus fleuris de l’histoire récente des palais présidentiels africains. Le discours commence ainsi: “Béninoises, Béninois, un groupe de soldats à la solde de l’impérialisme aux abois…” et se termine par là: “Que toute béninoise et tout béninois où qu’il se trouve se considère comme un soldat en faction et agisse en conséquence”. Sacré Kérékou!

Source : http://www.financialafrik.com

Au royaume des barbouzes

Le Maroc et la France partagent une histoire occulte écrite par des truands et des mercenaires utilisés par les services secrets des deux pays pour exécuter leurs coups tordus et leurs basses œuvres. Plongée dans le monde des barbouzes.

Nous sommes à la fin des années 1950. Le gouvernement français a constitué une “war room”, conseil de guerre ultrasecret et restreint, chargé de dresser “une liste de personnalités acquises au F.L.N” et “d’hommes publics particulièrement ennemis de la France” à neutraliser ou à liquider. Allal El Fassi est le premier homme à abattre. Dans ses mémoires, le colonel Le Roy-Finville, chef du service 7, spécialisé dans l’obtention de renseignements pour le compte du S.D.E.C.E (Service de documentation extérieure et de contre-espionnage), le décrit comme “un Marocain vigoureusement anti-français et allié virulent au F.L.N”. “L’idée, écrit Le Roy-Finville, est de faire sauter El Fassi et les autres chefs de l’Istiqlal à l’occasion d’une de leurs rencontres à Tétouan, en zone espagnole”, prévue à l’hôtel Dersa. Le service 7 se charge de fournir au service Action toutes les indications techniques : poids d’explosif nécessaire, épaisseur des murs, systèmes de sécurité, etc. “Du travail tout mâché”, rapporte le colonel. Sauf que “les militaires ne veulent pas se salir les mains” et constituent “un petit groupe de repris de justice qui se disent prêts, eux, à faire la sale besogne. Contre une bonne récompense (…) et des protections pour leurs petites affaires”.

Ces spécialistes des coups tordus, connus sous le terme de barbouzes, sont dans leur grande majorité des truands employés par les services secrets français pour les basses œuvres. Ils sont notamment utilisés dans les “contrat homo”, expression désignant l’élimination physique de personnes gênantes pour les intérêts de la France. A la tête des truands engagés par les services spéciaux pour assassiner Allal El Fassi, Jo Attia et Georges Boucheseiche, deux barbouzes connus des renseignements de police en France et proxénètes chevronnés au Maroc. Ceux-là mêmes qui seront impliqués, quelques années plus tard, dans l’affaire Ben Barka. Massacreurs professionnels sur le papier, ces “types du milieu” sont loin d’être des enfants de chœur et ont un CV de malfrat long comme un jour sans pain.

Le fiasco Attia

Pourtant, ils s’avèrent être des dilettantes du crime dans la tentative d’assassinat de Allal El Fassi. Comme dans un San-Antonio loufoque, Leroy-Finville surnomme la tentative avortée d’éliminer le chef de l’Istiqlal le “fiasco Attia”. C’est que Jo Attia et Georges Boucheseiche, “le grand Malabar” et “le petit gros”, sont à la discrétion ce que l’hippopotame est à la grâce. A l’aéroport d’Orly où ils embarquent pour Tanger, les deux rossards se font remarquer par des effusions grandiloquentes, sous les yeux ébahis des voyageurs. Attia embrasse goulûment sa petite amie, “une petite brune piquante, très jolie”. Il faudra attendre que l’hôtesse de l’air lance un appel pour embarquement immédiat pour que les deux acolytes détalent “en direction de la salle de départ, en se retournant encore dix fois pour faire des signes à la fille”.

Dans l’avion Air Atlas qui les mène vers Tanger, Boucheseiche et Attia retrouvent “deux hommes à eux, Nottini, dit la Béquille, et Palisse, autre future ‘célébrité’ de l’affaire Ben Barka”. Durant le vol, “Attia et les trois autres branquignols, sablant le champagne aux frais de la princesse, laissent tomber par inadvertance un sac de grenades qui roulent sous les sièges des passagers”. à quatre pattes, les malfrats, que les passagers prennent pour des plaisantins ivres, récupèrent les bombes, “qui ricochent comme des billes, au gré du balancement de l’appareil”. Les négligences perdurent à leur arrivée au Maroc : la première valise piégée installée à l’hôtel Dersa explose dans la mauvaise direction. La seconde, installée par les soins d’Attia dans la villa de Allal El Fassi, est retrouvée et désamorcée par la police espagnole. Le premier “contrat homo” est un échec.

Des truands très show-off

Après cette tentative d’assassinat avortée, la presse ne parle que d’eux. La police locale se lance aux trousses de la bande. Les barbouzes, en arrivant au Maroc, se font remarquer en faisant “la tournée des grands ducs dans les boîtes”, “en menant grand tapage”. Le gang se sépare : Palisse et Boucheseiche cavalent en zone française, tandis qu’Attia et Nottini la Béquille rebroussent chemin pour Tanger. Là-bas, Attia se fait passer pour un agent du S.D.E.C.E auprès d’un gérant de bar français. Ce dernier leur présente Antoine Lopez, chef d’escale de l’aéroport de Tanger. Ce futur agent secret, bientôt impliqué dans le kidnapping de Ben Barka, peut les rapatrier en France en leur évitant police et douane.

“Empotés comme il n’est pas permis”, décrit Le Roy-Finville, Attia et Nottini brillent encore une fois par leur amateurisme. En voyant le déploiement de policiers à l’aéroport, Attia panique et se souvient qu’il a encore un revolver sur lui. Il s’engouffre dans les toilettes de l’aérogare et décide de cacher l’arme dans la cuvette. Sauf que le poissard a encore des balles dans sa poche. Il garde les munitions dans sa paume droite et décide, en feignant une poignée de main, de les tendre à Lopez. Sauf que le chef d’escale ne comprend pas. “Les balles tombent, rebondissent sur l’asphalte dans un crépitement métallique”, devant une flopée de policiers, qui se jettent sur le gang et mettent les brigands étourdis sous les verrous…

L’affaire Ben Barka

Malgré ce plantage, on refait appel quelques années plus tard à la bande de Boucheseiche. Elle est chargée d’organiser, le 29 octobre 1965, l’enlèvement de Mehdi Ben Barka devant la brasserie Lipp avec l’aide de policiers français. Maurice Buttin, avocat de la famille de l’opposant marocain, rapporte que c’est d’abord Jo Attia qui reçoit “une demande des Marocains d’éliminer physiquement Ben Barka”. La consigne : procéder à l’assassinat à “Genève, avec un fusil à lunettes”. Un “contre-ordre” lui fait savoir que le pouvoir préfère “ramener Ben Barka vivant au Maroc”. On l’informe qu’à Paris, un certain Georges Figon doit se charger de la question. Attia n’accorde aucune confiance à ce personnage naviguant entre milieux intellectuels parisiens et malfrats de la capitale. Il préfère donc “refiler l’affaire à son lieutenant, Boucheseiche”. Georges Boucheseiche est à la tête de plusieurs maisons closes, au Maroc et en France, qu’il gère avec son épouse. La barbouze est introduite dans les hautes sphères du pouvoir marocain, organise des soirées pour le beau monde et rêve d’ouvrir, sous les cieux du royaume, le plus grand bordel sur terre. “Un établissement fabuleux installé à Aïn Diab, au bord de l’océan, pas trop loin du centre des affaires, tout près de l’aérodrome”, rapporte un article de presse de l’époque. Pour le convaincre de participer au kidnapping de l’opposant à Hassan II, on lui aurait fait miroiter l’espoir qu’il obtiendrait, une fois sa mission accomplie, son lupanar…

Boucheseiche mouillé jusqu’au cou

C’est Antoine Lopez, le chef d’escale qui devait, quelques années plus tôt, faciliter la fuite d’Attia après l’attentat contre Allal El Fassi, qui est chargé d’accueillir le leader du mouvement tiers-mondiste à l’aéroport et de prévenir ses ravisseurs de son arrivée. Une fois le rapt effectué, Ben Barka est amené, ce vendredi 29 octobre, dans la villa de Boucheseiche, à Fontenay-le-Vicomte, dans l’Essonne. Y est réunie sa bande, constituée de Jean Palisse, Pierre Dubail et André Le Ny. Avant l’arrivée du général Oufkir et du colonel Dlimi, Ben Barka aurait été enfermé au premier étage de la demeure. Parmi les innombrables versions dédiées au décès de l’opposant marocain, des éléments rapportés aux gendarmes par le fils de Le Ny, retranscrits par Maître Maurice Buttin dans Ben Barka, Hassan II, De Gaulle : “ce que je sais d’eux : Ben Barka aurait été transporté dans la villa de Boucheseiche, puis transféré à Ormoy, chez Lopez. Dlimi et Oufkir l’avaient torturé dans la cave (…) C’est Boucheseiche qui l’avait frappé en premier, car Ben Barka ne se laissait pas faire. D’un coup de poing, il lui avait cassé les cervicales. Ils l’avaient ensuite attaché (…) et Oufkir et Dlimi l’avaient un peu ‘bousculé’. C’est là que Ben Barka est décédé”.

Dans le même ouvrage, Maurice Buttin cite un commissaire de police français retraité : “J’ai rencontré Palisse (…) Il m’a dit avoir assisté à la mort de Ben Barka, par accident, sur un mauvais coup que lui avait porté Boucheseiche”. à l’annonce de la disparition de Mehdi Ben Barka, c’est le royaume tout entier et l’Elysée qui se mettent en branle. Le 4 novembre 1965, Georges Boucheseiche prend la fuite pour le Maroc. Quatre jours plus tard, un mandat d’arrêt international est lancé contre lui. Sa bande ne tarde pas à le rejoindre. Le 7 juin de la même année, la barbouze est condamnée, par contumace, à la perpétuité. Malgré les mandats d’extradition qui pèsent sur leurs têtes, Boucheseiche et ses complices coulent des jours heureux au royaume. Les truands prospèrent, sous la surveillance, ou plutôt la protection de la police marocaine. Boucheseiche reprend les affaires dans ses bordels. Son paradis artificiel, sous les cieux marocains, prend fin quelques années plus tard.

Des hommes qui en savaient trop

Boucheseiche, Le Ny, Palisse et Dubail sont arrêtés, au lendemain de la tentative de coup d’Etat de Skhirat, en 1971. La bande, dans sa quasi-totalité, est enfermée au Point Fixe 3 (centre secret de torture et de détention installé à Rabat). Pierre Dubail y entame, de novembre 1973 à avril 1974, un dialogue avec son voisin de cellule. Il s’agit de Ali Bourequat, l’un des trois frères que Hassan II fait prisonnier dans les geôles de Rabat puis de Tazmamart. Dans son livre Dix-huit ans de solitude (Ed. Michel Lafon), il recoupe les informations que lui distille Dubail : “Nous savons trop de choses. (…) Nous avons travaillé sous les ordres d’Oufkir, pour le compte du roi”. Les barbouzes connaissent personnellement Hassan II. “Il nous tapait sur le ventre. Il nous invitait à dîner, nous emmenait en balade. Notre façon de parler l’amusait…”

Dubail voudrait que Ali Bourequat, à sa sortie, se rende au Henry’s Bar à Rabat, sur le boulevard Mohammed V. “Tu verras un homme qui, le dimanche, à l’heure du tiercé, boit un perroquet (…) Il est des nôtres”. Dubail voudrait que Bourequat prenne un billet de tiercé et y inscrive les chiffres 2 9 1 0 6 5, correspondant à la date de l’enlèvement de Mehdi Ben Barka. “Il te fournira tout ce dont tu as besoin, assure Dubail à Bourequat. En échange, donne-lui de nos nouvelles. Dis-lui que nous sommes ici, au PF3. Dis-lui que nous avons peu de chances de nous en sortir”. Dans les épanchements de Dubail, une révélation reste à ce jour invérifiée. Au centre du niveau 2, devant la cellule 14 du PF3, se trouverait une tombe “un peu spéciale”. Ce qu’elle contiendrait ? “La tête de Ben Barka”, affirme Dubail. “On la lui a tranchée après sa mort. (…) Hassan II voulait la voir”.

Selon le récit de Bourequat, “Dubail, Boucheseiche et Le Ny quittent le PF3” en avril 1974. “Boucheseiche reviendra le premier, le 29 octobre”, date anniversaire de la disparition de Ben Barka. “Le Ny le suivra le 14 novembre. Dubail, lui, reviendra le 16 novembre 1974. Ni lui ni les autres ne seront alors en mesure de communiquer avec qui que ce soit”. La phrase est interprétée comme une métaphore macabre. Des enquêtes publiées sur l’affaire supposent que ce retour est posthume, et que ce sont les dépouilles des barbouzes qui sont reconduites au PF3. Une seule chose est sûre : le sort de Boucheseiche et de ses compères est presque aussi nébuleux que l’affaire Ben Barka…

Bob Denard entre en ligne

Intimement imbriquée à la politique française dans ses anciennes colonies, la barbouzerie prend un tournant nouveau durant les années 1970. Le caractère occulte des relations franco-africaines est désormais définit par le néologisme “Françafrique”, expression qui dénonce les coups d’Etat et interventions sur le continent noir menés par des mercenaires à la solde de l’Etat français, relayés parfois par les Marocains. C’est que dans le contexte de guerre froide des années 1970, Hassan II a choisi son camp : ce sera l’Ouest. Le Maroc apporte notamment son soutien au dictateur Mobutu, l’assassin du leader de gauche Patrice Lumumba. Le royaume va jusqu’à accueillir des mercenaires en route pour déstabiliser des régimes de gauche africains. “Le marché des missions secrètes est si prospère en Afrique que je ne tarde pas à être de nouveau sollicité. Le contact vient cette fois d’un agent marocain”, raconte dans ses mémoires le célèbre mercenaire Bob Denard. Courant 1977, à Paris, où Denard a établi sa base arrière, l’agent des services secrets marocains lui aurait fait rencontrer le docteur Emile Derlin Zinzou, l’ancien président du Dahomey, destitué en juillet 1969 suite à un coup d’Etat. Le Dahomey, devenu la république populaire du Bénin, est désormais gouverné par le général Mathieu Kérékou qui a instauré un régime d’inspiration marxiste-léniniste. Bob Denard raconte avoir été contacté par le Maroc car Kérékou embarrasse le royaume depuis qu’il a pris parti pour le Front Polisario en reconnaissant la république sahraouie. L’homme gêne aussi la France qui désire le renverser pour “le remplacer par quelqu’un de plus proche des vues françaises”, raconte Jacques Foccart, l’éminence grise de l’Hexagone pour les affaires africaines. Ce dernier connaît très bien Bob Denard pour avoir déjà fait appel à ses services afin d’organiser des opérations militaires et des coups d’Etat sur le continent noir.

La France marchant main dans la main avec le Maroc, Bob Denard estime qu’il peut s’engager dans cette affaire car il bénéficiera “d’appuis sérieux et de fonds conséquents”. “Mister Bob”, comme on le surnomme, dépêche un jeune officier en reconnaissance dans la capitale béninoise, Cotonou. Se faisant passer pour un touriste, ce dernier séjourne une semaine sur place pour évaluer les forces armées de Kérékou. Fort du rapport de son espion, Bob Denard juge qu’une opération militaire menée par des mercenaires serait le moyen le plus efficace de blackbouler Kérékou du pouvoir. Il en fait part aux parties prenantes dans l’opération, et notamment à Hassan II qui lui aurait fait “un premier versement de cent quarante cinq mille dollars” pour amorcer l’opération.

Benguerir, base de chiens de guerre

Bob Denard lance une campagne de recrutement de mercenaires, employant des Béninois exilés, qui seront épaulés par des Européens enrôlés grâce à des petites annonces publiées dans des quotidiens français. Bob Denard se fait appeler “colonel Maurin” pour les besoins de l’opération. Il n’informe aucune de ses recrues de la nature de la mission. Tous ignorent leur destination. Ce n’est qu’à l’aéroport, en recevant leurs billets d’avion, qu’ils découvrent leur port d’arrivée : le Maroc. Les chiens de guerre arrivent par petits groupes au royaume où, toujours selon Bob Denard, ils sont accueillis par des membres de la Gendarmerie royale. Ils sont ensuite conduits sur la base militaire de Benguerir qui, à l’époque, est considérée comme la base d’intervention du 13ème régiment de parachutistes français, une unité qui fournit le service action du SDECE en hommes de main.

Bob Denard et son armée privée, composée de quatre-vingt-dix soldats de fortune, s’entraînent un mois complet sur la base de Benguerir. Ils sont équipés de fusils d’assaut, de mitrailleuses, de mortiers et de lance-roquettes. Bob Denard affirme avoir rencontré deux fois Hassan II pendant les préparatifs de l’opération. Le souverain lui aurait garanti, pendant l’un de leurs entretiens, son soutien plein et entier. “Après avoir versé son obole, le roi du Maroc nous garantit par contrat que le docteur Zinzou (ancien président du Bénin) nous allouera, pour sa part, quatre cent mille dollars”, raconte-t-il dans ses mémoires. Le 15 janvier 1977, Bob Denard et ses mercenaires sont passés en revue par le colonel Dlimi. Ils s’apprêtent à embarquer pour le Gabon, avant de débarquer au Bénin. Nom de code du coup d’Etat en cours : opération Crevette.

Denard, barbouze de Sa Majesté

A leur arrivée à Cotonou, “Mister Bob” et son armée privée rencontrent une opposition farouche. Denard n’arrive pas à prendre le contrôle de Cotonou et doit réembarquer l’après-midi même avec ses troupes. L’opération est un fiasco total, le commando de Denard en déroute est rapatrié au Gabon, avant de rejoindre le sud du royaume, “en accord avec les autorités marocaines”, écrit le mercenaire. L’opération Crevette aurait pu rejoindre la longue liste des coups d’Etat foireux d’après-indépendance en Afrique, restés auréolés de mystère. Sauf que là, Bob Denard abandonne derrière lui une caisse de munitions contenant les documents de l’expédition. La “Crevette” est décortiquée par Kérékou qui met en cause le Maroc et ses alliés français et gabonais. Pour ne rien arranger, les documents oubliés par Bob Denard sont intégralement publiés par la revue Afrique-Asie et établissent l’implication du Maroc dans le complot contre Kérékou.

A cause de la bourde de Denard, le royaume est embourbé dans une crise internationale. Une dizaine de jours après les évènements, Cotonou saisit le Conseil de sécurité de l’ONU à propos de “l’agression lâche et barbare de l’impérialisme et de ses mercenaires contre la république populaire du Bénin”. Dans un rapport remis aux Nations Unies, les autorités béninoises accusent “Hassan II, qui a mis à la disposition de l’armée des mercenaires, pour leur entraînement et leur mise en condition, la base militaire de Benguerir”, ainsi qu’une aide technique (transports, armements, vivres) et une assistance financière.

L’ONU décide de dépêcher une commission d’enquête sur place afin de réunir des preuves. Elle tire les mêmes conclusions que les autorités béninoises : Bob Denard agissait notamment sur ordre du Maroc. A la suite du rapport de cette mission, le Conseil de sécurité adopte une résolution condamnant l’agression contre le Bénin et les ingérences extérieures. Hassan II rejette en bloc ces accusations. Dans son discours du trône du 3 mars 1977, le roi défunt déclare “son rejet catégorique d’accusations aussi gratuites, aussi insolentes, et qui révoltent la conscience”. Mais il ne convainc personne en Afrique. L’affaire béninoise colle au souverain défunt l’image d’un sous-traitant des black opérations de la France sur le continent.

Source: http://www.telquel-online.com
07 mars 2013

Bob Denard : sultan blanc des Comores

09 juin 2012, 20H40 sur FRANCE Ô
Rediffusion 15 juin, 08h00

Le nom de Bob Denard est indissociable de l’archipel des Comores. Elyas Akhoun présente ce soir un documentaire qui retrace son épopée dans cette région de l’océan Indien. En plateau : Katia Denard, la fille du mercenaire. Dans les années 70, Bob Denard est un mercenaire au service de la France. Il enchaîne missions de déstabilisation et opérations coup de poing partout où on l’envoie : Katanga, Yémen, Gabon… Lorsque la France veut se débarrasser d’Ahmed Abdallah, qui a proclamé l’indépendance de l’archipel des Comores en 1975, elle fait appel au « colonel » qui, avec cinquante hommes, fomente un coup d’État et place Ali Soilih au pouvoir. Entre le célèbre mercenaire à la réputation sulfureuse et cet ancien protectorat français va se nouer une relation fusionnelle qui durera quinze ans. Une période pendant laquelle Bob Denard, à la tête de la garde présidentielle, fait main basse sur le pays, façonne les institutions militaires et économiques, fait et défait les présidents, jusqu’à être considéré comme le sultan blanc des Comores. Pour évoquer cette histoire, ce documentaire s’appuie sur des témoignages inédits : François-Xavier Sidos, proche de Denard, Michel Rocard, ancien Premier ministre, et Salim Abdallah, le fils du président assassiné Ahmed Abdallah, reviennent pour la première fois sur l’épopée trouble du chien de guerre dans l’archipel. À 50 ans, celui qui a enfin trouvé l’endroit où poser son paquetage fait des Comores sa base arrière. Entre deux missions, il entreprend de développer l’agriculture et ouvre le pays au tourisme. Le mercenaire devient bâtisseur. Cette relation va s’achever en 1995, lorsque l’armée française envoie un corps expéditionnaire d’un millier d’hommes, composé de ses troupes d’élite, pour déloger Bob Denard de son repaire aux allures de paradis. Trente ans plus tard, que reste-t-il de l’héritage laissé aux Comores par Bob Denard ?

Mister Bob fait l’audience de Canal+

Ce lundi 3 octobre, Mister Bob , écrit et réalisé par Thomas Vincent, a trouvé son public lors de sa diffusion en prime time sur Canal+.
Ce téléfilm mettait en scène Clovis Cornillac dans la peau de Bob Denard et revenait sur la guerre civile de Congo dans les années 60. Jungle, rébellion et politique étaient au programme de cette création originale, qui a rassemblé 700 000 abonnés, soit 11.8% de part de marché. Il s’agit du meilleur score pour une fiction unitaire, sous le label Création Originale, depuis Adieu de Gaulle, adieu en avril 2009, alors suivi par 12% du public.
Source: http://www.toutelatele.com

Si vous avez vu le film, donnez votre avis dans le courrier des lecteurs

Mister Bob, la nouvelle série fiction de Canal+

Le film est retenu par le Comité de Sélection pour participer à la compétition du 13ème Festival de la Fiction TV de La Rochelle dans la catégorie « unitaire ». Il y sera projeté pour la première fois en public sur grand écran le vendredi 9 septembre 2011 à 15h45.
Première diffusion le lundi 03 Octobre à 20h50 sur Canal +.
http://www.festival-fictiontv.com/edition-2011/competition-officielle/telefilms-unitaires/mister-bob
Et déjà en prévente…
http://video.fnac.com/a3683187/Mister-bob-Clovis-Cornillac-DVD-Zone-2?Origin=CRITEO_DVD
Il y avait aujourd’hui 07 septembre, une projection avec les journalistes télé, très bon accueil.
Présentation sur Canal+
http://www.canalplus.fr/c-series/pid3846-c-mister-bob.html . Source Philippe Denard

Michel Rocard avoue ;
Bob Denard était missionné par la DGSE.

Michel Rocard, Premier ministre de 1988 à 1991 sous la présidence de François Mitterrand, celui qui avait déclaré le 28 janvier 2000, à Washington : “au regard du droit international, l’administration de Mayotte par la France est illégale”, reconnait dans un livre de Bruno Fay, intitulé « Complocratie » que Bob Denard était missionné par la DGSE (Direction Générale de la Sécurité Extérieure), lors de ses coups d’Etat aux Comores. « Il était parti puis il était revenu pour monter un dernier coup d’Etat en 1989, réussi cette fois-ci » déclare-t-il.

5 jours avant son assassinat (dans la nuit du 25 au 26/11/1989), le président AHMED ABDALLAH ABDEREMANE avait envoyé une lettre au président français, F. MITTERAND l’informant qu’il avait envoyé un mémorandum sur la question de l’île comorienne de Mayotte au secrétaire général de l’ONU, J.P De Cuelar.

Y-a-t-il un rapport entre cet assassinat commandité, selon Rocard par la DGSE et le mémorandum sur la question de l’île comorienne de Mayotte envoyé à l’ONU ?

« Michel Rocard s’interrompt soudain puis me regarde fixement en plissant les yeux.

– Vous vous souvenez de Bob Denard ? Son nom vous dit quelque chose ? me demande-t-il de but en blanc.

– Oui, bien sûr. C’est le fameux mercenaire français qui a été de tous les coups tordus en Afrique pendant près de trente ans…

Plongé dans son fauteuil, l’ancien Premier ministre tire longuement sur sa Gauloise avant de reprendre la parole.

– Quelquefois, vous inventez de beaux mensonges pour faire diversion. Quelquefois, vous êtes obligé de mentir pour couvrir des agents en opération, reprend-il en se redressant, sur le ton de Lino Ventura dans « Les Tontons flingueurs ». Bob Denard a fait à lui tout seul trois ou quatre coups d’Etat aux Comores. Il avait sévi beaucoup. Il y avait eu des combats. Il était parti puis il était revenu pour monter un dernier coup d’Etat en 1989, réussi cette fois-ci. Tout ça s’est terminé par son exfiltration lente par nos services secrets sans que personne ne voie rien, ni ne sache rien. Il y a des gens qui savent travailler…

– Voulez-vous dire qu’il était en opération commandée à ce moment-là ?

– Oui, oui. La DGSE n’est pas le genre de maison qui prend ses décisions toute seule. Nous avons la chance d’avoir des services très honorablement conduits en matière de discipline.

Bob Denard, toujours présenté comme un électron libre, se retournerait probablement dans sa tombe en entendant un Premier ministre reconnaître pour la première fois la complicité de l’Etat français dans ce complot destiné à renverser Ahmed Abdallah, président de la République fédérale islamique des Comores, qui fut assassiné ce jour-là dans son bureau. »

F. Nail

Source : http://www.rue89.com

Bob Denard, profession mercenaire

«Affreux », «chien de guerre», «mercenaire» : Robert Denard préfère se définir comme un «corsaire de la République», celle qu’il affirme avoir toujours servie. Robert Denard est connu sous plusieurs pseudonymes, comme Mister Bob au Yémen, Monganga au Katanga, ou Gilbert Bourgeaud au Biafra. L’un des acteurs les plus emblématiques de la Françafrique livre sa vérité face à la caméra de Thomas Risch. Une vérité faite de coups d’éclat, de coups bas, de liens troubles avec l’Elysée et surtout de beaucoup de zones d’ombre pour le barbouze …
Réalisé par : Thomas Risch

Le 3 décembre, à 1h30 du matin, la chaine de télévision 13 ème RUE, rediffuse le documentaire;  » Bob Denard , profession mercenaire. »

RDC: à la recherche de 3 Belges disparus en 1965

 

L’armée belge vient de lancer, en partenariat avec son homologue congolaise, une expédition dans le nord-ouest de la République démocratique du Congo (RDC) pour retrouver l’épave d’un hélicoptère avec un équipage belge qui s’était écrasé en 1965.

Une avant-garde d’une vingtaine de militaires, s’est envolée mardi de Bruxelles pour rejoindre, via Kinshasa, Kisangani, le chef-lieu de la province Orientale. Ils seront rejoints par un second groupe le 21 novembre, a indiqué une porte-parole militaire.

Baptisée « Buta 65 », cette opération vise à retrouver en pleine forêt équatoriale l’épave d’un hélicoptère – et si possible des restes des trois membres d’équipage belges – disparus depuis plus de 45 ans dans le nord-est du Congo fraîchement indépendant, ainsi que des « preuves matérielles » permettant l’identification de l’appareil et des trois hommes.

Cet hélicoptère, un Vertol H-21 de la jeune armée congolaise, était piloté par deux adjudants – Robert Jacobs et Frans Allaeys – qui a donné son nom à la base aérienne de Coxyde – avec un mécanicien de bord, le capitaine Raymond Bardon. Immatriculé FG-378, il a disparu mystérieusement le 27 juin 1965 pendant les troubles qui agitaient alors la région de Stanleyville (aujourd’hui Kisangani, la troisième plus grande ville de la RDC), lors d’un vol vers Buta, plus au nord.

L’opération de recherche rassemblera une trentaine de militaires belges, des membres des Forces armées de la RDC (FARDC) ainsi que des porteurs, a précisé la porte-parole.

L’armée belge y engagera quelque 35 militaires, dont seule une partie – une douzaine d’hommes, essentiellement fournis par le 2ème bataillon commando de Flawinne, sous les ordres du major Thierry Landas – s’enfoncera dans la jungle au départ d’un point appelé kilomètre 19 et situé près de Banalia.

L’ensemble de l’opération doit être terminé le 19 décembre, selon la planification de l’état-major.

Epilogue

Base aérienne à Coxyde (Belgique) le mercredi 26 Janvier 2011
Débriefing de la mission Buta 65 en présence du ministres de la défense belge Peter DECREM , d’Officiers de la force aérienne et des familles des disparus . Présentation des différents groupes ayant participé aux recherches : les pilotes de la FATAC et un peloton de Commandos Belges ayant trouvé l’épave du H 21 matricule Fg-378 ainsi que 4 membres du 1 er Choc se trouvant à Buta à l’époque : Marc ROBYN, Gilbert HENRIVAUX, Eddy DINANT et Georges SPEECKAERT.

Après la projection d’un petit film sur la dernière recherche de l’épave par les Commandos .Il ne restait que quelques débris avec certains morceaux fondus par la chaleur du surement à l’explosion. Il y a eu un dépôt de fleurs sur la stèle des disparus.

Par la suite ,les familles des disparus ont pu s’entretenir avec les différents groupes ayant participé aux opérations. Ils ont pu aussi connaître et avoir des précisions sur ce qui se passait à l’époque au Congo grâce à Eddy et Gilbert qui ont joué les « publics relation »

Commentaire du Bureau OPN :

Vers la fin de l’année 64, les américains avaient donné 6 hélicoptères H21, certains en piteux état. Il n’en est rapidement resté que 2 en état de marche, dont celui que l’on voit sur la photo 20 (album photos Congo 65-67 ) immatriculé FG-673, et celui dont on va rechercher l’épave et que l’on peut voir sur les photos 45 et 46 (album photos Congo 65-67 ) immatriculé FG-378 . Ces hélicos et leurs équipages, ont fait un énorme travail au profit des Volontares engagés au Congo. Souvent ils sont allés chercher nos morts et nos blessés dans des conditions très difficiles; pas d’espaces assez grands pour l’atterrissage, sous le feu des rebelles, et parfois en surcharge, à la limite du décollage. La zone de recherche est assez grande entre Kisangani et Buta, elle fait environ 100 sur 150 km, dans une brousse épaisse. Les Paras Belges ont du travail , surtout après toutes ces années.
Nous tenons à témoigner notre plus profond respect à ces hommes, qui eux aussi, ont donné leur vie.

SOCIÉTÉS MILITAIRES PRIVÉES

La France pourrait autoriser le mercenariat, interdit depuis 2003

Sans le dire vraiment, mais sans le cacher tout à fait, le gouvernement se prépare à réintroduire le mercenariat dans le droit français. Interdite depuis 2003, l’attribution à des entreprises privées employant des hommes en armes de missions « régaliennes », donc réservées en principe à l’État et à ses armées, est un sujet brûlant. Si l’Élysée n’y est pas opposé sur le fond, les armées sont plus nuancées, mais des voix s’élèvent en leur sein pour favoriser cette évolution, qui assurerait des emplois fort rémunérateurs à des centaines, voire des milliers de militaires en fin de carrière. Un colloque interdit aux journalistes se tiendra le 30 septembre à Paris pour que des dizaines de professionnels invités puissent parler entre eux de cette question, hors de tout regard extérieur.
Depuis des mois, sinon des années, la question des sociétés militaires privées (SMP) se pose en France. Nous avons souvent rendu compte dans les colonnes du Point de travaux menés par des partisans de l’évolution vers une privatisation partielle des forces armées, comparable à ce qu’elle est déjà aux États-Unis ou au Royaume-Uni. Un groupe parallèle à la commission du Livre blanc de 2008, la black team, avait notamment travaillé sur le sujet. Le débat fait rage dans les milieux professionnels concernés. En 2007, quatre officiers stagiaires du Centre des hautes études militaires écrivaient déjà que « laisser ce créneau [des SMP] purement et simplement à d’autres pays serait un non-sens économique, les entreprises françaises n’ayant d’autre solution que de contracter avec des sociétés étrangères, ou d’être absentes du marché ».

Un colloque qui a la bénédiction de l’Élysée

D’anciens militaires ont pris la tête d’une forme de mouvement, discret mais bien introduit au sommet de l’État, qui réclame avec insistance une légalisation de cette pratique en France. Le général Pierre de Saqui de Sannes, conseiller de la direction de l’armateur CMA-CGM, préconisait en décembre dernier que les navires naviguant dans les zones à risque puissent embarquer des gardes civils armés qui seraient fournis par « des sociétés de sécurité privées, labellisées par les autorités françaises, dont les compétences seraient vérifiées chaque année ». Cette prise de position avait suscité une réaction extrêmement vive d’Anne-Sophie Avé, déléguée générale de la fédération professionnelle Armateurs de France, qui avait affirmé à cette occasion l’opposition des « armateurs français, de la Fédération européenne des armateurs et des fédérations internationales. Elles sont unanimes, avec les marins et les différents gouvernements, pour refuser de recourir aux services de mercenaires à bord de nos navires ».

Les tenants de l’autorisation en France des sociétés militaires privées se heurtent à un obstacle de taille : la législation en vigueur, et notamment la loi du 14 avril 2003 relative à la répression de l’activité de mercenaire. Ils souhaitent donc la changer. Selon nombre d’entre eux, que nous avons interrogés, aucune marque d’opposition à cette perspective n’a été ressentie ni à l’état-major des armées, ni à l’Élysée. C’est d’ailleurs avec la bénédiction de la présidence de la République que, dans le plus grand secret, un groupe de travail se réunit chaque semaine au SGDSN depuis plusieurs mois pour étudier cette question, toujours taboue. C’est donc afin d’en discuter dans un cercle plus large que le SGDSN a soutenu la mise sur pied de ce colloque le 30 septembre. Il sera « fermé », c’est-à-dire interdit à la presse, cette disposition saugrenue ayant été « imposée par les commanditaires », nous a indiqué son organisateur, la Fondation pour la recherche stratégique. Ce qui n’est pas tout à fait exact, puisqu’un journaliste de Ouest-France, Philippe Chapleau, est annoncé parmi les orateurs.

Mais sur cette question importante, les participants se retrouveront pour l’essentiel entre professionnels pour entendre un panel de praticiens ne comptant ni parlementaire, ni syndicaliste, ni politologue, ni surtout aucun homme ou femme politique de la majorité ou de l’opposition. Signe indiscutable que le sujet n’est pas mûr pour être discuté par l’opinion publique, la représentation nationale est clairement tenue à l’écart. Avant d’être mise devant le fait accompli ? Ça promet !

D’aucuns dénoncent des « marchands de peur »

Le titre même du colloque, « La France et les entreprises militaires et de sécurité privées », associe deux types de sociétés qui ont peu à voir entre elles. Les sociétés militaires privées (SMP), prises dans le sens anglo-saxon du terme, se voient attribuer contre rétribution des fonctions appartenant au strict domaine étatique dont le droit d’ouvrir le feu, voire de conduire des opérations militaires en territoire étranger. Elles sont grassement payées, recrutent des personnels militaires retraités ou en disponibilité, et sont massivement utilisées par le Pentagone en Irak, en Afghanistan ou dans la lutte contre le narcotrafic en Amérique du Sud. Les sociétés de sécurité assurent pour leur part – le plus souvent sans arme – la sécurité des personnels des entreprises expatriés. Elles sont légales en France et souhaitent pour certaines se reconvertir vers le statut de SMP. Nous avons récemment évoqué dans ces pages le rôle d’une entreprise de ce type, Épée, dans la protection des installations d’Areva, au Niger.

L’évolution qui se dessine déclenche un débat très vif, qui était jusqu’à présent resté feutré. L’un des intervenants annoncé au colloque, Bruno Delamotte, qui définit sa société Risk & Co comme fournisseur de « conseils en sûreté », et n’emploie donc pas de personnel armé, a décidé de porter le fer dans Le Monde contre les tenants des SMP qu’il qualifie de « marchands de peur » : « Ils tentent d’impressionner par un discours guerrier qui ne fait que confirmer, s’il en était encore besoin, à quel point ils peinent à s’extraire de l’institution militaire et à comprendre les attentes des entreprises. Ces donneurs de leçons passent sans doute sous silence les quelques libertés prises avec l’éthique, la neutralité de la fonction publique ou, tout simplement, l’efficacité. »

Voici le programme du colloque dont le discours d’ouverture sera prononcé par Francis Delon, secrétaire général de la Défense et de la Sécurité nationale, et qui sera clos par Camille Grand. Au chapitre des intervenants, que du beau monde.

– Table ronde n° 1 : L’État et les entreprises militaires et de sécurité privées (EMSP)

Modérateur : général de division Michel Klein, auteur de l’étude : « Sociétés militaires privées : des fonctions opérationnelles peuvent-elles être ‘externalisées’ sur un théâtre d’opération ? »
Intervenants :
– Jean-Jacques Roche, de l’ISAD (Institut supérieur de l’Armement et de la Défense) : « La fin de l’exception française ? »
– Deux intervenants du ministère de la Défense : « Les EMSP : une ressource stratégique et opérationnelle pour l’État et les organisations internationales ?
– Général Jean Heinrich (président du directoire du groupe Geos) et Alexandre Hollander (Amarante International) : « Les EMSP françaises peuvent-elles répondre aux besoins de l’État ? »

– Table ronde n° 2 : Les EMSP et les opérateurs privés

– Modérateur : Camille Grand
Intervenants :
– Pierre Novaro (direction de la sécurité du groupe Total), Pierre de Saqui de Sannes (groupe CMA-CGM) et Pascal Daudin (unité de la sureté et de la sécurité de Care International) : « Les opérateurs économiques et les EMSP : un besoin croissant ? Les ONG et les EMSP : menace ou solution ? »
– Bruno Delamotte (président de Risk & Co), Richard Terzan (président de Anticip SAS), Xavier Genin (division de la sûreté et de la sécurité en mer de V. Navy): « Les EMSP françaises et les opérateurs économiques : une offre inadaptée ? »

– Table ronde n° 3 : Régulation et contrôle des EMSP

– Modérateur : Yves Boyer
Intervenants :
– Francis Perrin (vice-président d’Amnesty International France), Matthieu Clouvel (directeur des affaires juridiques du ministère des Affaires étrangères et européennes) : « Quelle régulation internationale : hard law ou soft law ? »
– Florence Parodi : « Quelle régulation internationale : adapter ou innover ? »
– Préfet Jean-Louis Blanchou (sous réserve): « Quel contrôle national : vers un dispositif global ? »

– Table ronde n° 4 : Aspects économiques – Gilles Sacaze (président de Gallice Security), Philippe Chapleau : « Comment faire émerger une offre française concurrentielle ? »
– Stéphane Penet (Fédération française des sociétés d’assurance) : « Les sociétés d’assurance : vecteur ou frein au développement des EMSP ? »
– Direction des affaires financières du ministère de la Défense : « Externalisation de la sécurité : quelle rationalité économique pour l’État français ?’

par Jean Guisnel
Source;
http://www.lepoint.fr/chroniqueurs-du-point/jean-guisnel/la-france-pourrait-autoriser-le-mercenariat-interdit-depuis-2003-29-09-2010-1242959_53.php
Publié le 29/09/2010

LÉGION ÉTRANGÈRE – Cérémonies de Camerone

Le grand retour du commandant Roger Faulques,
mercenaire du Katanga.

Par Jean Guisnel
Source; http://www.lepoint.fr

Deux événements liés à la commémoration des combats de Camerone, au Mexique, le 30 avril 1863, auront lieu aujourd’hui vendredi. Tout d’abord, et pour la première fois, un ministre de la Défense français est présent sur place : Hervé Morin présidera dans la journée une cérémonie militaire à laquelle participeront un détachement du 2e régiment étranger d’infanterie et la musique du 43e régiment d’infanterie.

L’autre événement se produira à Aubagne, où la traditionnelle cérémonie ne varie d’une année sur l’autre que par l’identité de l’ancien légionnaire portant – honneur suprême – la main-prothèse du capitaine Jean Danjou, qui commandait les troupes à Camerone, avant de mourir au feu. Cette année, cette charge a été confiée au chef d’escadron Roger Faulques . Cette légende vivante de la Légion avait rejoint le maquis FFI en 1944. Il est intégré au 1er bataillon du 3e régiment étranger d’infanterie en janvier 1946 et affecté en Indochine, selon sa biographie militaire diffusée par la Légion étrangère. Combattant hors pair qualifié de « splendide entraîneur d’hommes », il n’a que 23 ans lors des combats de Phu Tong Hoa qui lui valent d’être fait chevalier de la Légion d’honneur. Il est déjà titulaire de cinq citations. Lors des combats de la RC4 en octobre 1950, il est grièvement blessé et fait prisonnier par le Viêt Minh, qui le rend mourant aux troupes françaises. Rapatrié, il retourne en Indochine en 1953. Au début de la guerre d’Algérie, ardent partisan des théories sur la guerre révolutionnaire défendues par Roger Trinquier, chef du GCMA (Groupement des commandos mixtes aéroportés) en Indochine, il prend un commandement de compagnie au 1er bataillon étranger de parachutistes, qui devient, peu de temps après, le 1er régiment étranger parachutiste (dissous après le putsch d’avril 1961). Durant la bataille d’Alger, en 1957, le capitaine Roger Faulques est l’officier de renseignement du REP que commande le colonel Jeanpierre. Par des moyens qui ne sont pas ceux de la guerre en dentelle, Roger Faulques cause de gros dommages au FLN.

Chef de bataillon le 1er octobre 1959, il est commandant en second du 2e régiment étranger de parachutistes à partir de l’été 1960. Les heures les plus noires de la guerre d’Algérie ne sont plus très loin.

Soldats aguerris et très prisés

Roger Faulques est prêt à être englouti dans la tourmente algérienne, quand, en décembre 1960, Moïse Tshombé lance la rébellion de la très riche province du Katanga, au Congo ex-belge. Dans un contexte de guerre froide qui la voit craindre l’influence grandissante de l’URSS et des États-Unis en Afrique de l’Ouest, la France du général de Gaulle soutient discrètement la rébellion katangaise, par l’intermédiaire de Jacques Foccart. Les forces katangaises se limitent à 2.000 gendarmes hérités de l’ancienne « force publique » belge. Ils sont encadrés par une douzaine de sous-officiers katangais issus de la force publique. Rapidement, la rumeur se répand que le Katanga recrute des mercenaires pour encadrer les troupes de Moïse Tshombé. Les Français qui sortent des guerres de la décolonisation (Indochine, Algérie) sont aguerris et très prisés. Recruté par Tshombé pour engager des mercenaires européens, Trinquier explique ( Le Temps perdu, Albin Michel, 1978) : « Certains étaient laissés dans une inactivité dangereuse. Leur donner un nouveau champ d’action où ils pourraient à la fois servir la France et l’Occident m’apparaissait à cette époque comme une occasion providentielle qu’un gouvernement lucide avait tout intérêt à favoriser. »

Avec l’appui du ministre des Armées Pierre Messmer, le commandant Roger Faulques et le capitaine Yves de La Bourdonnaye sont mis en disponibilité et recrutés par le Katanga. Mais ce sont des militaires belges qui ont la haute main sur les mercenaires français, que les journaux appelleront vite « les affreux ». Les Belges exigent de Moïse Tshombé que les Français soient soumis à leur autorité. Trinquier refuse, mais pas Roger Faulques . Il reste au Katanga et remplace Trinquier, qui rentre en France avec les colonels Yves Godard et Joseph Broizat, ce qui permettra à ces derniers de participer au putsch d’Alger.

Au Katanga, les hommes de Roger Faulques sont le lieutenant Répagnol, le lieutenant Tony de Saint-Paul , les capitaines Lasimone, de Clary , Tupet-Thomé (le père d’un de nos camarades !!). L’école des paras -commandos de Kolwezi – est dirigée par un Français ancien du 11e Choc, le lieutenant Badaire. Le commandant Roger Faulques est l’officier de Trinquier, écrit encore ce dernier, « qui a le plus de valeur intellectuelle et morale ». Plus tard, jeune soldat de fortune encore inexpérimenté, Bob Denard le rejoindra. Mais c’est une autre histoire…

Homme aux mille vies

En décembre 1961, les troupes de l’ONU lancent l’offensive contre le Katanga. Le plan de défense a été conçu par Roger Faulques . L’aviation de l’ONU attaque les mercenaires, également pilonnés au mortier. Ils résistent brillamment. Les casques bleus suédois entrent dans Élisabethville, suivis par la brigade indienne du général Raja. Le camp Massart, où se trouvent les forces katangaises, est attaqué par l’ONU. Les hommes de Roger Faulques , bien renseignés par la population blanche et noire, se battent comme des lions, et ripostent avec efficacité. Le 21 décembre, le cessez-le-feu est signé à Kitona. Roger Faulques quitte le Katanga en disant que plus jamais il n’acceptera d’être commandé par un Africain. Il lance au chef d’état-major katangais Muké qu’il ne « voudrai[t] même pas de lui comme ordonnance ».

En 1963, Tony de Saint-Paul est contacté pour envoyer des mercenaires au Yémen, avec les finances des services secrets britanniques. Il contacte Roger Faulques , finalement écarté au profit de Bob Denard , qui en dit (dans sa biographie Le Roi de Fortune ) : «  Roger Faulques , c’est un peu notre patron à tous. Il est triste que nous ne l’ayons pas avec nous, mais peut-on prendre le risque de faire capoter l’affaire ? » Roger Faulques sera en charge de la base arrière de l’opération yéménite, à Paris. On le retrouvera quelques années plus tard au Biafra, pour lequel il recrute des mercenaires, toujours en compagnie de Bob Denard , avant d’être, là encore, mis sur la touche, cette fois au profit de Rolf Steiner. Roger Faulques , qui n’aime rien tant que la discrétion, se retirera ensuite sur ses terres, pour n’en sortir qu’une fois par an, pour la cérémonie de Camerone. Il n’a jamais cessé d’être considéré par les légionnaires comme l’un de leurs plus grands soldats. Mais, cette fois, c’est différent : en portant publiquement la main du capitaine Danjou, qui scelle son grand retour dans la communauté militaire française en présence du chef d’état-major de l’armée de terre, le général Elrick Irastorza, et du secrétaire d’État aux Anciens Combattants, Hubert Falco, quelles pensées vont traverser l’esprit de cet homme aux mille vies ?

Le Colonel Denard, premier du top 5 mondial des mercenaires blancs en Afrique …

How does Simon Mann stack up among Africa’s white mercenaries ?

Simon Mann, a British mercenary sentenced for a coup plot against Equatorial Guinea, was pardoned on Tuesday. How does he compare with Africa’s other ‘Dogs of War?’

Simon Mann, the Eton- and Sandhurst-educated adventurer whose interventions helped bring down two governments and who was plotting to bring down a third when he was arrested with a load of weapons and mercenaries in Zimbabwe five years ago, appeared to use up his eighth life on Tuesday when he was released from his jail cell in Equatorial Guinea.

The former Special Air Service (SAS) commando and one-time member of the infamous private military contractors Executive Outcomes and Sandline International, was pardoned by Equatorial Guinea’s President Obiang Nguema Mbasogo, the man he was plotting to depose when he was caught with 64 confederates and a planeload of $100,000 worth of weapons on the tarmac in Harare.

At the time, Mr. Mann said they were headed to the Democratic Republic of the Congo to guard a diamond mine. But after serving almost four years in a Zimbabwe prison and then being extradited to Equatorial Guinea, where he was serving a 34-year prison sentence, he came clean. He told Jonathan Miller of the UK’s Channel 4 last year that I “was the manager… not the main man” in a plot to wrest control of the tiny, oil-rich and deeply corrupt nation.

(For more on how Equatorial Guinea’s oil curse is playing out, read the Monitor’s in-depth report on how the country tests President Obama’s vow to hold Africa’s leaders accountable for good governance.)

Mann alleged the “main men” were the country’s former colonial power, Spain and South Africa. He also expressed chagrin at his capture in a fashion that would have made Rudyard Kipling proud: “You go tiger shooting but you don’t expect the tiger to win.”

The full details of the plot are still unknown. South African prosecutors dropped their own case against Mann and his co-conspirators a few years ago after Sir Mark Thatcher, the arms dealing son of former British Prime Minister Margaret Thatcher, pleaded guilty to “unwittingly” helping to fund the plot.

Mann’s post-military career has been frequently controversial. Sandline International’s $30 million contract to put down a rebellion on the island of Bougainville, home to a copper mine in Papua New Guinea, led to a scandal there that pushed Prime Minister Julius Chan from office. Executive Outcomes fought on the side of the government during Sierra Leone’s bloody civil war in the early 1990s.

Mann, the son and grandson of England cricket captains, now returns home to enjoy what’s left of his fortune with the dubious distinction of being the last white man to try to take over an African country. It’s hard to see anyone taking that distinction away from him, since there aren’t many of the so-called “Dogs of War” left. But he belongs to a rich tradition of European adventurers who sought to increase their fortunes at the barrel of a rifle in Africa after the colonial era drew to a close.

On our list, he comes in fifth among the recent white mercenaries in Africa.

Here are our top four in descending order:

1. ‘Colonel’ Bob Denard. Mr. Denard fought his way across Africa from north to south for 40 years (with a brief tour along the way in French Indochina). His first conviction was while serving as a colonial policeman for France in Morocco in 1954, when he was convicted of participating in a plot to assassinate French Prime Minister Pierre Mendes-France, who was then negotiating a withdrawal from France’s North African possessions. After fighting on various sides of Congo’s conflicts in the 1960s, he made his first big splash in 1975 by successfully aiding a coup in the Comoros, the tiny island nation off the east coast of Africa. It was the first of four coups Denard helped lead in the Comoros, an entanglement that took up the rest of his life and ultimately led to his downfall. The self-described “pirate of the republic” always hinted that he was working for the glory of France, an impression bolstered by his lenient treatment by the French justice system. He was sentenced, but never served jail time, by a French court for his participation in a failed coup in Benin in 1977.

His 1975 coup replaced Comoran President Ahmed Abdullah, who had declared independence from France, with Ali Soilih. But when Mr. Soilih turned toward leftist politics, Denard returned to the islands in 1978 with a few dozen hardened mercenaries and helped install Mr. Abdullah to power again (Mr. Soilih was killed in mysterious circumstances during the coup). Denard served as the head of Abdullah’s presidential guard for the next decade, and grew wealthy thanks to military contracts in nearby Mozambique and thanks to the Comoros’ then-favored position as a way-station for getting around sanctions against South Africa’s apartheid regime. A coup against Abdullah ended this idyll, with Abdullah killed and Denard escaping to South Africa with only a minor gunshot wound thanks to the aid of French commandos. But he could not stay away. In September 1995, Denard , then 65, led a small group of hired guns on zodiacs back to the Comoros in an attempt to oust the government that had replaced Abdullah. France took matters into its own hands this time, putting down Denard’s final coup attempt and taking him home to face trial. Denard again received a suspended sentence and passed away in France in 2007.

2. “Mad” Mike Hoare. Mr. Hoare, born to Irish parents but often described as a South African, was the prototype for the white mercenaries who took part in Africa’s bloody post-colonial struggles in the 1960s and 70s. He fought on the side of the government in the Congo against rebels in mineral rich Katanga province in 1961 (and against Denard’s ) with a few hundred salty mercenaries, mostly white South Africans and Rhodesians. He also led the charge in 1964 to break a rebel siege of Stanleyville, an effort that saved over 1,000 European businessmen and mercenaries trapped in the city. These and other exploits made him a legend in his circles, and he was the model for Sir Richard Burton’s lead role in 1978’s “The Wild Geese,” a movie about mercenaries in Africa that Hoare acted as a consultant for. His book “Congo Mercenary” is considered the best inside account of the mercenary period.

But a fall from grace was coming. In 1981, Hoare and a group of 40 mercenaries departed from South Africa for the Seychelles, claiming they were a traveling Rugby football club planning to have a good time on the islands and to distribute toys to underprivileged children. But their suitcases had false bottoms for weapons. When a customs inspector stumbled across a weapon, a fire fight broke out at the airport. The mercenaries fought their way out of the airport, commandeered an Air India plane, and forced it to take them home to Durban. South Africa originally let them off the hook, but after the US and others complained, Hoare and his co-conspirators were tried and he was sentenced to 10 years in prison.

3. Jean “Black Jack” Schramme. The son of Belgian planters in the Congo, he became embroiled in post-colonial intrigue after the country’s independence in 1960, and he and his band of mercenaries, known as the “White Giants,” fought in the Congo for much of the 1960s. He first fought for the separatist Moise Tshombe in Katanga in the early 1960s, but switched over to the government side when the pro-Belgian Tshombe became Prime Minister in a coalition government in 1964. After Mobutu Sese Seko (then known as Joseph Désiré Mobutu) seized power in a 1965 coup, Schramme resumed fighting the central government from Katanga. He and his men (which included many Katangans), collectively known as the Leopard Battalion, took control and held the border town of Bukavu for two months in 1967 and nearly took over the town of Stanleyville (now called Kisangani), though this effort failed when Bob Denard , also in town at the time, elected not to aid him. Schramme, who was infamous for using overwhelming force on his enemies and any civilians that happened to be near them, was eventually dislodged from Bukavu by a force of 15,000 soldiers loyal to Mobutu and slunk across the border into Rwanda. He returned to Belgium in 1968 and is believed to have died in Brazil in 1988.

4. Lt. Col. Tim Spicer. Former Lieutenant Colonel Spicer is the outlier in this group, a man with a past in murky wars of Africa but who has since very successfully gone legit. Like Mann, who he worked with from time to time, he was a graduate of Sandhurst and served in the Scots Guard. He founded and ran Sandline International and was deeply involved in the company’s war against the Bougainville rebels in Papua New Guinea. In 1998, Sandline was also investigated for breaking a UN arms embargo in Sierra Leone in favor of the country’s deposed leader, the pro-British Ahmed Kabbah. Spicer said at the time that his actions were authorized by the British government and he suffered no sanctions from the affair. Sandline was eventually dissolved and Spicer founded a new company, Aegis Defense Services, which to date has won more than $3oo million worth of security contracts in Iraq, Afghanistan, and elsewhere.

Spicer has been leading the charge in calling for private military contractors to be professionalized, and has worked on drafting

Bob Denard
French mercenary whose exploits became the stuff of novel and film.

In a career as a mercenary soldier which was apparently the inspiration for such celebrated fictions as Frederick Forsyth’s novel The Dogs of War, and the film The Wild Geese, Bob Denard inhabited a world in which it was frequently difficult to ascertain the boundary between myth and fact. In the 1960s and 1970s he was involved in countless rebellions and coups d’état, largely in francophone Africa, taking advantage, as he always claimed, of the French Government’s (always denied) covert support for him in its desire to retain some sort of grip on its former colonies on the continent.

Denard liked to think of himself as a kind of French Sir Francis Drake, styling himself “the pirate of the Republic”, and glorying in the reputation of his troops as les affreux. He always ascribed the victories that his band of white mercenaries scored over the numerically vastly superior troops of various African tyrannies or rebel groups, to his skill in training and his consummate grasp of tactics.

But the fact was that most of his opponents were illiterate tribesmen, who were scarcely able to understand how to operate their weapons, and whose gut reaction, once the expectation of plunder had evaporated, was simply to get back to their homes.

Denard also portrayed himself as the Che Guevara of anti-communism, battling on behalf of the capitalist West, and he fought Marxist guerrillas in Angola, supported the white supremacist regime in Rhodesia, fought for royalists in Yemen and intervened in coups in Congo and in Benin. But much of the latter part of his career was spent in repeated invasions and interventions in the affairs of the former French colonial possession the Comoros, an Indian archipelago which has been chronically unstable since its independence in 1975.

In an association with the islands that began that year with a sponsored invasion, Denard virtually ruled the Comoros for 11 years from 1978, as head of the presidential guard of the ruler, Ahmed Abdallah. He claimed he was a client of the French Government — a claim denied. In any event, the French ultimately tired of his interference in the Comoros and after a coup staged by him in 1995 he was brought back to France to stand trial for various crimes.

Denard was born Gilbert Bourgeaud in the Bordeaux region of France in 1929. His career under arms began in the Marines in French Indo-China, after which he next surfaced as a policeman in French colonial Tunisia.

His mercenary career began in 1960 in the Congolese province of Katanga which had seceded from the newly independent Congo. Over the next two years he fought against the armies of the central Government and UN forces sent to try to stabilise the situation. The reputation he gained in his brushes with these enabled him to style himself “Colonel Robert Denard”, a rank he retained after the 1963 collapse of the secession.

Thereafter, among many other mercenary operations, he appeared in North Yemen where he supported royalist tribesmen against a government supported by President Nasser of Egypt; he returned to the Congo, this time to support the central Government against Chinese and Cuban-backed communist rebels, famously helping to rescue white civilians surrounded by rebels in Stanleyville. He worked for ten years, 1968-78, for the Government of Gabon. During this time he was involved in an incursion into Guinea and a failed coup in Benin, besides some operations against nationalist guerrillas in Rhodesia.

But his involvement with the Comoros was to be his nemesis. In August 1975 he overthrew the country’s first president, Ahmed Abdallah, allegedly at the instigation of the French Government, who thought Abdallah had become too extreme.

Abdallah’s successor, Ali Soilih, was mentally unstable, and the islanders suffered severe privations under his whimsically tyrannical rule. Told by a witchdoctor that he would be overthrown by a white man with a dog, he had all the archipelago’s dogs destroyed. Within three years Denard was back, this time sponsored by a group of worried businessmen. With only 43 men under his command he went ashore in May 1978 and stormed the presidential palace where, in his colourful account, a hashish-dazed Soilih was stabbed to death as he watched a pornographic movie with three naked women.

A surprised Abdallah was now reinstated as President, ruling for the next decade with Denard’s support as head of the presidential guard. Denard made himself very much at home in the Comoros and married a local girl as his sixth wife. In 1989 Abdallah was assassinated, a crime in which Denard was later implicated. He escaped to South Africa from where he made his way back to France.

In 1995 he was back in the Comoros again, this time to topple the regime of President Said Djohar. In this he was successful, but the French sent a force to topple him in his turn, and he was taken to Paris and jailed awaiting trial. In 1999 he was tried but acquitted of Abdallah’s murder. He was also tried for leading the coup. In June 2006 he was convicted of belonging to a gang that conspired to commit crime. By this time he was suffering from Alzheimer’s, and was given a five-year suspended sentence.

He spent the remainder of his life in France, and died in Paris.

Denard was married seven times and had eight children.

Bob Denard, mercenary soldier, was born on April 7, 1929. He died on October 13, 2007, aged 78.

Source; http://www.timesonline.co.uk/tol/comment/obituaries/article2665787.ece From The Times October 16, 2007

Je suis obsédé par Bob Denard

Ancien photographe de mode, le réalisateur anglais Sean Ellis franchit un cap avec « Metro Manila », thriller philippin poisseux et haletant, descente aux enfers d’un apprenti convoyeur de fonds manipulé par son supérieur dans la touffeur de Manille. Entretien.

Est-il vrai que vous ayez eu l’idée du film alors que vous étiez en vacances à Manille, en voyant deux convoyeurs de fonds se battre en pleine rue ?

Sean Ellis. Exact. Je me demandais surtout ce qui se jouait derrière cette explosion de violence. J’ai développé l’histoire à partir de ce mystère. D’abord l’idée du braquage exécuté par les convoyeurs eux-mêmes, puis l’idée qu’un braqueur force son collègue à le seconder dans un casse.

Vous êtes anglais, photographe de mode à l’origine, vous sortez de deux films plutôt chics comme réalisateur, « Cashback » et « The Broken ». Avec « Metro Manila », vous frisez l’hydrocution culturelle…

Vous n’avez pas tort. Déjà, je voulais tirer les leçons de l’échec de « The Broken » où le style écrasait le scénario. Je voulais donc inverser le rapport avec « Metro Manila ». En d’autres termes, tourner un long-métrage avec une histoire forte qui captive et surprenne le public. Après, je suis très sensible à l’exotisme, c’est vrai… Et l’exotisme couplé à une histoire universelle donne, à mon avis, un bon mélange. Sur le tournage, le défi était surtout physique. Disposant d’un budget minuscule, je maniais moi-même la caméra. Si mes épaules flanchaient, le film partait à vau-l’eau. Au total, on a tourné un mois, sept jours sur sept… C’est, de très loin, l’expérience la plus enrichissante de ma carrière de réalisateur !

Comment dirige-t-on des acteurs parlant le tagalog, une langue qu’on ne maîtrise pas soi-même ?

Le scénario n’étant pas traduit, les acteurs ont déclamé leurs répliques en anglais durant les premières séances du casting. Un désastre ! On se serait cru dans une série Z épouvantable ! Alors je leur ai suggéré de traduire eux-mêmes leurs dialogues. Eux seuls pouvaient trouver les mots. J’ai conservé cette méthode pour le tournage. Je n’avais même pas de traducteur sur le plateau pour m’indiquer s’ils jouaient juste. Je pouvais voir à l’image s’ils étaient dans le ton de la scène.

Vous avez une référence : « Training Day », un thriller américain d’Antoine Fuqua avec Denzel Washington et Ethan Hawke.

La dynamique de notre histoire est exactement la même : un type expérimenté prend sous son aile un bleu et le manipule. Mais « Training Day » se passe dans une voiture, notre film dans un fourgon blindé.

Ce qui n’empêche pas, toutes proportions gardées, qu’un petit quelque chose de « Blade Runner » s’infiltre dans votre façon de filmer Manille montrée comme une sorte de cloaque stylisé où les frontières se confondent. Un mélange de luxuriance, de moiteur et de haute technologie.

Pourtant, sur le strict plan du style, j’avais plutôt en tête le documentaire. L’idée était de suivre cette famille de paysans fraîchement immigrée et découvrir avec elle son nouvel environnement. D’où les plans à l’épaule, ce côté viscéral, énergique… De toute façon, je n’avais pas les moyens de filmer comme Ridley Scott. Il utilise cinq caméras, ce qui lui permet de composer son film de manière contemplative, sculptée. Avec « Metro Manila », j’ai cherché à créer du mouvement, de la vitesse, à m’autoriser une liberté de déplacement plus importante. Il y a sûrement une part de vrai dans ce que vous dites, parce que j’ai toujours été fan de l’esthétique de Ridley Scott et des cinéastes anglais de sa génération comme Alan Parker ou Adrian Lyne. Mais cette influence était inconsciente. Je le répète, ce que je voulais c’était tourner un film innervé par son intrigue.

Il paraît que vous aimeriez travailler en France.

J’adorerais ! J’ai déjà tourné un court-métrage avec Guillaume Canet et Mélanie Laurent [« Voyage d’affaires », en 2008, NDLR]. A la réflexion, c’était un galop d’essai pour « Metro Manila » dans la mesure où je réalisais pour la première fois un film sans maîtriser la langue des personnages. Bon, je n’ai pas de projet précis, juste une envie… (il hésite) Allez, pour tout vous dire, je n’ai pas de scénario tout prêt, mais je suis obsédé par Bob Denard ! C’est un personnage génial, à la fois trouble et ultra-charismatique. Clint Eastwood a essayé de faire son biopic dans les années 1980, mais il a échoué. A la place, il a tourné « le Maître de guerre »… Je comprends sa fascination pour le bonhomme. Ces mercenaires français qui prennent d’assaut une île en plein océan Indien, c’est quand même dément !

Source : http://cinema.nouvelobs.com

A la mémoire du Colonel Denard
et des hommes qui ont servi sous ses ordres

A la mémoire du Colonel Denard
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