OPS Côte d’Ivoire 2002 – 2003

Exclusif: Les soldats blancs du président Gbagbo

Reportage de Jean-Louis Tremblais, envoyé spécial du Figaro Magazine, publié le 11/01/2003.


 

Lors de sa visite à Abidjan, Dominique de Villepin a exigé du président Gbagbo le départ des mercenaires étrangers qui encadrent l’armée ivoirienne. Nos reporters sont les seuls journalistes à avoir rencontré ces soldats de fortune. C’était fin décembre, à blolékin, sur le front ouest, non loin du Liberia.

La base aérienne d’Abidjan, qui jouxte l’aéroport international Félix-Houphouët-Boigny, ressemble à une foire aux armes. Reconverti en arsenal, un hangar surchauffé par le soleil déborde de munitions et armements en tous genres : mitrailleuses 12,7 mm, mortiers et obus de calibres divers, caisses de kalachnikovs, etc. Pendant que des soldats ivoiriens s’occupent de la manutention, des Blancs s’affairent autour du chantier, téléphone mobile collé à l’oreille. On parle français, anglais, russe et même hébreu : une véritable tour de Babel ! Bribes de conversation : « Tu me fais pousser les 200 kalach et les 50 obus. N’oublie pas les bandes de 5,56 pour les Neguev (NDLR : fusil-mitrailleur de marque israélienne). » Un peu à l’écart, sur le tarmac brûlant, trois visages pâles s’exprimant dans un idiome slave astiquent et préparent un hélicoptère de combat MI 24, dont le nez repeint fait songer à la gueule d’un squale. Tous ces hommes appartiennent à la « Légion étrangère » de Laurent Gbagbo, une cinquantaine de Blancs recrutés il y a trois mois pour pallier les carences notoires de l’armée ivoirienne. Un secret de Polichinelle. Tout le monde en parle, mais personne ne les a vus sur le terrain. On les traite de « chiens de guerre » de « mercenaires » , eux préfèrent se présenter comme des « conseillers » ou des « instructeurs ». « On travaille pour un gouvernement légitime ».

Le capitaine S., un Français de 40 ans, ancien compagnon d’armes de Bob Denard, se justifie :

– Comme l’a dit le président Gbagbo, la Côte d’Ivoire est un pays souverain et a donc le droit de faire appel à qui bon lui semble. Quand Paris envoie la Légion, est-ce qu’on parle des « mercenaires de la France » ? Nom jamais ! Alors, pourquoi ce double traitement ? Nous travaillons ici pour un gouvernement démocratiquement élu. Si nous sommes là, c’est parce que les Fanci (NDLR : Forces armées nationales de Côte d’Ivoire) sont une armée de temps de paix. Cette guerre, brutale, violente, a surpris la Côte d’Ivoire, modèle de prospérité et de stabilité en Afrique de l’Ouest. Il fallait parer au plus pressé, avec des gens qui en ont les compétences. C’est la raison de notre présence. Au lieu de stigmatiser notre action, l’ONU devrait nous remercier. En face, on a des mercenaires libériens qui travaillent à la machette, pillent et violent. Est-ce que la presse les traite de mercenaires ? Ici, dites-le bien, on évite un massacre interethnique et un bain de sang.

Aujourd’ hui, un groupe mené par le capitaine S. doit rejoindre Blolékin, la position la plus avancée des Fanci sur le front ouest, à moins de 50 kilomètres de la frontière libérienne. Un village difficile d’accès, sauf par voie aérienne, car les routes qui y mènent sont propices aux embuscades.
L’Antonov, un avion de transport de fabrication soviétique, est prêt à décoller. Un membre de l’équipage, troublant sosie du général Lebed, pommettes mongoles et yeux bridés, donne le signal d’embarquement. Généralement, les pilotes sont sud-africains et les mécaniciens des ressortissants de l’Europe de l’Est : Biélorusses, Ukrainiens, Bulgares (pour Noël, ils ont même fait venir un sapin de chez eux !)… Après une heure de voyage, atterrissage à Daloa, la capitale du cacao. Transbordement de la cargaison (deux tonnes d’armes et de munitions) à bord d’un hélicoptère MI 8. Encore trois quarts d’heure de voyage, dont quinze minutes de  » vol tactique  » entre Guiglo et Blolékin, zone considérée comme  » sensible « . Nous survolons le fleuve Sassandra, le lac Buyo, la ville de Duékoué (dernier poste tenu par l’armée française à l’Ouest). Au-delà, c’est la  » région des 18 montagnes  » avec son relief tourmenté et sa forêt insalubre. Une réplique du Rwanda.

– A Blolékin, hurle le capitaine S. pour couvrir le bruit des pales, nous sommes seuls face aux rebelles. Il n’y a pas de zone tampon, pas de soldats français pour assurer derrière ! De fait le secteur est le fief des deux nouveaux mouvements insurgés, le MPIGO (Mouvement Populaire Ivoirien du Grand Ouest) et le MJP (Mouvement pour la Justice et la paix). Ils revendiquent 6 000 hommes au total et se réclament du défunt patron de la junte militaire, le général Robert Gueï (abattu aux premières heures du putsch avorté, le 19 septembre dernier).
Essentiellement constitués de Yakoubas (l’ethnie à laquelle appartenait Robert Gueï et que l’on retrouve dans l’Ouest ivoirien et aussi au Liberia voisin), ils exigent le départ du président Gbagbo.

On ignore quels sont leurs liens avec le MPCI (Mouvement patriotique de Côte d’ivoire), qui occupe le nord du pays. Seule certitude : ces deux entités ne sont pas concernées par le cessez-le-feu d’octobre, supervisé par Paris. Ce qui explique l’absence des Français en ces lieux. A quatre reprises pourtant, loin de leurs bases, des guérilleros du MPIGO et du MJP ont ouvert le feu sur les légionnaires du 2e REP, s’attirant une riposte foudroyante : une dizaine de morts et plusieurs véhicules détruits.

Pour l’heure, les insurgés concentrent leurs efforts sur Blolékin, village qu’ils ont d’abord gagné avant de le perdre début décembre lors d’une contre-offensive des Fanci, appuyées par les Européens.
Traumatisés par le passage des rebelles (qui ont chapardé jusqu’au moindre ventilateur et massacré allègrement), les habitants ont fui vers l’est. Ne restent plus que 300 soldats ivoiriens et une trentaine de Blancs : des Français, dont la plupart ont déjà servi aux Comores (avec Bob Denard) ou au Zaïre, des Slaves, plus jeunes mais tous passés par la Légion étrangère, quelques Anglo-saxons, et même un Argentin. !
Lorsque l’hélicoptère se pose enfin à Blolékim la tension est à son comble. Les hommes, Blancs et Noirs côte à côte, sont déployés dans les herbes à éléphant, les pick-up japonais équipés de mitrailleuses patrouillent nerveusement tandis que l’on entend de courtes rafales.

Des enfants soldats bardés de gris-gris

Les rebelles sont à moins de 500 mètres, on s’est fait accrocher il y a une demi-heure, raconte le lieutenant L., un autre Français. Dix attaques en trois semaines, de jour et de nuit ! Les hommes sont crevés. Impossible de prendre une douche. Sans compter le palu qui fait des ravages…

L’ennemi, extrêmement mobile, se terre dans la brousse et pratique le hit and run, tactique de harcèlement propre aux guérillas. Contrairement aux Fanci, le MPIGO et le MJP disposent de combattants aguerris : environ 300 Libériens anglophones (eux aussi des Yakoubas), payés à la semaine mais comptant surtout sur les prises de guerre. Nombre de ces fighters (combattants) sont des enfants soldats, bardés de gris-gris (notamment des miroirs censés renvoyer les balles aux envoyeurs), souvent ivres et/ou drogués qui vivent et se déplacent en bandes depuis des années.

Avant chaque opération, ils s’enduisent le corps de produits  » magiques  » et se font bénir par des sorciers, afin d’être  » mystiquement au point  » (sic). La Côte d’Ivoire est leur dernier terrain de chasse.

– Mieux vaut ne pas tomber vivant entre leurs mains, prévient le capitaine S. Leur univers, c’est Au cœur des ténèbres de Joseph Conrad. Aux prisonniers capturés, ils laissent le choix suivant :  » Manches courtes ou manches longues ?  » Manches longues, c’est l’amputation de la main avec un coupe-coupe ; manches courtes, c’est tout le bras qui y passe. Quant aux morts, je n’ose même pas dire ce qu’ils en font…

Deux blessés dans une embuscade

Appelés pour former l’armée ivoirienne, les instructeurs européens ont été pris de court par les événements. Aujourd’hui, ils doivent tenir le front ouest avec les troupes ivoiriennes, ce dont ils s’acquittent efficacement, même les militaires français le reconnaissent en privé. Ils ont d’ailleurs payé leur tribut : deux des leurs, d’ex-légionnaires tchèques, ont été blessés lors d’une embuscade fin novembre. Hospitalisé à Abidjan, l’un d’entre eux, touché au visage par une roquette RPG 7, est quasiment aveugle. La motivation de ces  » soldats de fortune  » ? Certes, ils sont payés : 6 000 suros par mois. Mais est-ce suffisant pour risquer sa peau sous les Tropiques ? L’Anglais Jim, 47 ans, responsable des mortiers, ne le croit pas. Engagé en 1972 dans les Royal Marines, il a quitté ce corps d’élite à la fin des années 70 pour aller se battre en Rhodésie. L’appât du gain n’avait rien à voir dans son choix :

– L’Irlande du Nord, Chypre : c’était la routine. J’avais besoin d’action. J’ai trouvé ce que je cherchais en Rhodésie dans les unités antiguérilla. Après, je n’ai plus décroché : Angola, Namibie, etc. Mais je choisis mes causes : ici, on défend un gouvernement légitime ; je n’irai pas chez ceux d’en face…

Curieux personnages que ces soldats perdus, ignorés par les uns, dénigrés par les autres, silhouettes familières d’une Afrique plongée dans le chaos. Une fois de plus, l’histoire semble les rejeter : à la demande de la France, le président Gbagbo à promis de s’en séparer. Reste à savoir qui va se battre à leur place dans le chaudron de Blolékin. De toute façon, on les retrouvera sous d’autres cieux. Leur devise n’est-elle pas :  » orbs patria nostra  » ( » le monde est notre patrie « ) ?

* A leur demande, nous respectons l’anonymat des protagonistes.

Jean-Louis Tremblais/le Figaro-magazine


Dernière aventure mercenaire en date : la Côte-d’Ivoire

Raid mars 2003
Texte : Guillaume Danville


 

Dernière aventure mercenaire en date : la Côte-d’Ivoire, où un groupe d’une vingtaine de soldats de fortune a formé, entraîné et commandé au feu une unité spéciale des forces armées ivoiriennes, face aux rebelles venus du Libéria. Voici leur histoire racontée par un des leurs.

Lever de rideau à la mi-octobre 2002 : alors que la Côte-d’ivoire est coupée en deux depuis l’ insurrection/mutinerie/coup d’ Etat – au choix – du 19 septembre, le commandant Marquez, ancien commandant de la Garde présidentielle des Comores, est invité à se rendre à Abidjan pour étudier un projet de sécurité présidentielle. A peine arrivé, les choses s’accélèrent, car les rebelles descendent rapidement vers Abidjan. Il ne s’agit alors plus de sécurité, avec une unité de type garde présidentiel- le, mais bien de créer une unité spéciale qui puisse monter au front dans les délais les plus brefs afin de mener des missions de combat.

Très vite, en France et en Afrique du Sud, les téléphones sonnent pour battre le rappel des  » anciens « . Quelques jours suffisent pour que les premiers cadres arrivent et commencent immédiatement l’instruction des soldats ivoiriens. L’accent est mis sur les mouvements sous le feu et les entraînements à tirs réels.

Les soldats tirent plus de balles en une séance au pas de tir qu’en cinq années de carrière. Il est vrai qu’à l’image de leur pays, ils n’ont jamais connu que la paix. Parallèlement à l’instruction, il faut équiper l’unité en véhicules – seuls des 4 x 4 japonais et plusieurs véhicules de transports sont disponibles – et en armes – AK-47, Galil, lance-grenades de 40 mm Kas tyor, mitrailleuses légères Neguev en 5,56 mm, RPG-7, mitrailleuses russes de 12,7 mm et mortiers de 60 et 82 mm. De son côte, l’ armée de l’air a acquis trois hélicoptères d’attaque Mi-24 et a loué deux autres hélicoptères de transport Mi-8 qui seront mis prioritairement à la disposition de l’unité. Les équipes d’entre- tien au sol et les équipages sont sud-africains, biélorusses, ukrainiens et bulgares. Curieux mélange, mais qui fonctionnera parfaitement.

Reprendre Vavoua

En un mois, l’unité est formée, ou presque, car le temps manque, mais le quota de trente, cadres occidentaux est atteint. Ils proviennent pour moitié d’Afrique du Sud et pour l’autre moitié de France et d’Europe de l’Est. Malheureusement, la centaine de soldats ivoiriens attribués n’a fait l’objet d’aucune sélection, ce qui se révélera une lacune catastrophique. Alors que quatre cents hommes de tous grades avaient éte promis pour en sélectionner une centaine, moins de cent seront en fait mis à la disposition de l’unité. Il faudra faire avec. . . L’unité est baptisée force spéciale. Initialement dépendant directement du ministère de la Défense elle passe rapidement sous le contrôle de l’ état-major pour être intégrée dans l’ordre de bataille des FANCI, mais elle peut opérer avec une grande autonomie.

L’ordre de départ est donné : direction Daloa.

Mission : reprendre la ville de Vavoua, tenue par les rebelles du MPCI dirigés par Codé Zacharias. Mais alors que la FS devait agir de façon quasi autonome, renforcée par une Sagaie, elle est alors intégrée dans un groupement sous commandement ivoirien. Or les officiers ivoiriens, bien que formés dans les écoles françaises, n’ont aucune expérience réelle du combat. L’offensive débute avec cinq heures de retard et se déroule d’abord trop lentement au passage du pont de Bahoulifla, glacis de deux kilomètres battu par les mortiers et une 14,5 rebelles, dont la Sagaie viendra à bout, car les ordres tardent à venir, Le commandant Marquez doit respecter la hiérarchie de l’opération. Puis la colonne repart, mais trop rapidement cette fois-ci, jusqu’à ce que le chef du groupement des FANCI, le commandant Erie, parti en tête, soit sérieusement blessé dans une dernière embuscade, son radio tué et son véhicule détruit. Ses hommes en fuite, seul L., ancien du Liban, se portera à son secours et le ramènera vers l’arrière. Sa mise hors de combat entraîne un repli anarchique des FANCI. La FS – alors que Marquez avait donné l’ordre de s’installer au nord du pont de Bahoulifla – n’a d’autre choix que de rebrousser chemin à leur suite, déplorant un mort et six blessés. Après cet engagement, cinq des cadres sud-africains décident de partir, considérant les combats comme  » trop dangereux  » !
Le manque d’entraînement des soldats ivoiriens est par trop évident. Les anciens de la GP des Comores commencent à regretter leurs troupes…

Au même moment, le MPCI lance une offensive vers l’ouest à partir de Séguéla, en direction de Man, alors que des rebelles provenant du Liberia prennent la ville de Danané et s’avancent eux aussi en direction de Man. Les hélicoptères Mi-24 reçoivent l’ordre de traiter d’abord Danané, puis le pont de Semien entre Séguéla et Man, point de passage obligé des rebelles. « A ce moment-la, les militaires français nous annoncent que leurs Gazelle ont frappé Semien, dira l’un des cadres français. Nous annulons donc la deuxième mission. Mais nous apprendrons le lendemain que les frappes n’ont pas eu lieu, permettant aux rebelles de prendre Man deux jours plus tard. Illustration du double jeu suivi par la France dans ce conflit. Une semaine plus tard, le 2e REP devra reprendre par la force l’aéroport de Man. . . « 

Face à des rebelles bien entraînés

La prise de Danané va consacrer l’apparition d’un nouveau mouvement rebelle, inconnu jus- qu’alors :le MPIGO, composé de membres de l’ethnie Yacouba, instruits et encadrés par des mercenaires yacoubas libériens, envoyés et payés par Charles Tàylor, président du Liberia.

Le MPIGO est aussi lié au fils du général Gueï, ex-président abattu au moment du coup d’Etat du 19 septembre 2002. Le danger se déplace alors dans le Grand Ouest et la FS y est envoyée de toute urgence. Mission : reprendre Toulepleu. Là-bas, c’est la forêt, impossible de sortir des axes, un terrain de rêve pour les embuscades où un homme décidé peut bloquer une colonne motorisée et où les hélicopteres de combat sont inefficaces. L’action commence bien, quelques accrochages entre Blolekin et Toulépleu, mais rien de sérieux, et la ville est prise presque sans combat. C’est là que les choses se gâtent. Des paysans préviennent d’un regroupement rebelle dans un village à cinq kilomètres au nord de la ville. Pour éviter une attaque surprise de nuit, Marquez décide de lancer une reconnaissance offensive, d’abord en véhicule, mais avec l’intention de poursuivre très vite à pied. Malheureusement, le véhicule de tête va trop loin et la colonne tombe dans une embuscade extrêmement bien montée. Le premier véhicule est immobilisé par deux coups de PRG7 antichars et des rafales de RPK.
A. est grièvement blessé au visage par des éclats de roquette et son conducteur a les jambes transpercées par plusieurs balles de 7,62.V. et R. se portent à son secours et le traînent vers l’arrière avant de repartir au combat.

Les mortiers de 60 et 82 mm entrent rapidement en action. Alors que M. arrose la lisière à coups de RPG-7, la plupart des soldats ivoiriens ainsi que quelques cadres réagirent mal ou pas du tout. Manque d’expérience… ou incapacité à maîtriser sa peur. Une section entière s’enfuit sous prétexte d’évacuer les blessés. En face, le feu est nourri, ce sont des  » pros « …
Mais les mortiers en viendront à bout. Un hélicoptère Mi-8, piloté par de courageux Bulgares, acceptera de venir se poser à Guiglo, seul terrain sécurisé, pour une EVASAN de nuit. Avec une dizaine de blessés graves! la FS se replie sur Daloa. Confrontés à la réalité de la guerre, et refusant de risquer leur peau, deux Français et quatre Sud-Africains quittent le pays.  » La sélection naturelle suit son cours. . .  » conclura un  » vieux de la vieille « .

La FS est maintenant réduite à une vingtaine de cadres européens, mais c’est le noyau dur. Après cette nécessaire période de mise en place et de formation sous le feu, avec les échecs et déchets inévitables, les succès vont s’enchaîner.

Protéger Blolekin

Ordre est donné de tenir Guiglo, puis de relancer l’offensive vers l’ouest pour reprendre Blolequin dans un premier temps. Cette ville, à moins de cinquante kilomètres de la frontière libé rienne, a entre-temps été abandonnée par sa garnison composer de gendarmes et de membres des FANCI (Forces armées nationales de Côte-d’ivoire). La FS assure cette fois le commandement du groupement et en constitue son élément de pointe, renforcée d’un blindé BMP-1 et d’un canon de 20 mm monté sur VLRA. L’ordre de départ est donné le 8 décembre. Excepté quelques accrochages mineurs, la progression se fait sans problème, car l’ennemi s’est embusqué à Zeaglo. Le BMP protégé par l’infanterie, s’élance. Après un court combat, le village est pris et le ratissage est terminé à la tombée de la nuit. Le lendemain, repise de la progression vers Blolekin qui tombe rapidement après quelques escarmouches sur la route, les rebelles ayant été suffisamment étrillés à Zeaglo. La FS poursuit la progression vers l’ouest afin de sécuriser la zone en avant, quand elle tombe dans une nouvelle embuscade. Deux roquettes de RPG explosent au sol à un mètre de la roue arrière du véhicule de  transmissions déchiquetant le pneu, alors que des tirs d’armes automatiques se déclenchent.

Les tireurs sont dans les arbres. Les hommes ripostent ; G. tire quelques grenades de 40 mm en tir courbe, outil fort efficace pour calmer l’ennemi qui s’évanouit dans la jungle. La nuit va tomber, il est temps de rentrer à Blolekin.

La FS s’installe à Blolekin et va connaître vingt jours d’attaques répétées.

Les rebelles attaquent surtout la nuit, soit avant l’aube, soit à la pleine lune, mais aussi parfois en pleine journee. Au début, ils réussissent à s’infiltrer entre les positions et les combats sont durs. Mais sous la direction de L., surnommé  » le Vauban de Blolekin  » les défenses s’organisent. Un bulldozer est prêté par le directeur d’une scierie et les postes de combat sont enterrés, reliés entre eux par des tranchées ou  » des défilement ». Les axes d’approche sont marqués par les mortiers de 82 mm, dirigés par un Britannique, J., au cursus imposant – engagé dans les Royal Marines en 1972, il rejoint bientôt la Rhodesie, s’engage chez les SAS puis les Selous Scouts avant de passer en Afrique du Sud au 32e bataillon, et ensuite chez les Recces – et par un Australien, G., lui aussi ancien des Selous Scouts et du 32e . Rapidement, la ville se révèle imprenable. Les soldats ivoiriens qui étaient prêts a fuir au début se sentent maintenant protégés dans leurs trous et derrière les sacs de sable. Heureusement, les rebelles n’en possèdent pas.

Au total, la FS va aligner, autour de Blolekin, neuf mortiers de 82 mm, sept de 60 mm, onze mitrailleuses PKM et un grand nombre de RPG7 sans compter le BMP-1 et le VLRA équipé     d’ un canon de 20 mm. Des réfugiés de l’ ethnie des Guérés, ennemis de tout temps desYacoubas, rejoignent Blolekin et renforcent les troupes.   Ils se montreront d’excellents combattants. Et ils ont des comptes à régler, car les exactions commises par les Yacoubas ne se comptent plus : bras coupés, villageois enfermés dans leurs cases auxquelles ils mettent le feu, hommes égorgés en V à la machette. . . Le paludisme fait des ravages, attisé par la fatigue des combats nocturnes. Les uns après les autres, aussi bien les Blancs que les Noirs sont touchés, et les cas les plus graves doivent être évacués. La nourriture est composée de rations de combat de riz et des produits de la  » chasse  »   du bétail errant en ville. Heureusement, un pont aérien est vite établi avec les Mi-8, qui parfois se posent quelques minutes à peine après un combat pour débarquer des caisses de munitions et de rations et embarquer une EVASAN, blessés ou malades. Les Mi-24, quant à eux, ne peuvent intervenir efficacement, les rebelles se cachant dans la forêt et se déplaçant de nuit. Ils sont aussi très demandés dans la région de Man où les FANCI n’ont pu tenir la ville.

Une fois la ville fortifiée, les attaques rebelles se font moins dangereuses ; la dernière a lieu le matin du 1er janvier 2003, drôle de façon de souhaiter la bonne année ! Ils y laissent au moins trois morts, dont un abattu à 20 mètres d’un poste. Il est alors temps de reprendre l’initiative et de sécuriser la zone, à commencer par les arrières. L’afflux de réfugiés fuyant les massacres desYacoubas a gonflé la population de la ville, les épidémies guettent : il faut renvoyer ces gens dans leurs villages et les protéger. Des milices villageoises sont formées et armées de fusils de chasse à un coup et d’armes prises aux ban- dits. Les soixante kilomètres de route vers Guiglo sont couverts, ce qui permettra des approvisionnements par véhicules. Puis c’est le tour des axes nord, ouest et sud-ouest sur une dizaine de kilomètres. La dynamique est renversée, la FS et ses alliés guérés vont rechercher les rebelles agressivement. Enfin les hommes peu- vent dormir, les nuits sont plus calmes !

Pressions de la France

Toutefois, dès la fin du mois de décembre, le ministre français des Affaires étrangères, Dominique de Villepin, a demandé le départ des mercenaires. L’état-major a refusé et les politiques ont tergiversé, et cela durant vingt jours. En attendant, il faut continuer à tenir…
Le 10 janvier 2003, S. lance une reconnaissance sur l’axe ouest avec un petit élément de la FS doté d’un mortier de 60 mm et d’un de 82 mm montés sur les véhicules, renforcés d’une centaine d’irréguliers guérés et d’un BMP.

Il ne fallait pas trop déshabiller Blolekin, qui restait menacée. Très rapidement, ces hommes tombent sur une centaine de rebelles qui se préparaient à attaquer la ville. Ceux-ci prennent la fuite après un court combat et seront pour- suivis jusqu’à Doke, à 15 kilomètres. Le lendemain, les rebelles se sont regroupés et se sont installés en défense ferme aux abords du village de Tahibli. Le combat sera dur, et une vingtaine de rebelles resteront sur le carreau, sans compter les blessés disparus dans la forêt, contre un mort et cinq blessés dans la FS. Encore une fois, les mortiers ont fait la différence.  Le 12 janvier nous poursuivons la route et nous continuons à bousculer les rebelles pour prendre le pont du Cavala . Toulépleu est à portée de main, mais les rebelles sont certaine- ment en force, d’autant plus que nous avons appris par des prisonniers et des documents récupérés que les combattants du MPIGO sont renforcés de 300 rebelles du MPCI. En effet, ceux-ci, se sentant protégés par le cessez-le- feu signé à Lomé et par les forces françaises, ont basculé à l’ouest, le MPIGO n’étant pas signataire de l’accord. Le lendemain, l’assaut sur Toulépleu est lancé et, contre toute logique, les rebelles lâchent la vile dès le début du combat et s’enfuient vers Danané, laissant quinze morts sur le terrain et un véhicule VLRA, capturé quelque temps avant aux FANCI. Au total   60 kilomètres de front et une préfecture ont éte   reprise. Et surtout, les rebelles sont maintenant dans une logique de défaite, Le moral en berne. En revanche, il nous faut consolider les défenses, comme nous l’avions fait à Blolekin, et sécuriser la zone. Aucun renfort n’étant disponible,   pour tenir la zone libérée, nous ne pouvons pas poursuivre vers Danané. « 

Ordre est donné d’arrêter l’avance. Curieuse coïncidence, le lendemain, le MPIGO envoie des représentants à Lomé afin de signer le cessez-le-feu… L’aventure s’arrête là pour les mercenaires. Car le 17 janvier, cédant aux pressions françaises, le ministre de la Défense ivoirien, malgré le refus de l’état- major de les laisser partir, remercie, au sens propre et au sens figuré, l’équipe. L’évolution politico-militaire semble aujourd’hui lui donner tort. Quand ces lignes étaient écrites, après les accords de Paris arrachés au forceps, la Côte-d’Ivoire s’enfonçait dans le chaos.

Il est vrai que les forces gouvernementales qui ont réellement combattu les rebelles   l’ont fait avec courage à l’instar des soldats de l’unité blindée des FANCI   et des sapeurs-pompiers qui se sont bien battus dans le centre du pays.


ADVENTURES IN THE IVORY COAST


 

On 19 September 2002, a well-planned Army mutiny and coup d’Etat against President Gbagbo shook the Republic of the Ivory Coast, in West Africa. This country that used to be hailed as a model of successful decolonisation had slowly descended into chaos since the death of President Felix Houphouet-Boigny. The coup, led by former President General Robert Guei, was a failure. General Guei was killed in the attempt. But the mutiny launched by soon-to-be-retrenched soldiers from their barracks in Bouake was a success. Taken by surprise, unable to resist, the loyalist part of the army managed to escape in disorder and somewhat regroup South of a front line going through Bondoukou, Bouake, Vavoua, Man and Danane, cutting effectively the country in two halves along ethnic and religious lines, the Muslims in the North and the Christians in the South.

At the beginning of October 2002, on the advice of Colonel Bob Denard, Commandant Marquez, ex-Commanding Officer of the Presidential Guard of the Comores, was invited to Abidjan to submit a proposal to reorganize the Presidential Security Unit. But immediately after his arrival, the situation changed dramatically: the rebels were pushing south on the whole front. The French Army stepped in, sending three thousand Foreign Legionnaires, Paratroopers and Marines in Operation Licorne to stop the rebel’s advance, but also to block any loyalist counter-offensive. From then on, they will effectively be sitting on the fence…The hawks in the Ivorian Government would see only a military solution to the crisis, and Marquez’s mission was now to create forthwith a new unit with white mercenary officers and Ivorian officers, NCOs and troops. They were selected on a voluntary basis from the best units of the Army, the Gendarmerie, the Republican Guard and the Navy Commandos. A formation and training period of 4 weeks was granted before the unit could be sent on its first combat mission.

Immediately, the phones started ringing in France and in South Africa. Old hands were recalled and younger volunteers recruited. In just a few days, the first mercenaries landed in Abidjan airport and got down to work. The focus of the training was movement under fire, firearms and heavy weapons practice. The Ivorians soldiers shot more live rounds in the first day than that had done in 5 years of service. It is true that like all Ivorians they had only known peace.

In one month, the unit, called Force Speciale, was formed. 30 Europeans cadres had been recruited. They came mostly from France and South Africa, but also from Slovakia, the Czech Republic, Bulgaria, England, Australia, Canada, Argentina and Romania. The four leaders, Marquez, Sanders, Lamarck and Jeanpierre had been senior members of Denard’s team until his retirement after the last coup in the Comores in 1995. The younger mercenaries came mostly from the French Foreign Legion 2nd Parachute Regiment. On the Ivorian side, four hundred men were supposed to have been available for selection. In fact only one hundred were sent from their former units. A commander does not part easily with his best men… Thus no selection was possible. Equipment was provided by the FANCI (Ivory Coast National Armed Forces), by the Minister of Defense and the Office of the President. Not much actually was available, for the country was nearly bankrupt. The vehicles made available were fifteen Japanese 4×4 Hilux double-cabs for the Infantry platoons and two light trucks for the mortar group; all soft-skinned. The weapons supplied to the unit were AK47, some with “Kastyor” 40 mm grenade launcher, and Galil assault rifles, 7,62 mm PKM and 5,56 mm Neguev light machine guns, RPG 7, Bulgarian 12,7 mm machine guns mounted on the back of four of the Hilux, three 60 mm and four 82 mm mortars.

While Marquez and his men concentrated on the readiness of the ground troops, Sanders was seconded to the Air Force to set up the Air Wing. The Air Force had acquired three MI 24 “Hind” attack helicopters and hired 2 civilian MI 8 transport helicopters. The ground personnel and pilots were South-Africans, Bulgarians, Belarus and Ukrainians. The choppers had also only four weeks to be battle ready. The MI 8s and their courageous crews would be invaluable, especially during the siege of Blolequin.

VAVOUA

Initially responding only to the Minister of Defense, the Force Speciale (FS, code name Fox-trot-Sierra) was soon integrated into the FANCI Order of Battle, but its missions would be given directly by the Chief of the Army, and it would be able to operate with a great deal of autonomy.

Mid-November, the FS was sent to Daloa 400 km northwest of Abidjan. Mission: take Vavoua, 60 km north of Daloa, and destroy the town rebel force, commanded by ex-Army sergeant Kone Zaccharia. The FS was supposed to be the spearhead of the offensive, reinforced by a Sagaie light tank equipped with a 90 mm canon, with Marquez in overall command. At D-1, the whole plan was turned upside down to respect Ivoirian susceptibilities; Cdt E. from the FANCI was put in charge, with the FS acting as reserve. This would turn out to be a costly mistake. The Ivorian officers, although trained by the French army, had never been in a real conflict and, while the mercenary officers had planned a night attack, Cdt E. was not comfortable with it…The troops started moving only at 10.00 am, 5 hours late, and too slowly in the beginning; invaluable daylight time was lost. At the Bahoulifla Bridge, the column was stopped by mortar fire and a pick-up mounted 14,5 mm machine gun. Orders were slow to come; Marquez could do nothing, as he had to respect the hierarchy. Sanders, in charge of command and control with Col Y. in Daloa, dispatched one of the MI 24 but the South African pilot shied away from approaching the bridge. He and other South Africans would be expelled from the country soon afterwards for incompetence and fraud. Finally the Sagaie managed to destroy the 14,5 with a well-placed 90 mm HE shell. The infantry could then cross the bridge and clear Bahoulifla. The column resumed its progression towards Vavoua, but now too fast, trying to make up the time lost in the morning, until Cdt E. was seriously wounded in an ambush, his radio operator killed and his vehicle destroyed. Only Lamarck ran forward to bring him back to the rear. With their commander out of action, the FANCI withdrew in disorder. Marquez gave orders to hold the northern end of the bridge. But the FS on its own was not strong enough and had to return as well to Daloa. Its casualties were one dead and six wounded.

After this first contact, five South-African mercenaries decided to leave the country finding the job too dangerous… Also, the lack of training of the Ivorians was made too obvious. It would have been better to recruit four hundred youths straight out of civvy streets and run a proper selection, in accordance with the mercenaries’ initial proposal.

At the same time the main rebel group, MPCI, launched an offensive from Seguela towards Man; while a strong rebel force coming from Liberia and supported by Liberian mercenaries took Danane. One MI 24 took off to destroy an enemy concentration in Danane while two French Army Gazelles engaged a rebel convoy between Man and Semien. But Man and Danane fell due to lack of ground troops. Only one week later would the Foreign Legion be able to retake Man airport; which would fall again soon as the balance of forces and the initiative were definitely on the rebel’s side. Only the MI 24s could hunt their convoys on the roads, hindering their freedom of movement, but they soon learnt to move only at night and the choppers were not equipped for night missions.

THE GREAT WEST

A new rebel movement had now appeared on the scene: the MPIGO, trained and supported by Liberians mercenaries sent by Charles Taylor, was moving fast from Danane towards the south; its ultimate goal being to take the whole of the Great West region and the harbour of San Pedro. The MPIGO was linked to the son of General Guei, and its ethnic base was mostly Yacouba. It was the only rebel group who had not signed a cease-fire or sent representatives to the Lome talks.

In this part of the country, the jungle reigns. The convoys and even the infantry cannot leave the roads, so thick is the forest, making it the ideal ambush terrain. Attack helicopters are useless, as even the roads disappear through the canopy of trees and the rebels were using the local population in the villages as human shields, and collateral damages had to be avoided at all cost. This was the direst crisis. The FS was sent urgently to Blolequin with the mission to retake the town of Toulepleu. All went well in the beginning. A few firefights took place on the way, but nothing of substance; and Toulepleu was taken easily, too easily. Intelligence gathered showed that the rebels had actually regrouped in a village 5 km north of the town and were certainly planning a night attack. To forestall them, Marquez decided to move north in view to establish a contact and mortar bomb the rebels. The forward element was instructed to disembark after three kms and approach the village on foot. But after only a couple of kms they fell into an well planned ambush. The first vehicle was destroyed by two RPG7 anti-tank rockets and hit by RPK fire. A Czech soldier of fortune was seriously wounded in the face by shrapnel and his driver had both legs shot through. 2 mercenaries rushed to their help under serious fire from the enemy and managed to bring them back to the rear. The ambush position was of textbook quality and the rebels were real professionals, trained and commanded by Liberians soldiers with South African mercenaries in support inside Liberia. Some of the younger volunteers did not react at all and most of the Ivorian soldiers were paralyzed by fear. Proving once more that there is no substitute for experience, two of the old hands sprayed the jungle’s edge with RPG7 anti-personnel rockets and Kastyor 40 mm grenades. Soon the mortars, 60 mm and 82 mm, joined the action, inflicting numerous casualties to the rebels and allowing the unit to withdraw back to Toulepleu. One platoon was in full run and would not stop until Guiglo where Sanders had send one MI 8 to casevac the wounded as it was the only secure landing zone usable at night in the area. The FS had taken a serious blow with ten men seriously wounded and its fighting spirit in tatters. It had to return to Daloa where two French and four more South African resigned. “The natural selection follows its course”, as one of the chibanis (old hands) puts it.

The “Force Speciale” was now down to twenty Europeans volunteers and eighty Ivorians. But this was the hard core. After this necessary period of breaking-in and battle proofing, with its unavoidable failures and rejects, successes would follow.

THE SIEGE OF BLOLEQUIN

The FS’s new mission was to hold Guiglo, which was threatened from the west and north; and, after resupply, to retake Blolequin, where the rebels had sent the local Ivorian forces in a complete rout. This time, the FS was in full control of the operation as well as being its spearhead, reinforced with one BMP-1 and one truck-mounted 20 mm canon. Before leaving Guiglo, the whole force, European volunteers and Ivorians had to go through a black magic ritual to put them “mystically in tune”, which would make them bulletproof ! D-Day was 8 December. The rebels were entrenched near the village of Zeaglo. The combat was intense but short-lived. With the BMP protected by the infantry, Zeaglo was soon cleared. The next day, Blolequin was taken without a fight. Once more, the rebels were waiting beyond the place and ambushed the FS a couple of miles from the town. 0ne RPG7 rocket hit the radio vehicle while “snipers” hidden in the trees opened fire. But this time the reaction was fast with a shower of 40 mm rifle grenades and 60 mm mortar bombs on the tree line, and no casualties were to be deplored. Not to be taken by surprise this time, the FS returned to Blolequin before nightfall and started digging in. From then on, Blolequin would be subjected to twenty days of siege. The road between Guiglo and Blolequin had been cut behind the FS as a rebel force coming from the north had reoccupied most of the villages, including Zeaglo and mobile ambushes were set up every day. The Ivorian CO in Guiglo, Cne Doumbia, trying to reach Blolequin by road with supplies, was badly injured on 13 December and had to be casevaced by air. Very quickly, an air bridge was set up by Sanders using the 2 MI 8 to keep the town supplied with food and ammunition. These two MI 8 and their Bulgarian crews were the most important factor in keeping the FS and Ivorians units in Blolequin alive, and thus the Great West under Government’s control. Every day, they would bring ammunition, rations and fresh food and casevac the wounded and the sick as malaria was decimating the troops. They had to land sometimes in the middle of a firefight, flying low to escape the enemy fire. The three MI 24 could not be used in this part of the country as they were impotent in front of an enemy scattered in the forest, and the likelihood of civilian casualties was too high. Sadly, the MI8 chief pilot, Lubo, was to be killed in Iraq when the insurgents shot down his Mi8. The only survivor of the crash, he was gunned down.

Meanwhile the French officers in Abidjan started joking about the “mercenaries’ Dien-Bien-Phu”. They were soon to be proven wrong.

Lamarck, nicknamed “the Vauban of Blolequin” had made a fortress of the town using a bulldozer to dig in strong points and trenches. The Ivorian soldier’s natural inclination to run away was thus nullified by the protection offered; and, progressively, they turned into battle proven troops. No relief of troops could be sent, as the Ivorian Army was over-extended. Only a platoon of firemen was sent as reinforcements.

The rebels used to attack mostly at night, most often just before dawn and sometimes during the day. This was wearing down the men, who could not sleep, increasing their sensitivity to malaria and dysentery. In the beginning the rebels managed to get close, even inside the town, moving between strong points. But soon the defenses became impenetrable and the six 82 mm mortars, having found their marks, exacted an enormous toll on the rebels. They were commanded by Big Jim, a very experienced Englishman, and Gary, a mad Australian, and were the most efficient weapons during the defense of the town.

As the rebels could not get past Blolequin towards their ultimate objective of San Pedro, they tried to get around. And in mid-December a large rebel force left Man towards Duékoué. Hopefully, the French Foreign Legion moved from their most westward position on the Sassandra bridge to block their advance north of Duekoue, taking nine casualties in the fighting, but establishing a new defense line in Fengolo. The rebels tried to get past again a week later, wounding two more French soldiers, but were repulsed.

On 26/12 Jeanpierre and Lamarck, down with malaria, had to be medevaced and Sanders flew in to take command on the ground.

Meanwhile, some Liberian refugees of the Kran/Guere tribe, had offered their help to fight the Liberian supported Yacouba rebels. They were equipped with uniforms and weapons by the Ivorian Government and started working closely with the FS. They were the black mercenaries; many were battle-proven troops like Cne Arthur who had been an officer in the Liberian National Army under President Samuel Doe. They were sent to operate behind the lines in search and destroy missions, thus relieving at last the pressure on Blolequin. The last attack came on the morning of the 1st of January, funny way to wish happy New Year ! The rebels left five dead on the ground, one shot at less than twenty yards from an advanced post. From that date, the initiative would be definitely on the loyalists’ side. Of first necessity was to move back to their villages the refugees who had been flooding the town, with the resultant problems of hygiene and disease. They had been fleeing the Yacoubas who had been burning the villages and slaughtering the men, women and children, chopping off arms and legs in the “short sleeves-long sleeves” fashion. The villagers were armed with weapons taken from the rebels and rapidly formed into local militias. They had to learn to defend themselves. The FS and its Liberians allies started moving aggressively, searching and destroying the rebel units. The second priority was the reopening of the east road to Guiglo. On 4/01 the first convoy could reach Blolequin and no further ambush was to be deplored. The FS started to stockpile food and ammunition to get ready to attack again.

THE ROAD TO TOULEPLEU

On 10 January, Sanders launched an offensive on the west road towards Toulepleu. Blolequin being still threatened by some rebels concentrations in the north, only a small force would take part in the offensive: Sanders and three volunteers leading twenty FS troops and three hundred Liberian irregulars commanded by Cne Arthur Baigbo. Arthur would be killed seven months later in the fighting for Monrovia. The FS was armed with one 82 mm and one 60 mm mortar, two 12.7 Douchka machineguns, and supported by the BMP and the 20 mm canon with Ivorian crews; overwhelming firepower making up for the lack of manpower. Out of the Liberian contingent, about half were in some kind of uniforms and armed, the other half was made up of young recruits carrying sticks and machetes. They all wore a white armband as a distinctive sign. When one of the soldiers was killed or badly wounded, his weapon was passed on to the first youth in line. The same was done with the weapons taken from the enemy. These youths got their badges in battle.

Very quickly, the FS and its allies came upon a force of one hundred rebels, visibly getting ready to attack Blolequin. Taken by surprise, they took to their heels after a short firefight leaving five dead behind. The chase carried the men to the village of Doke, fifteen km down the road were they established an all-round defense for the night. The rebels attacked feebly during the night and were repulsed with another two casualties on their side. The offensive was renewed the next day. The rebels had entrenched themselves near the village of Tahibli. The fighting was ferocious with twenty rebels dead, plus uncounted dead and wounded who had disappeared in the forest, against six casualties on the Government’s side. Once more the heavier firepower had won the day, especially the 82 mm mortar which was used as far forward as possible by Jim and Gary and their surprising female team, more like a glorified 60 mm; that gave the best results in the forest. The village was soon cleared and the troops got ready for the night expecting an attack. It came just before dawn and serious casualties were again inflicted to the rebels. On 12 January, the FS and its allies came to the bridge on the Cavaly river, which they crossed unopposed, as the rebels had scattered in the forest after Tahibli and did not regroup until they had reached Toulepleu.

According to the intelligence gathered, a force of three hundred MPCI rebels, freed by the Lome cease-fire, had come to Toulepleu from Seguela, to reinforce the estimated six hundred MPIGO rebels concentrated there. The FS expected a tough fight. On 13 January, Sanders launched the assault on Toulepleu. Against all expectations, the town fell quickly after a intense but brief combat, the combined firepower and the accuracy of the mortars, the BMP 73 mm canon, the 20 mm canon and the Douchkas sending the rebels in a free-for-all flight towards Danane leaving behind twenty dead, and some weapons and vehicles.

The rebels were now in a spirit of defeat. But the mercenaries and their Ivorian and Liberian men needed to dig in for a while, to rest, to get supplies. No relief forces were available immediately. Sanders had to stop the offensive.

The next day, the MPIGO, visibly badly shaken, agreed to send representatives to Lome to sign the cease-fire, the last rebel force to do so. This victory sounded the end of the adventure for the soldiers of fortune. On 17 January, bowing to pressure exerted by the French Minister of Foreign Affairs Dominique de Villepin, who was eager to get all rebel groups to France for the Marcoussis Peace Talks, President Gbagbo, thanking them for the work done, terminated the contract of the mercenaries. This was the last of Colonel Denard’s initiated operations and one of the most successful.


A la mémoire du Colonel Denard
et des hommes qui ont servi sous ses ordres

A la mémoire du Colonel Denard
et des hommes qui ont servi sous ses ordres

OPS