In Memoriam – Roger BRUNI

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Roger BRUNI


Roger Bruni s’engage pour cinq ans dans la Légion Etrangère le 05 Février 1947, sous le nom de Brunner René, matricule 44325, Roger Bruni à 19 ans.Il embarque à Marseille pour Sidi-Bel-Abbès le 12 février 1947.

Puis il part d’Oran pour l’extrême Orient, le 7 mai 1947 et débarque à Saigon le 31 mai. Il sera successivement affecté au 38 CCB (génie) puis au 1er et enfin au 6 eme REI. Pendant son séjour il sera promu 1ére classe.

Mais l’anonymat de ce grand corps d’élite ne convient pas à son tempérament, il rêve de briller, il imagine une carrière fulgurante.

Il revient à Oran en Septembre 1949 et honore son contrat en Afrique du Nord jusqu’en Février 1952. Libéré, il rengage immédiatement dans les Parachutistes Coloniaux. Admis à suivre le Peloton 1, il est nommé Caporal en Mai 1953 et affecté au 1er BPC en partance pour l’extrême Orient.

Façonné par ses années de Légion, sa prestance et son entrain, il s’affirme de jour en jour comme chef. A peine débarqué au Nord Vietnam, il se révèle combatif et volontaire, il est nommé Caporal Chef en Octobre 1953.

C’est alors le premier saut Ops sur Dien Bien Phu, ou une patrouille de nuit lui vaut sa première citation à l’ordre du régiment. Il continue de se distinguer pendant la campagne du Laos, en particulier à Muong Sai, Ban Na Kam, Ban Hin Sui, et est considéré digne de commander un groupe GV au feu.

Parachuté sur Dien Bien Phu quelques jours avant la chute du camp retranché, il se battra avec rage et détermination jusqu’au corps à corps dans les tranchées d’Eliane 2. Blessé au visage par un éclat de 57 m/m, il n’en continue pas moins de galvaniser ses hommes par sa folle audace, et sans cesser d’afficher un bel optimisme.

Fait prisonnier à l’aube du 07 Mai, ces mêmes qualités lui permettront durant la captivité de soutenir le moral de camarades plus éprouvés ou défaillants.

Rapatrié en Septembre 1954 avec le grade de Sergent, il obtient pour sa conduite au feu, deux citations à l’ordre de l’Armée. Il rejoint la Brigade des Parachutistes Coloniaux à Bayonne, ou il donne toute satisfaction mais aspire à revenir en compagnie de combat. Désigné pour l’AFN, il est affecté au 2éme RPC en Février 1956. En Juillet 1956 il reçoit la Médaille Militaire pour services exceptionnels de guerre en Extrême Orient. En Novembre, il saute à Port Fouad (Egypte) et récupère une mitrailleuse légère malgré le feu nourri de l’ennemi, il est cité à l’ordre de la Brigade.

De retour en AFN, il participe à la bataille d’Alger, exploitant judicieusement les renseignements il découvre des caches d’armes et procède à l’arrestation de terroristes, son habileté et son courage lui valent une nouvelle citation à l’ordre de la Brigade. En Juillet 1957 il est Sous-Officier adjoint, c’est un meneur d’hommes et un excellent combattant, il est précieux pour son chef de section. En Février 1958, dans l’Algérois, au cours d’un accrochage meurtrier, il va chercher un de ses hommes grièvement blessé avec un mépris total du danger, il sera cité à l’ordre de la Division.

Nommé Sergent-chef en Juillet 1958, il est alors en Kabylie. Quinze jours avant son départ, il réduit au silence une mitrailleuse ennemie et s’empare de l’armement des servants après les avoir mis hors de combat, il est cité à l’ordre du Corps d’Armée.

Inscrit au tour de départ outre mer, le Sergent-chef Roger Bruni quitte son terrain de prédilection. Affecté au 7éme RPIMA à Dakar, il assurera en temps que jeune Sergent-chef les fonctions d’Adjudant de Compagnie dans un centre d’instruction.

S/Officier Adjoint, titulaire de la Médaille Militaire et de 7 citations dont 2 à l’ordre de l’Armée il est proposé à titre exceptionnel pour le grade de chevalier dans l’ordre national de la Légion d’Honneur.

Nommé au grade d’Adjudant le 01 octobre 1963, il rejoint le 3éme RPIMA, puis le centre de formation d’instructeurs de combat rapproché de Montauban il fait valoir ses droits à la retraite et quitte l’armée le 12 février 1965.

Mais il ne quitte pas le métier des armes. Fort de ce parcours et de cette expérience peu communs, il s’engage alors sous la bannière Orbs Patria Nostra, et rejoint le Colonel Denard au Congo Belge ou il appartiendra au 6éme Bataillon Commando Etranger, basé à Stanleyville. Il y sera de nouveau breveté parachutiste, et décoré de la croix de la bravoure Militaire avec Palme..

Fidèle parmi les fidèles il sera de toutes les aventures et de tous les combats. Combats qui le mèneront pendant de nombreuses années, au Congo comme Lieutenant, puis Capitaine, au Yémen, aux Comores, en passant par le raid des oies sauvages au Bénin..

En 1966, face à Sanaa, Roger Bruni qui commande une pièce aura ces mots : « Article 1 le mercenaire est un seigneur, Article 2 le mercenaire ne peut être qu’un seigneur ».

Dans la revue Historia spécial 406 bis, le Colonel Denard lui consacre une dédicace personnelle :  » En souvenir d’une longue route. Au compagnon toujours fidèle et inconditionnel qui m’a permis dans les moments difficiles de poursuivre avec conviction notre tache. L’histoire jugera, nous avons écrit une belle page dans la fraternité des armes, si le bout de la piste est proche, nous avons avec fierté fait un long chemin ensemble qui restera pour l’éternité. A toi avec sincérité. » .

Signé; Colonel R. Denard.

Remerciements à Monsieur Daniel Bruni, fils de Roger Bruni, qui nous a fourni l’essentiel des éléments et documents de la biographie de son illustre père. Témoignages et anecdotes sur ce Monsieur, ce Guerrier, sont les bienvenus.

 



A la mémoire du Colonel Denard
et des hommes qui ont servi sous ses ordres

A la mémoire du Colonel Denard
et des hommes qui ont servi sous ses ordres

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