OPS Congo – L’appui aérien aux opérations de reconquête

Congo 1964-1965
L’appui aérien aux opérations de reconquête

par J.P. Sonck


Création de la 5e Brigade Mécanisée

Le plan de reconquête conçu par l’Etat Major du col VANDEWALLE prévoyait la création de la 5e brigade mécanisée avec des officiers et sous-officiers détachés de l’armée belge, des mercenaires sud africains et des ex-gendarmes katangais. Cette nouvelle unité de l’ANC qui n’existait que sur le papier devait fournir l’effort principal de la progression vers Stanleyville et se composait de deux colonnes : Lima 1 qui devait partir de Kongolo sous le commandement du lieutenant colonel LIEGEOIS dans le but de s’emparer de Kindu, où elle serait rejointe par Lima 2, commandée par le lieutenant colonel LAMOULINE. A partir de Kindu, ces deux colonnes commandées par des officiers détachés de l’armée belge, progresseraient ensembles à 48 heures d’intervalle vers Stanleyville sous la protection de l’aviation. Des actions secondaires étaient prévues vers l’objectif par les différents secteurs d’opération Ops Kivu, Ops Nord et Ops Tshuapa. La création de cette brigade débuta en septembre 1964 à Baka. Pendant que des Baluba du grand chef KASONGO NIEMBO étaient recrutés pour former le 8e bataillon de commando, tandis que des Bahemba étaient entraînés à Kongolo pour former le 7e bataillon de commandos. Ces Katangais devaient être encadrés par des mercenaires francophones. La brigade comptait dans ses rangs plusieurs pelotons de sud africains du 5e Bn commando formant les troupes de choc, auxquels s’ajoutaient des unités annexes, tels les pelotons blindés des lieutenants mercenaires BERO et KOWALSKI, le peloton d’armes lourdes (mortiers), le peloton de génie, la police militaire et le service de santé. La tâche des militaires belges était énorme, car il fallait équiper la brigade en véhicules et en armement et assurer le ravitaillement et la solde à près de deux milliers d’hommes. Le 9e Bn commando du major aviateur PROTIN, officier détaché de l’armée belge, et le 10e Bn commando Kansimba du major mercenaire SCHRAMME. Ces deux unités katangaises cantonnées à Manono devaient opérer dans le secteur d’Ops Sud, sur les flancs de la 5e brigade lors de sa progression vers Kindu.

après le départ de la 5e brigade vers Stanleyville, le chef-lieu du Maniéma deviendrait le cantonnement du 21e bataillon d’infanterie de l’ANC. Dès le mois d’octobre, la 5e brigade bénéficia de l’appui de la FATAC, créée par des officiers et sous-officiers aviateurs belges détachés de la Force Aérienne et dont les C-47 assurèrent sa logistique pour la mise en place de la base offensive de Lima 1 à Kongolo. Les dépôts de ravitaillement étaient régulièrement fournis par C-130 et le stock constitué à Baka servait à la 5e brigade pour ravitailler deux fois par semaine les garnisons de Kabalo, Kongolo, Manono et Albertville par C-47 de la FATAC. Plus de deux mille gendarmes katangais étaient à l’entraînement à la base de Kamina, rassemblés dans les 11e, 12e, 13e et 14e et 15e bataillons commandos formant le régiment Baka du colonel TSHIPOLA. Ils étaient chargés de tenir garnison dans la province Orientale après la capture de Stanleyville et de fournir des troupes pour la poursuite des opérations visant à pacifier la province. Le WIGMO, dont les B-26K basé à Kamina Base devaient assurer l’essentiel des reconnaissances sur l’axe conduisant de Kongolo jusqu’à Stanleyville, prépara le terrain pour l’offensive et le 1er octobre1964 ses bombardiers bimoteurs survolèrent Kindu, où ils mitraillèrent le camp militaire de l’APL. Le lendemain, ils attaquèrent celui de Lokandu. L’augmentation des raids aériens nécessitait la livraison de 2000 roquettes par mois et les Etats Unis comptaient sur la Belgique pour satisfaire les besoins de l’offensive générale. L’USAF avait délégué un de ses officiers à Baka et participait aux opérations de ravitaillement de la 5e brigade avec trois Lockheed C-130E du 464th troop Carrier Wing, qui effectuaient deux missions de transport par jour.

A Léopoldville, la Joint Task Force US s’occupait des contacts entre l’ambassade américaine et le gouvernement congolais, ainsi que de recueillir des renseignements et d’assurer la sécurité des aérodromes. Il disposait d’un quatrième C-130 dit « talking Bird », chargé de relayer les communications radio à Washington, et des Boeing RC 97s de reconnaissance qui effectuaient des missions secrètes sous le nom de code de « Running Bear ». Le 9 octobre, le col VANDEWALLE se rendit avec le cpn CLOSSET en Cessna 310 d’Air Brousse à Kongolo, car il espérait donner le départ à l’attaque pour le 15, malheureusement, rien n’était prêt et elle fut reportée de deux semaines. Pendant ce temps, un major de l’USAF était chargé de régler les mouvements aériens des Lockheed C-130E à Baka et le lt col US RATTAN, placé en tant qu’observateur auprès de la 5e brigade, se rendit avec un de ces avions cargos à Manono et à Kongolo, afin d’y contrôler la praticabilité des terrains d’aviation de ces localités. Celui de Kongolo était détrempé par les pluies et devait être rallongé pour permettre l’atterrissage des Lockheed C-130 alourdis par leur chargement. Les pilotes d’Air Congo refusèrent de s’y poser, heureusement, la compagnie aérienne belge BIAS acceptait tous les transports refusés par la concurrence. A Matadi le cargo « Mokaria » déchargea le 17 octobre une cargaison de 6000 roquettes, 200.000 cartouches de 7,62 mm et 50.000 cartouches de 12,7 mm. Le 20 octobre suivant, des C-130E de l’USAF enlevaient à Bierset des caisses d’armes et de munitions de la FN pour l’ANC et 2168 roquettes de 70 mm pour avions. A Langley, dans l’antre de la CIA, l’agent Richard HOLM revenu de deux années d’opérations au Laos et muté à la division Afrique, fut convoqué par Dirk HELMS (Deputy Director of Plans) qui lui annonça que des C-130 devaient transporter des para-commandos belges à Stanleyville le mois prochain et que la CIA aurait besoin d’un homme sur place à partir du mois de décembre pour y collecter des informations. Pour préparer sa mission, il prit des cours de français et se procura de la documentation et des rapports sur les conflits tribaux en Afrique Centrale.

L’appui aérien à la 5e brigade

Le jour « J » de l’offensive sur Stanleyville fut fixé par le col VANDEWALLE au 1er novembre et trois jours auparavant, des Lockheed de l’USAF déposèrent à Kongolo les véhicules de Lima 1, mais les Américains avaient une certaine réticence à transporter des mercenaires et ceux-ci rejoignirent la base de l’offensive en C-47 de la FATAC. Une longue colonne de véhicules se forma sur la route de Kindu, composée de vieux blindés de l’ONU, de jeeps et d’autres véhicules de l’ANC peint en kaki et de camions civils de toutes couleurs, chargés de troupes, de bagages et de ravitaillement. Elle ressemblait au cortège folklorique bruxellois et quelqu’un la baptisa « Ommegang ». A Lumwe, dans la partie de Baka occupée par la Force Aérienne Belge, le lt col VANDEPOEL, remplaçant le lt col DE COCK à la tête de la FATAC, conçut l’ordre d’opération n°1 le 27 octobre avec le concours du major BLUME (Wing Ops/FATAC) et du cpn JACQUEMART (Log/Air). Cet ordre réglait le support aérien des bimoteurs de transport C-47, qui se chargeraient du largage du ravitaillement et celui des hélicoptères H-21qui s’occuperaient des reconnaissances rapprochées et des évacuations sanitaires. Le cpn SCHEPPERS (officier Ops) établit une liaison radio permanente entre la FATAC à Baka et la camionnette-radio Dodge M37 de la 5e Brigade occupée par le cdt WICKS, l’adjoint du maj HOARE. Durant la seconde guerre mondiale, il avait acquis une certaine expérience des contacts radio avec l’aviation et lorsque la 5e Bde/Lima 1 prit son départ vers l’objectif, il se mit en communication avec le pilote du B-26K parti de Baka pour survoler l’axe de progression. Le bimoteur se repéra sur le blindé Ferret qui roulait en tête et dont l’avant et l’arrière était recouvert d’un drapeau rouge. Tout ce qui était en mouvement au-delà de ce signe d’identification convenu était traité par l’aviation.

A Baka, un deuxième bimoteur d’attaque se tenait prêt à intervenir sur demande adressée au responsable du WIGMO, un colonel américain en civil. Les B-26K survolaient à tour de rôle la colonne et communiquaient par radio des informations sur l’itinéraire, attaquant les véhicules et les barrages ennemis. En cas de besoin, les reconnaissances aériennes rapprochées étaient effectuées en Banane volante par le cpn CARPELS et les adjudants CHRISTIAEN et COYETTE, officiers et sous-officiers belges. L’une d’elles fut exécutée par le cpn CARPELS avec le cpn CLOSSET pour vérifier un des points de passage obligé de Lima 1 sur la Lufubu. Le 4 novembre, le lt col VANDEPOEL prit les commandes d’un C-47 pour ravitailler la colonne à cours de munitions. Lors du trajet vers Kindu, le chef de la FATAC, ancien pilote de chasse, fit du rase-mottes au-dessus du fleuve Lualaba. Survolant ensuite la colonne Lima I, il largua des caisses à basse altitude dans une clairière, puis continua vers l’objectif au-dessus duquel il effectua un rapide survol. Lors du passage au-dessus de la plaine d’aviation, le lt col VANDEPOEL constata que la piste de Kindu était encombrée de fûts. Le chef d’EM de l’APL Oscar TSHENDA réclama d’urgence cinquante caisses de munitions au col OPEPE du QG/APL à Stanleyville, « car l’attaque ennemie était très forte ». Peu après, il reçut par télégramme l’ordre du général OLENGA de massacrer tous les Européens de Kindu en cas de bombardement de la ville. Suite à l’avance rapide de la colonne Lima I, il n’en eut pas le temps et dut s’enfuir dans la forêt avec ses Simba.

Les troupes du Lieutenant Colonel LIEGEOIS (Lima 1) occupèrent leur objectif Kindu le 6 novembre avec l’appui des deux B-26K qui balayèrent toute opposition en avant de la colonne. Les otages furent libérés et sauvés d’une mort certaine. Dès la capture de l’aérodrome de cette localité, l’aviation de transport y débarqua d’importants renforts, dont les troupes de Lima 2, des unités de défense d’aérodrome du cpn SERVAIS et le 21e bataillon ANC chargé de tenir garnison. Lors d’une attaque rebelle au pont de l’Elima, sur la route menant à Stanleyville, 45 Simba furent tués par les Sud Africains qui récupérèrent des mortiers de 60 mm portant des inscriptions en chinois. C’était une preuve supplémentaire de l’ingérence étrangère au Congo. L’objectif principal était encore éloigné de 627 km et un soutien aérien accru fut fourni à l’Ommegang par le colonel BOUZIN, officier belge conseiller du général MOBUTU en matière d’aviation. A l’aérodrome de Kindu, la flotte d’appareils comptait plusieurs C-47 et trois des hélicoptères H-21 de la FATAC, un DH Dove de la FAC, le Beechraft d’Air Congo réquisitionné par le col VANDEWALLE, un Curtiss C-46, quatre bombardiers Douglas B-26K, le flight de NA T-28D Trojan retiré de la zone de Bukavu et le flight de T-6G Texan du cpn BRACCO rameuté d’Ikela, qui devait opérer à partir de Punia (maniéma), tandis que le flight de T-28D basé à Lisala restait en alerte. Pendant ce temps à Stanleyville, le cdt de l’APL OKITO chargea le lt MUKUNGU de se rendre à Kindu avec le renfort d’une centaine de Simba. Il n’y arriva jamais car ses véhicules furent surpris par l’aviation en cours de route et détruits à coups de mitrailleuses.

Offensive finale

L’offensive finale démarra le 19 novembre 1964 et pendant que les colonnes de l’Ommegang progressaient vers Stanleyville, la CIA prépara deux missions spéciales, l’une terrestre et intégrée dans l’Ommegang avec un groupe de 18 hommes de main cubains recruté et dirigé par l’agent William « Rip » ROBERTSON (Low Beam Force) qui était chargé de libérer le consul américain de Stanleyville et surtout les trois agents de la CIA capturés en même temps que lui, l’autre aérienne et confiée au WIGMO. Deux des meilleurs pilotes du WIGMO, WC « Budd » MOESSMER et Big Bill WYROZEMSKY, expérimentés dans le mitraillage de précision rejoignirent Baka le 22 novembre, où la CIA les mit au courant de leur mission. Ils se rendirent ensuite en C-46 à l’aérodrome de Punia (Maniéma), placé sous la garde des commandos sud africains laissés par la 5e brigade qui l’avait occupé le 20, afin d’y prendre les commandes de deux monomoteurs Trojan T-28D équipés de pods de lances-roquettes Aero 6A1, amenés sur place par les soins du chef pilote des Cubains Raul PEREZ. Dès que l’opération aéroportée approcherait de l’objectif situé à 400 km de là, ces pilotes devaient soutenir le parachutage que la Belgique et les Etats Unis préparaient depuis le 8 novembre à l’insu des autorités congolaises et du QG/ANC. Pendant ce temps au Maniéma, le 9e commando katangais, privé de l’appui aérien des T-28 envoyés à Kindu, subit des pertes sensibles le 20 novembre dans une embuscade à Pene Lunanga. Les survivants se réfugièrent à Kabambare et le 10e Bn commando katangais mit du temps à se mettre en route pour aller à leur secours, car son chef se considérait exclusivement au service de Moïse TSHOMBE. Il fut menacé d’une attaque par bombardier s’il persistait à désobéir aux ordres du col VANDEWALLE. A Kongolo, un bimoteur C-47 venu y chercher des blessés du 9e commando katangais, ramenés de Kabambare, rata son décollage sur la piste inondée et dut être remplacé. La plaine de limonite de Punia était également détrempée par les pluies, mais elle restait praticable aux Douglas C-47 de la FATAC et au Curtiss C-46 du WIGMO, chargés de l’équipe de maintenance et de ravitaillement pour les Trojan.

Le mauvais temps était général et lorsque le plafond était trop bas, les T-28D restaient bloqués au sol en attendant une amélioration du temps. Dans le secteur d’Ops Nord, la plaine d’aviation de Bumba était également détrempée par les pluies et devenait glissante, particulièrement sur le tronçon débroussaillé pour la rallonger. Lorsque le major COUCKE s’y posa avec un C-47 de la FATAC le 22 novembre, l’avion dérapa lorsqu’il freina pour diminuer sa vitesse et fit un cheval de bois en bout de piste. Le bimoteur fut remis sur ses roues et le major COUCKE retourna à Ndjili, mais les moteurs avaient souffert et certaines parties du circuit électrique ne fonctionnaient plus. Il parvint néanmoins à rejoindre Léopoldville grâce aux prouesses de son navigateur, mais l’équipage avait subi une forte tension nerveuse. Les C-130 de l’US Air Force commandés par le col ISAACSON du Joint Task Force Léo et transportant les para-commandos belges du col LAURENT chargés de l’opération « Dragon Rouge », prévue pour le 23 novembre 1964, atterrirent à Baka deux jours avant le raid et les Américains prirent possession de la tour de contrôle. Sur l’aérodrome, où un Beechraft d’Air Congo l’avait déposé, le col VANDEWALLE apprit que les trois Lockheed C-130E de l’US Air Force qui ravitaillaient l’Ommegang lui seraient retirés pendant quelques jours pour l’opération aéroportée en cours. Le chef de l’Ommegang rejoignit l’état-major de « Dragon rouge » et expliqua au colonel ISAACSON et au chef de « Dragon Rouge » que si l’opération se déroulait le 24, sa colonne serait au rendez-vous à Stanleyville.

Avant l’attaque finale, le WIGMO fit connaître au col BOUZIN les restrictions imposées aux appareils de combat par la CIA : les pilotes cubains des B-26K pouvaient effectuer des reconnaissances lointaines jusqu’aux faubourgs de Stanleyville et au-delà, mais tout survol de la capitale rebelle était interdit jusqu’au parachutage des troupes aéroportées belges pour éviter des représailles contre les otages. Ils consentirent cependant à effectuer des missions de combat jusqu’à 260 kilomètres en avant de la colonne. Le conseiller Air du QG/ANC communiqua les restrictions au colonel VANDEWALLE et au lt col VANDEPOEL. Le WIGMO engageaient en renfort deux B-26K, dont l’un était piloté par le col BOUZIN, et les T-28D de MOESSMER et Big Bill. Un passage de bimoteurs était prévu au sud et au nord de la piste juste avant le saut pour détruire les éventuelles positions de contre-avions. Ils devaient effectuer un deuxième passage en cas de forte opposition. L’appui-feu prévu pour le parachutage était sous la responsabilité du lt col Avi CAILLEAU à Baka . Un des B-26K fut bloqué au sol à Kindu le 22 novembre suite à des problèmes techniques et le « crew chief of maintenance » Willy CALLESEN s’en occupa. La FATAC fit le maximum pour assurer le ravitaillement de la 5e Brigade avec l’aide des deux DC-4 de la BIAS et occasionnellement d’un avion d’Air Congo, tandis que les hélicoptères se chargeaient d’évacuer les blessés. Pour retourner à Kindu le 23 novembre, le col VANDEWALLE dut emprunter plusieurs moyens aériens. Parti en C-47 de la FATAC, il embarqua ensuite dans un C-46 du WIGMO qui se rendait à Punia. Enfin une Banane volante le conduisit à Lubutu pour lui permettre de rejoindre la colonne Lima I.

L’occupation de la capitale rebelle

Après une nuit de repos, l’Ommegang se mirent en route à l’aube du 24 novembre 1964 et roula à bonne allure sous la protection de l’aviation qui ouvrait la route à coups de roquettes et de mitrailleuses. Les deux colonnes se rapprochèrent rapidement de l’objectif où les parachutistes belges, partis de Baka en C-130 de l’USAF, avaient sauté aux premières lueurs de l’aube.

Au point de rendez-vous prévu, les C-130 furent escortés par les bombardiers partis de Kindu, dont la mission était d’éliminer les points de résistance avec l’appui des deux Trojan et de surveiller les axes routiers afin d’empêcher l’arrivée de renforts ennemis. Les avions-cargos Lockheed effectuèrent un passage à basse altitude et lâchèrent 320 para-commandos sur l’aérodrome de Stanleyville.

Plusieurs appareils furent touchés par les tirs des Simba qui disposaient d’une mitrailleuse lourde, mais aucun ne subit de dommages important et des para-commandos foncèrent immédiatement vers la ville pour libérer les otages. La coordination était presque parfaite, car l’Ommegang approchait de Wanie Rukula et n’était plus qu’à cinquante kilomètres de l’objectif.

Depuis une dizaine de jours, l’aviation était mobilisée pour l’attaque principale vers Stanleyville et la colonne Ops Nord du major GENIS partie de Bumba, avançait vers l’est sans bénéficier de l’appui régulier des T-28D. Dès la capture de Stanleyville, le flight du major Big Bill put fournir un meilleur support tactique aux troupes d’Ops Nord lors de leur progression vers Paulis.

Avec plus de moyens, l’offensive aurait pu être complète, car Ops Nord atteignit Aketi le 23 novembre, à 350 km au nord de Stanleyville et pendant ce temps, les troupes d’Ops Kivu se regroupaient à Beni, à 680 km à l’est de la capitale rebelle, en vue d’attaquer vers Bunia.

L’appui de deux T-28D était demandé pour cette opération. Dès que les C-130 se posèrent sur l’aérodrome de Stanleyville, deux « combat controller » du 5th USAF Aerial Port squadron occupèrent la tour de contrôle et le cpn Don STROBAUGH se chargea de coordonner les opérations aériennes, y compris l’appui-feu.

L’aérodrome connu une énorme affluence d’avions. Après les avions-cargos de l’USAF, premiers à atterrir, ce fut au tour des T-28D de MOESSMER et de Big Bill à court de munitions, suivis des autres avions de combat du WIGMO. Ils avaient détruit une dizaine de véhicules aperçus sur la route de Bafwasende et attendaient le C-46 avec les munitions pour repartir à l’attaque des nids de rebelles et des positions de mortiers à l’est de l’aéroport. Les T-6G de la 21e escadrille se posèrent également pour se ravitailler et les C-47 de la FATAC amenèrent des vivres et des munitions, suivis de deux DC-6B de la Force Aérienne Belge. L’un d’eux fut contraint de rester sur place pour réparation, car il avait été touché lors de son atterrissage.

Un des C-130 en configuration d’hôpital de campagne accueillait les otages blessés et d’autres, renforcés par des DC-6 de la Force Aérienne Belge, des Beverley de la RAF et des Noratlas de l’Armée de l’Air, embarquaient les réfugiés et décollaient en direction de Léopoldville. Lorsque l’avant-garde de Lima 1 parvint aux abords de la ville dans la matinée du 24, une fusée rouge fut tirée afin d’avertir les parachutistes de l’arrivée de la 5e brigade.

Le col VANDEWALLE se dirigea vers l’aérogare qui servait de PC aux para-commandos, et y retrouva le major HARDENNE, officier d’opération des parachutistes belges. Le cdt VERDIKCKT, S-2 de l’EM/5e brig débarqua du Piper Apache « 9Q-CEY » de la Sectraco et fut chargé d’organiser la recherche des otages isolés. Près de 1600 otages et réfugiés avaient été sauvés et transportés par les nombreuses navettes aériennes vers Léopoldville où le major COUCKE et le cpn JACQUEMART de l’EM/Air, officiers détachés de la Force Aérienne Belge, s’occupaient de leur évacuation vers l’Europe ou les Etats Unis.

Les Cubains de Rip ROBERTSON escortèrent à l’aéroport le personnel du consulat américain, dont les trois agents de la CIA sortis indemnes de l’enfer de Stanleyville, malheureusement, beaucoup d’Occidentaux avaient été massacrés dont le docteur CARLSON. Venant de Kindu dans son nouvel avion VIP, un Beechraft vert et or acheté à l’Aga Khan et immatriculé 9T-BHA, le général MOBUTU débarqua sur l’aérodrome du chef-lieu de la province orientale avec les col BOUZIN et MARLIERE, satisfaits de la victoire.

La 5e Brigade en garnison à Stanleyville

L’aérodrome de l’ex-capitale rebelle servit de base de départ pour une deuxième opération aéroportée des troupes aéroportées belges lancée sur Paulis trois jours plus tard, après quoi les para-commandos regagnèrent la Belgique, laissant à la 5e brigade le soin d’établir l’occupation de la ville et de poursuivre le sauvetage des otages dans les localités isolées.

Une des trois Banane volante basées à Stanleyville se rendit à Wanie Rukula escortée par trois T-28D pour y chercher les corps du journaliste Georges CLAY et du mercenaire Freddy BASSON, dont les corps étaient restés dans un véhicule abandonné en panne lors du rush de l’Ommegang sur la capitale rebelle.

Stanleyville s’étendait sur les deux rives du fleuve et les mercenaires du groupe blindé KOWALSKY le traversèrent en bateau après l’attaque à la roquette des T-6G sur les positions rebelles de la rive gauche. La majorité des otages y avaient été horriblement tués par les Simba et les rares survivants furent sauvés par miracle.

Jerry PUREN avait débarqué d’un bimoteur de la FATAC et paradait à Stanleyville en uniforme de lieutenant colonel de la FAC. Le ballet aérien se poursuivit durant plusieurs jours pour ravitailler la garnison et l’aviation d’appui intervint à plusieurs reprise pour aider les UDA katangais qui défendaient la piste contre les infiltrations ennemies.

La défense de l’aérodrome fut ensuite renforcée par le régiment katangais Baka aérotransporté en DC-4 de la BIAS. L’Etat Major de la 5e brigade disposait de l’appui aérien du flight de la 21e escadrille, de deux B-26K et de quatre T-28D du WIGMO pour effectuer des missions d’attaque contre les positions rebelles ou pour appuyer les raids lancés autour de la ville et les reconnaissances. Ils suffisaient néanmoins aux besoins tactiques de la garnison.

Une opération de sauvetage fut demandée à Mike HOARE par l’ambassadeur de Grande Bretagne pour retrouver neuf missionnaires anglais à Yakusu et le cpn CARPELS mit ses hélicoptères à sa disposition.

Le major HOARE rassembla un de ses pelotons de commandos à l’aérodrome et son adjoint Alastair WICK se rendit à la tour de contrôle pour demander un support aérien aux Cubains. Ils se rendirent ensuite à Yakusu et y sauvèrent les otages, mais lors du retour vers Stanleyville, le pilote du T-28D qui les survolait perdit une de ses roquettes qui détruisit une jeep et blessa sérieusement un Sud Africain. Une Banane volante se posa sur la route pour l’évacuer.

Les Simba tentaient de reprendre le terrain perdu à Stanleyville et le 28 novembre 1964, les avions observèrent des rassemblements suspects dans la commune indigène de Mangobo jouxtant l’aéroport. Des groupes s’infiltrant par le golf furent mitraillés par les T-28D et les T-6G, mais le lendemain, les Simba poursuivirent leurs tentatives d’infiltration et des bombes de mortiers tombèrent près de l’aérodrome, dont la piste était sous le feu d’armes d’infanterie.

Les Américains déclarèrent que leurs Lockheed C-130E ne s’y poseraient plus. A chaque décollage ou atterrissage d’un avion de transport, les commandos katangais de garde à l’aéroport se mettaient en position de tir et les Trojan prenaient l’air, puis viraient sur l’aile et envoyaient leurs roquettes sur les positions rebelles.

Leur attaque stoppait pour quelques temps la fusillade et permettait les mouvements aériens. Un de ces straffing permit l’atterrissage de deux DC-4 en provenance de Baka, dont celui de la BIAS, piloté par le cdt DE BIEVRE. A peine déchargé de ses munitions, le quadrimoteur reprit la direction du sud, vers Baka avec escale à Kindu. Le DC-4 OO-DEP devait revenir dans la soirée à Stanleyville avec un nouveau chargement pour la garnison et regagner la base de Kamina vers 21h00 avec des passagers.

Lors de ce dernier départ, le DC-4 quitta la piste et prit feu. Il fut difficile d’établir la cause de l’accident : fatigue du pilote ou tirs rebelles, mais le lt col LIEGEOIS qui rentrait en Europe fut blessé et plusieurs des occupants de l’avion furent tués, dont le commandant de bord Léon DE BIEVRE. L’épave devait être inspectée pour connaître la cause exacte de l’accident, mais les Sud Africains s’amusèrent à la truffer de plomb, compliquant le travail de la commission d’enquête composée de membres d’Air Congo et de l’ICAO envoyée sur place.

Bases Opérationnelles

L’aérodrome de Stanleyville servit de base opérationnelle à la FATAC et au WIGMO, dont les équipes de maintenance se partageaient les installations d’Air Congo. L’aérogare fut remise en état et son réseau radio amélioré afin de l’adapter à ses nouvelles fonctions.

Depuis la chute de la ville, la voie du fleuve était bloquée par les rebelles et le carburant devait être transporté par Lockheed C-130. Une mise en défense de la ville s’imposait, car le manque de moyens empêchait de lancer de nouvelles opérations.

Le 2 décembre 1964, une dépêche de presse annonça que 12 avions chargés d’armement destinés aux rebelles avaient fait escale à Khartoum (Soudan) et peu après, de nombreuses armes d’origine communiste furent introduite par la frontière du nord-est pour armer les Simba.

Isolée en territoire rebelle, Stanleyville souffrait d’une pénurie de ravitaillement en vivres et en carburant et un convoi fluvial de l’Otraco partit de Bumba le 11 décembre et remonta le fleuve Congo sous la protection des B-26K avec du ravitaillement, mais les Simba tenaient solidement les rives du fleuve Congo et il dut faire demi-tour.

Deux semaines après le raid éclair des para-commandos belges qui y avait évacué plus de 300 Occidentaux, Paulis fut occupée le 9 décembre 1964 par la colonne d’Ops Nord dont les troupes parties de Bumba avaient libéré 787 Européens au cours de leur périple. L’hélicoptère du cdt BROKKEN accompagnait la colonne, dont un des camions était chargé du carburant nécessaire à son ravitaillement.

L’aérodrome du chef-lieu des Uélés devait devenir la seconde base opérationnelle du WIGMO pour aider l’ANC dans sa lutte contre la rébellion dans le nord-est du pays et sa plaine d’aviation fut débarrassée de ses obstacles et mise en état de défense.

Comme Stanleyville, cette ville était isolée en région rebelle et bénéficiait d’un ravitaillement par C-130E de l’USAF et C-47 de la FATAC. Chaque avion-cargo américain était accompagné d’un détachement du 504th infantry airborne qui se disposait aux quatre coins de l’appareil dès l’atterrissage pour assurer sa protection durant le déchargement.

Le même jour, au retour d’un raid de sauvetage sur Niangara et Dungu, le major GENIS et le lt GLORIEUX, officiers détachés de l’armée belge, tombèrent dans une embuscade. Le cdt BROKKEN se posa près de la colonne pour évacuer les blessés, mais ils succombèrent à leurs blessures et le major GENIS fut remplacé par le cpn DEFREYNE.

Les troupes d’Ops Nord parvenues à Paulis passèrent aux ordres de la 5e brigade le 11 décembre et le col VANDEWALLE s’y rendit en C-47 de la FATAC pour se rendre compte de la situation sur place. Des avions T-28D du détachement de Stanleyville intervinrent à Opala le 5 décembre, car un peloton de Sud Africains se disait encerclé par les Simba et une colonne formée par Mike HOARE partit le 14 décembre de la rive gauche de la ville pour aller à leur aide.

Le 5e Bn commando effectua plusieurs opérations de sauvetages dont un périple autour de Stanleyville, de Banalia à Bafwasende, pour sauver des otages en danger de mort. Mike HOARE proposa à l’EM 5e brigade d’effectuer un raid héliporté à Wamba, mais les risques d’échec étaient trop grands et ce fut refusé.

Redisposition de l’appui

Peu après sa formation, le deuxième flight de T-6G de la 21e escadrille fut confié au Capitaine DAVRINCHES et en décembre 1964, il fut basé temporairement à Léopoldville car on y craignait une attaque des rebelles basés au Congo-Brazza. Il y fut rejoint par un détachement de T-28D du WIGMO et ces avions rassurèrent la population de la capitale en effectuant des patrouilles aériennes.

Le détachement du WIGMO qui avait rejoint Paulis avec la colonne d’Ops Nord fut affecté à Bunia le 25 décembre à la demande d’Ops Kivu, privé depuis le 19 novembre d’appui aérien au profit de la 5e brigade.

L’aérodrome de cette localité de l’Ituri (nord-est du Congo), troisième base opérationnelle du WIGMO dans le nord-est, avait une piste en « dur » accessible au DC-4. Cette localité était un nœud routier important et était occupée depuis le 1er décembre1964 par les commandos du Kivu (Codoki) et par le 53e peloton Sud Africains de l’ANC.

Dans cette nouvelle affectation, le major Big Bill, dont les appareils étaient ornés du buffle « Makasi », collabora plus étroitement avec les troupes d’Ops Kivu qu’il ne l’avait fait auparavant avec celles d’Ops Nord.

Suite à livraison de nouveaux appareils par les Etats Unis, chaque détachement du WIGMO reçut un T-28D supplémentaire. Deux fois par jour, ils effectuaient des missions d’observation par paire, surveillant les routes menant aux frontières de l’Ouganda et du Soudan par lesquels des convois d’armes entraient au Congo. Les pilotes observaient l’activité des rebelles et détruisaient tous les véhicules repérés.

Le 17 décembre 1964 près de Mahagi, le pilote cubain Fausto GOMEZ, dit « El Toro » accrocha un arbre lors d’une de ces missions alors qu’il attaquait un véhicule ennemi à basse altitude. Son ailier connaissait le point de chute du Trojan et communiqua les coordonnées à Bill WYROZEMSKI dès son retour à Bunia. Celui-ci demanda aux commandos du Kivu d’effectuer un raid en zone dangereuse pour retrouver le corps du pilote, car la CIA exigeait la preuve de sa mort pour verser l’assurance-vie à sa veuve. Ils retrouvèrent les débris de l’appareil, mais les Simba étaient passés avant eux.

L’équipe de l’ATMB d’Ops Kivu se composait du Lieutenant-Colonel TOURON, des lieutenants HENCKAERTS et TROOSTERS et de l’adjudant WARNANT. Ces officiers et sous-officiers détachés de l’armée belge organisèrent une base avancée à Bunia pour rayonner dans la région avec l’appui des Trojan et organisèrent le sauvetage d’Européens avec le 53e peloton SA et les CODOKI. Profitant du passage d’un aviateur-missionnaire à Bunia, le Lieutenant HENCKAERTS demanda à prendre place dans son Piper Cub de couleur rouge pour observer du haut des airs la progression d’une patrouille envoyée vers Mahagi, mais il lui fut impossible de les contacter par radio.

Les hommes de la patrouille n’ayant pu être avertis, ils dressèrent leurs armes automatiques vers le ciel au passage de cet avion inconnu. L’officier se rendit compte du danger lorsqu’il survola leur colonne de véhicules et demanda au missionnaire de remonter le plus vite possible à une altitude de sécurité. Il réussit enfin à établir un contact radio et les armes s’abaissèrent, mais il avait eu chaud.

Plus au nord, des bombardiers B-26K en action contre les rebelles détruisirent plusieurs camions chargés d’armes près de la frontière soudanaise.

A la mi-janvier 65, des T-28D envoyés de Stanleyville et de Bunia et des B-26K opérèrent dans le secteur d’Albertville pour Ops Sud. Ils détruisirent des embarcations chargées d’armes et de munitions sur le lac Tanganyika et attaquèrent des camps rebelles dans la région de Fizi-Baraka.

La garnison de Paulis comptait une section du peloton blindé BERO qui avait rejoint par C-130, le peloton para-mercenaires NODDYN qui logeait à l’hôtel Negbe, une compagnie réduite de gendarmes katangais, une compagnie de parachutistes congolais, le peloton commando Yakoma et le 52e peloton commando Sud Africain qui occupaient la brasserie Makasi transformée en fortin. Ils l’avaient remise en marche pour leur compte et les soldats de la garnison comptaient parmi leurs meilleurs clients. Leur production était à peine buvable, mais le buffle Makasi (fort) qui ornait les étiquettes des bouteilles de bière fut adopté par les pilotes cubains basés à Paulis qui le peignirent sur leur T-28 et il servit ensuite d’emblème à tous les appareils du WIGMO.

Les B-26K basés à Stanleyville attaquèrent le 18 décembre une localité proche de Paulis, où était signalée une concentration de rebelles. Du QG d’Ops Nord à Paulis, le Major YOSSA, réclama des troupes supplémentaires car les rebelles s’étaient lancés à l’attaque le 25 décembre. Une colonne commandée par le Major SAINT partit de Stanleyville le 27 décembre par la route pour renforcer la garnison que les B-26K et les T-28D du détachement de Stanleyville appuyaient en cas de besoin. Ils incendièrent à coups de mitrailleuse un dépôt de carburant situé en zone rebelle. On craignait une attaque de rebelles tutsis sur Kamembe et les Simba restaient très actifs dans la région de Nya Ngezi, à 45 km au sud de Bukavu.

L’odyssée d’un agent de la CIA

L’activité de la CIA en Afrique augmenta notablement en 1965 et Frank CARLUCCI, consul US à Zanzibar, en fut expulsé le 19 janvier, soit six jours avant l’arrivée de Gaston SOUMIALOT et de quatre de ses officiers invités par les autorités tanzaniennes.

A Langley, Richard HOLM se concerta avec l’officier rescapé de Stanleyville qui l’aida à préparer sa mission de reconstitution du réseau du nord-est et qui insista pour l’accompagner sur place afin de lui donner un coup de main. Le but de l’Agence était de collecter des informations sur la présence, les activités et les lignes de ravitaillement des Simbas dans la province Orientale.

Le 26 décembre 1964, ils quittèrent les Etats Unis pour Bruxelles, où ils se concertèrent avec des officiers de la CIA en poste dans la capitale de l’Europe, puis ils gagnèrent Léopoldville. Un contre-ordre fut envoyé de Langley au “senior officer” lui interdisant temporairement de retourner à Stanleyville et Richard HOLM partit seul et effectua plusieurs navettes entre cette ville et la capitale sans réussir à renouer le contact avec les anciens informateurs. Tout le réseau du nord-est du Congo s’était dissout suite aux événements. Suite à cet échec, Langley autorisa en février 1965 l’officier de renseignement, sauvé des griffes des Simba, d’accompagner l’agent HOLM à Stanleyville pour reprendre contact avec les anciens informateurs du réseau qui y était établi.

Deux des membres de ce réseau étaient originaires de Bunia et Richard HOLM se proposa de visiter cette localité de l’Ituri, proche de l’Ouganda d’où provenait une grande partie du ravitaillement des rebelles. Langley approuva son choix et le 12 février, un Curtiss C-46 du WIGMO chargé de ravitaillement le déposa à l’aérodrome de Bunia, situé à quelques kilomètres de la localité. Il fut accueilli par « Big Bill » WYROZEMSKI qui logeait au Bunia Palace, un des quatre hôtels de cette agglomération désertée par ses habitants.

Une des priorités de la mission de Richard HOLM était de repérer l’endroit où s’étaient réfugiés les Simbas après avoir été chassés des lieux par les Codoki et les Sud Africains, et de tenter de connaître leurs intentions futures.

Les T-28D basés à l’aérodrome suffisaient déjà à motiver une action hostile et la garnison était assez pauvre en moyens. Peu de temps après son arrivée, il réussit à prendre contact avec un des agents qui avait fui le chef-lieu du Haut Congo dès l’arrivée des Simbas. Il lui assura que les rebelles avaient quitté la région et se porta volontaire pour retourner en mission d’espionnage à Stanleyville. Tout ce qu’il avait récolté comme renseignements depuis sa fuite fit l’objet de trois rapports qui furent transmis à Léopoldville le lendemain.

La CIA suspectait que les rebelles recevaient de l’armement à travers la frontière et Big Bill accepta que son collègue de la CIA effectue un vol d’observation avec les T-28 vers Faradje et plus au nord, vers la frontière du Soudan.

Les appareils du détachement WIGMO effectuaient régulièrement des missions au-dessus de la zone rebelle à la recherche d’objectifs et tiraient sur tout ce qui bougeait.

Le 17 février au matin, il se rendit à l’aéroport, où l’attendaient deux des pilotes cubains et leur montra sur la carte la région à survoler. Ensuite, il prit place à l’arrière comme observateur dans le T-28 du pilote Juan PERON. Son appareil et celui de Juan TURON étaient dépourvus de roquettes pour cette mission et décolèrent en direction du nord.

Richard HOLM avait déjà exécuté ce genre de mission au Laos, mais la différence était que contrairement au Pathet Lao, les Simbas des Uélés n’avaient pas de DCA.

Les Cubains étaient de bons pilotes jeunes et expérimentés. Juan PERON avait appris l’art du pilotage à Cuba, puis s’était exilé aux Etats Unis après la chute de BATISTA. En 1963, il avait signé un contrat avec la société CARAMAR qui lui avait donné un entraînement sur T-6 Texan avant de l’envoyer au Congo en novembre 1963. L’année suivante, il avait été converti sur T-28 Trojan et sur Curtiss C-46. Sa mission d’observation venait en deuxième priorité et après une demi-heure de vol, PERON aperçut trois camions à cent mètres d’un croisement et les attaqua à coups de mitrailleuses avec son collègue, effectuant deux passages au-dessus de l’objectif.

Mission dramatique

Les pilotes devaient accomplir leurs missions sans météo et l’aide à la navigation était quasiment inexistante. Lorsque les Cubains reprirent de l’altitude, ils s’aperçurent que le temps avait changé. De lourds nuages chargés de pluies s’approchaient et PERON comprit qu’il valait mieux retourner à Bunia.

La tornade fut sur eux et ils se retrouvèrent en plein dans pluie torrentielle. Juan PERON descendit au-dessus de la forêt, cherchant une éclaircie parmi les arbres, tandis que Juan TURON préféra rester en altitude. A la vue d’une clairière, PERON fit demi-tour et tenta un atterrissage de fortune. Cela se passa plutôt mal que bien, mais le pilote et son passager réussirent à s’extraire de l’appareil avant l’explosion. Richard HOLM était gravement brûlé et pouvait difficilement se déplacer. Heureusement, ils furent recueillis par les habitants d’un petit village d’Azande qui les nourrirent et leur racontèrent qu’un autre avion s’était crashé le même jour à quelques distances de leur village, peu éloigné de Faradje et de la frontière soudanaise. PERON fut guidé par les indigènes vers l’épave du T-28D de son collègue et en fouillant dans le cockpit, il récupéra des cartes et quelques objets. Ils ne découvrirent aucune trace de Juan TUNON et retournèrent au village. On ne retrouva jamais ce pilote et plus tard, des missionnaires délivrés de Faradje déclarèrent le 12 avril qu’un Cubain avait été capturé dans la région par les Simbas qui l’avaient tué et mangé.

L’enceinte de la CIA à Langley abrite un mémorial que peu d’Américains peuvent contempler, c’est celui des agents morts en service. Il représente une constellation de 77 étoiles noires, une pour chacun d’entre eux. On n’y verra aucun nom des Cubains morts pour la liberté lors du débarquement de la baie des Cochons organisé par l’Agence en 1961, ni celui des disparus lors des missions aériennes du Wigmo contre les rebelles communistes au Congo, mais l’on y trouve le nom du pilote américain John MERRIMAN.

Gravement blessé lors d’un crash aérien en 1964, alors qu’aucun Américain n’était supposé combattre au Congo, il fut retrouvé et soigné dans de mauvaises conditions, puis finalement évacué par avion vers un hôpital de l’US Army à Puerto Rico, mais y décéda des suites de ses blessures.

Grâce au chef du village Azande qui haïssait les rebelles, Juan PERON fut conduit à Paulis par des indigènes afin d’y chercher du secours pour l’agent américain. Avant le départ, le Cubain donna son parachute aux villageois et leur demanda de l’étaler au sol dès qu’ils entendraient un avion. Ils partirent le 19 février par des chemins de brousse, se déplaçant à bicyclette, avançant avec précaution, car les rebelles rôdaient encore dans la région.

Pendant ce temps à Bunia, Big Bill avait donné l’alerte et des recherches aériennes furent entreprises à partir de cet aérodrome et de celui de Paulis. L’Air Officer connaissait la région que ses pilotes devaient survoler, mais il ignorait le passage d’une tornade.

Le 25 février, Juan PERON et les congolais atteignirent un avant-poste de mercenaires, situé à trente kilomètres de Paulis. Ils y furent conduits en camion et se rendirent directement au détachement du WIGMO où Juan PERON insista pour Richard HOLM fut évacué par hélicoptère.

L’officier d’opération entra en communication avec Léopoldville et mit ses supérieurs au courant de l’état de l’agent CIA qui envoyèrent à Paulis un Lockheed C-130E avec un médecin. La FATAC accepta d’envoyer la Banane volante basée à Paulis pour récupérer l’agent américain et elle décolla deux heures plus tard en direction du nord vers le village Azande. Les pilotes cubains n’avaient qu’une confiance limitée dans les qualités de vol de ces appareils birotors et Juan avait préféré prendre place dans le T-28 d’escorte. Bien lui en prit, car lorsque le pilote manoeuvra pour se poser au centre du village, il accrocha des branches avec ses pales et se crasha. Aucun des occupants n’était blessé et les bicyclettes que les indigènes avaient emportées avec eux n’avaient pas souffert de la chute, mais l’hélicoptère était gravement endommagé.

Le lendemain, un nouvel hélicoptère parvint au village et ramena le blessé qui fut immédiatement transporté aux Etats Unis. Ce nouveau contretemps retarda quelque peu les opérations de renseignements menées par l’Agence américaine dans le nord-est. Pour remercier les villageois, la CIA parachuta des vivres et des médicaments au-dessus du village Azande, dont le chef devint un précieux auxiliaire dans la lutte menée contre les rebelles par les Espagnols du 2e choc.

A Bunia, Big Bill stoppa les recherches devenues inutile et la ronde des missions reprit. Un autre appareil se planta au décollage et il ne resta plus qu’un T-28D pour accomplir les missions journalières et d’autres furent envoyés en remplacement. L’épave de l’appareil endommagé servit de stock de pièces de rechange pour réparer les autres monomoteurs. Ses lances-roquettes furent récupérés et installés sur le camion Réo des Codoki transformé en mini-orgue de Staline.

Ravitaillements des opérations

Suite à l’augmentation des besoins en ravitaillement, la FATAC dut augmenter le nombre de missions afin d’assurer la logistique à tous les secteurs d’opérations et particulièrement vers Albertville et Stanleyville à partir de Baka.

Dans l’Equateur, Lisala était devenue la plaque tournante du ravitaillement d’Ops Nord. Des DC-4 en provenance de la capitale y déposaient régulièrement leur chargement et le Lieutenant CAUFFMANN, officier détaché de l’armée belge, disposait de deux C-47 pour assurer leur transfert à Paulis, d’où les bimoteurs assuraient au retour l’évacuation des otages libérés durant les raids de sauvetage.

Les hélicoptères mis à la disposition de la 5e Brigade et celui d’Ops Nord assuraient les évacuations sanitaires ou la recherche de réfugiés. Depuis le 15 septembre, ils avaient effectué près de 600 heures de vol et en dehors des missions de transport de fret et avaient évacué 84 blessés et 210 personnes, dont la moitié lors d’opérations de sauvetage, tandis que les C-47 en avaient évacué près de 300.

Dans des conditions souvent éprouvantes, ils effectuaient le transport de troupes et de matériel pour l’ANC et cela n’avait rien à voir avec les missions effectuées en Belgique, car le troupier congolais se déplaçait généralement avec sa famille, son mobilier, ses ustensiles de ménage, ses chèvres et ses poules. Faute de parachutes, les pilotes de ces appareils avaient mis au point le largage de ravitaillement à basse altitude et à vitesse réduite, moteur gauche au ralenti pour éviter l’effet de souffle.

Au cours d’un entretien avec le Général MOBUTU, le Colonel VANDEWALLE insista pour que l’EM de la 5e brigade, qui se substituait à l’ex-3e Groupement/ANC à Stanleyville, fut africanisé et il demanda que le Colonel MULAMBA prenne sa place à la tête de la 5e Brigade Mécanisée, ce qui fut fait début janvier 1965.

Le 5 janvier 1965, le ministre TSHOMBE effectua une visite à Stanleyville et fut accueilli à l’aérodrome par le Colonel MULAMBA et par le Lieutenant-Colonel ITAMBO, promu commandant de la place.

Une semaine plus tard, un convoi de huit barges de l’Otraco atteignit la ville, protégé par des T-28D sur la fin de son parcours.

Dans le nord du Congo, des rebelles venus du Congo-Brazza traversèrent le fleuve et attaquèrent la localité de Nkolo le 24 janvier, mais ils furent mitraillés par des appareils militaires.

Dès que la plaine d’aviation fut occupée par l’ANC, un avion léger de la FAC s’y posa pour évacuer les Européens.

Durant les premiers jours du mois de février, la ville de Bumba qui avait été occupée par les troupes d’Ops Nord le 15 octobre 1964, fut attaquée à plusieurs reprises par des maquisards simbas et des renforts de l’ANC y furent envoyés, ainsi que le flight de T-6G du Capitaine DAVRINCHES.

Ce pilote avait participé à la guerre d’Algérie où il avait volé sur Texan T-6G, mais il avait eu des ennuis en France pour avoir suivi le Général CHALLES lors du putsh d’Alger.

Ce flight fut rejoint le 6 février 1965 par le flight du Capitaine BRACCO muté de Stanleyville.

Quelques temps plus tard, Roger BRACCO et Léon LIBERT furent approchés par le WIGMO qui était à la recherche de pilotes expérimentés, car certains Cubains nouvellement engagés n’avaient pas plus de cent heures de vol à leur actif. Ils signèrent leur contrat à Léopoldville et suivirent une formation sur T-28D à Ndjili. La 21e escadrille dit également adieu au Lieutenant-Colonel PUREN qui avait été licencié par le Général MOBUTU le 14 janvier 1965 et remplacé par le Capitaine WOJICK, puis par le Major Pierre NOEL, ancien pilote de Spitfire à Coxyde.

Après avoir subi quatre attaques rebelles, un premier convoi fluvial parvint à Stanleyville le 26 janvier 1965. Il apportait assez de carburant pour assurer le ravitaillement des 80 véhicules chargés de 700 hommes destinés à renforcer Paulis. Cette colonne comprenait le 8e Bataillon Commando Katangais, le groupe para-mercenaires NODDYN, qui rejoignait Paulis après un congé, le groupe blindé KOWALSKI, des parachutistes congolais et quelques Sud Africains, soit 100 Européens et 600 Africains.

Les difficultés de communications avec les pilotes cubains parlant surtout espagnol provoquaient des problèmes et le Lieutenant ABESSION-CONDE, mercenaire d’origine hispanique, fut chargé des liaisons radio sol-air de la colonne.

Ce renfort de troupes devaient ensuite libérer les localités encore aux mains des Simbas, telles Watsa et Faradje.

La colonne fut placée sous le commandement du major Siegfried MUELLER, qui avait eu de l’avancement depuis la Tshuapa. La veille de son départ, la colonne de véhicules et les troupes furent passées en revue par le Général MOBUTU et le Colonel MULAMBA. Le départ eut lieu le 6 février, mais plusieurs embuscades retardèrent l’avance, notamment celle de Bafwasende qui fut très coûteuse en hommes et en matériel.

Appui aérien à la colonne MUELLER

 

L’appui aérien à la progression de ces renforts était fourni par trois B-26K à partir de Stanleyville et par quatre T-28D à partir de Paulis, tandis que des H-21 « Banane volante » étaient disponibles dans ces deux localités.

Un des avions chargés de dégager la colonne remonta la route sur sa droite en crachant le feu dans la végétation, mais arrivé à hauteur de l’avant-garde, il fut dévié par une turbulence et toucha plusieurs véhicules du groupe para NODDYN, causant quelques pertes, dont le Lieutenant congolais Gérard.

Pris de fureur, des hommes de la colonne vidèrent leurs armes vers le ciel. Certains accusèrent le Lieutenant ABESSION-CONDE d’avoir donné de mauvaises indications aux pilotes cubains. Herr Major MUELLER réclama du ravitaillement et l’évacuation des blessés par hélicoptères H-21. La colonne de secours organisée par le Capitaine MARCHAL et le groupe blindé BERO à partir de Paulis se dirigea à leur rencontre et atteignit Wamba, mais la Banane volante qui s’y posa le 12 février pour évacuer un blessé fut endommagée à l’atterrissage et dut être abandonné sur place.

A Stanleyville, le Lieutenant RAES, officier détaché de l’armée belge (ATMB) organisa la confection de ballots de vivres et de munitions qu’un C-47 de la FATAC se chargea de larguer au-dessus de la colonne à basse altitude et sans parachute. Le pilote dut effectuer trois passages et les largueurs balançaient les colis au plus près de la route sans toucher la troupe en défensive.

Lors du retour à Stanleyville, le Lieutenant RAES remarqua deux ou trois impacts dans l’appareil, mais impossible de savoir s’ils étaient dus à des tirs amis ou ennemis. Néanmoins, il apprit par la suite que le largage n’avait pas été apprécié par tous, car certains chargements s’étaient dispersés au contact du sol et avaient atterri tous près des combattants rendus nerveux par l’embuscade.

Les hélicoptères FG-673, FG-677, FG-378 et FG-322 évacuèrent les blessés et l’un d’eux déposa le 10 février, le Major FRANCOIS, officier détaché de l’armée belge (ATMB) faisant fonction de S-3 au sein de la 5e brigade. Il réorganisa la colonne qui était dans un piteux état et prit la place de « Kongo MUELLER » incapable de faire face à la situation. Sa colonne rejoignit le groupe BERO à Wamba et ils continuèrent leur route ensembles vers Paulis qu’ils atteignirent le 11 février 1965.

Le QG/ANC, abandonnant l’idée d’opérer à partir de Paulis, choisit Bunia comme point de départ de l’opération visant à contrôler le nord-est du pays d’où parvenaient de l’armement et des munitions destinés aux rebelles. Ce ravitaillement était débarqué d’avions à l’aérodrome d’Arua (Ouganda) où de nombreux atterrissages étaient signalés, dont celui d’un DC-3 transportant Gaston SOUMIALOT.

Un nouveau contingent de mercenaires anglophones, entraîné à Baka dès le 20 janvier, fut envoyé à Bunia le 26 février et défila dans la localité avec Mike HOARE à leur tête. Ils étaient chargés du bouclage des frontières du nord-est.

Peu après le départ des pilotes BRACCO et LIBERT engagés par le WIGMO, une opération de sauvetage fut organisée à partir de Bumba sur l’insistance du Lieutenant CAUFFMANN, officier détaché de l’armée belge. Il s’agissait d’évacuer une religieuse isolée en pleine région rebelle à 60 km de là. Le Commandant BROKKEN et l’Adjudant ALLAEYS de la FATAC, qui avaient poursuivi des missions de soutien et de recherches de réfugiés depuis Bumba, acceptèrent avec enthousiasme d’y participer aux commandes de leur Banane volante et le Capitaine DAVRINCHES fut d’accord pour assurer la sécurité de l’opération avec son flight. L’opération fut un succès total, mais il fallut également évacuer les orphelins dont s’occupait sœur Thérèse, membre de la congrégation des Filles de la Sagesse.

Suite à une relève de l’équipe ATMB de Paulis, le Lieutenant RAES se rendit à Paulis le 20 mars 1965 pour y assurer l’intérim. Le secteur d’Ops Nord commandé par le major YOSSA était assez calme et la garnison se composait d’un peloton de durs à cuire, mercenaires très disciplinés, survivants du groupe « NODDYN », et commandés par Marc GOOSSENS, d’une compagnie de Katangais qui cantonnait au camp militaire et d’un groupe de mercenaires du troisième âge sans véritable formation militaire calfeutrés dans une usine de savon. Ces derniers ouvraient le feu aussi vite que les Katangais au moindre bruit suspect. La plaine d’aviation était gardée par des UDA katangais et deux T-28D y stationnaient, tandis qu’un troisième gisait à l’état d’épave.

Dès que les Katangais et les pépés mercenaires déclenchaient une fusillade, le chef de ce détachement du WIGMO prenait l’air dans un de ses appareils. Le 22 mars, une pétarade intense se déclencha, agrémentée de coups de mortiers. Le Lieutenant RAES se rendit sur les lieux, mais il n’y avait pas lieu de s’inquiéter, car l’affaire se résumait à une fusillade sur trois supposés rebelles.

Le chef du détachement WIGMO se plaignit en anglais au Lieutenant RAES qu’ « il n’avait pas été prévenu des événements et que sa sécurité au sol avait été négligée » et il ajouta « I remember you we are civilians and not trained for ground fighting », pourtant les membres de ce détachement avaient assez d’armes pour soutenir un siège dans l’aérogare transformé en fortin. Il logeait dans une habitation proche de l’aérogare et recevait un ravitaillement régulier, dont du whisky à faire pâlir d’envie les Sud Africains.

Au QG/Ops Nord, installé dans une mission, le Lieutenant RAES recevait régulièrement les rapports de mission des Cubains, dont pas une sortie s’effectuait sans un score de véhicules, locomotives et wagons détruit à la mitrailleuse ou à la roquette. Peu après l’incident, il demanda d’effectuer une observation aérienne comme passager d’un T-28D et cela lui donna l’occasion de vérifier leur tableau de chasse. L’avion suivit la ligne de chemin de fer du CVC et le pilote survola certains objectifs détruits, mais jamais à moins de 600 pieds, il put néanmoins constater que ces pilotes attaquaient régulièrement les mêmes objectifs, car les épaves observées étaient vieilles de plusieurs semaines.

Relance des opérations dans le nord-est

Début mars 1965, le Lieutenant Colonel NOEL, officier détaché de l’armée belge en tant que conseiller du chef d’EM congolais de la 5e Brigade, conçut de nouvelles opérations pour libérer les localités du nord-est aux mains des Simba grâce à une augmentation de ses effectifs en hommes et en matériel.

Le 5 mars, il se rendit en C-47 FATAC à Bunia avec le Colonel MULAMBA, le Major FRANCOIS (S3) et le Lieutenant RAES pour y inspecter le 5e Bat commando sud africain de Mike HOARE, promu Lieutenant Colonel par le Général MOBUTU.

De nouvelles recrues avaient remplacé les hommes en fin de contrat et cette unité de 300 hommes devait opérer en fer de lance l’opération « White Giant » avec le 14e Bat commando katangais vers Faradje qui fut atteint le 28 mars. L’appui aérien était assuré par le WIGMO avec le flight de T-28 de Big Bill, aidé par Budd MOESSMER, et par deux Douglas B-26K. Cette opération de la 5e Bde démarra le 15 mars 1965 et fut un succès total.

La FATAC disposait de quatre C-47 à Stanleyville et de la section de ravitaillement/Air, tandis que la Banane volante des pilotes BOUTET et LECHAT de la FATAC assuraient les évacuations.

Généralement, des panneaux blancs étaient disposés en « T » assurait le repérage de la dropping zone et un feu d’herbes sèche ou un fumigène donnait la direction du vent lors du largage de ravitaillement par bimoteur. Quant aux hélicoptères, ils se posaient sur la route si ses abords étaient dégagés, autrement, il fallait débroussailler une piste de 100 m sur 20 m, suffisante en cas de faible charge, mais en cas de charge élevée, il lui fallait 300 mètres de piste roulable dans le vent.

La FATAC déplora l’accident du 9T-PKH lors d’un atterrissage dans la localité de Faradje, un autre C-47 endommagea sa roulette de queue en se posant à Watsa, dont la plaine d’aviation située au-dessus d’une colline était très courte et difficile d’accès. Un troisième bimoteur, qui devait charger de l’or récupéré à Watsa, fut détourné de Stanleyville vers l’Angola le 15 avril 1965 par deux déserteurs du 5e Bat commando sud africains, LARKIN et VAN STADEN, mais ils furent forcés d’atterrir à Kolwezi à cause du mauvais temps et arrêtés. Quant à la Banane volante FG-697, elle eut des ennuis de moteur à Bunia le 25 avril en revenant d’une mission à Watsa et fut bloquée au sol.

Du haut des airs, il était difficile de distinguer les amis des ennemis et une erreur de tir des B-26K blessa deux Sud Africains à Aba. Tandis que le 5e Bat commando de Mike HOARE regroupait les mercenaires anglophones, le 6e Bat commando du Lieutenant Colonel LAMOULINE se chargeait de l’administration des mercenaires francophones encadrant les bataillons katangais.

En appui au 1er choc

Revenu sur la scène congolaise en fin février 1965, Bod DENARD créa une nouvelle unité qui fut intégrée au 6e commando sous le nom de 1er choc.

Le 14 mars 1965, elle participa à une opération sur Yangambi au bord du fleuve Congo avec l’appui du WIGMO, puis elle fut transportée à Paulis par la voie aérienne le 29 mars. Cette nouvelle unité du 6e Commando reçut la mission de pacifier le sud de cette localité vers Wamba avec l’appui du 8e Bat commando katangais. Cette opération baptisée « Tulipe » démarra le 7 avril à l’aube, mais peu après son départ, la colonne baptisée Aramis subit de nombreuses embuscades et lança un appel radio pour évacuer un blessé.

La Banane volante décolla de Paulis, mais elle ramena deux morts, car entre temps les Simbas avaient monté une autre embuscade. La malchance s’acharna sur Bob DENARD, car il se cassa une jambe et dut être évacué à son tour par l’hélicoptère.

Le Lieutenant Colonel LAMOULINE résolut de se rendre à Paulis en C-47 avec son adjoint BOTTU, mais l’hélicoptère de la FATAC était en panne. Les demandes d’appui aérien ou d’évacuation étaient adressées à l’EM de la 5e brigade et à l’aérodrome, le détachement du WIGMO se tenait en alerte. Il comprenait deux pilotes cubains et les belges LIBERT et BRACCO, anciens de la 21e escadrille, qui partaient justement avec leur T-28D pour une mission de soutien à « Aramis ».

Les deux officiers du 6e codo en profitèrent pour les accompagner et ils participèrent également à la mission aérienne du lendemain matin comme observateurs, car le Vertol-Piaseky H-21 n’était toujours pas réparé. L’après-midi, ce fut au tour des deux pilotes cubains d’appuyer la colonne DENARD avec leur T-28D. Le plafond était plus dégagé et ils purent intervenir à la mitrailleuse et à la roquette contre des véhicules ennemis à l’arrêt dans un village, puis furent relevés par les Belges. Lors de cette chaque mission, les pilotes établissaient un contact radio VHF avec la colonne sur la fréquence 118.5.

BRACCO et LIBERT intervinrent avec leurs appareils pour dégager d’une grosse embuscade et balayèrent les abords de la route de leurs armes. Le 10 avril 1965, la colonne Aramis atteignit Wamba et réclama du ravitaillement. L’hélicoptère fut réparé le lendemain et transporta le Lieutenant Colonel LAMOULINE à Wamba. Il y fut rejoint par le Major BOTTU qui resta sur place pour préparer une dropping zone en vue d’un ravitaillement par bimoteurs de la FATAC. Le 8e Bat commando fut laissé en garnison et le 1er choc regagna Paulis le 16 avril suivant, non sans avoir subi de nombreuses embuscades, mais l’unité était bien rodée.

Le 3 mai1965, le Général MOBUTU, commandant en chef de l’ANC se rendit à Stanleyville avec son avion personnel, mais son appareil eut du retard et les troupes rassemblées à l’aérodrome pour la parade avaient regagné leur cantonnement. Il conféra avec le Colonel MULAMBA et les officiers de l’ATMB en fonction à l’Etat Major de la 5e Brigade et le 5 mai, le Lieutenant Colonel NOEL, chef d’EM, présenta les plans de l’offensive « Violettes impériales ». Une copie de ce plan fut adressée au QG/ANC, aux chefs des unités qui y participaient, à l’officier de liaison de l’US Army, au commandement Ops/Air et au WIGMO.

Le lendemain, le commandant en chef se rendit avec Mike HOARE à Faradje pour assister à la parade achevant l’opération White Giant. Il passa en revue les commandos sud-africains et katangais et le félicita pour les succès de ses troupes durant « White Giant ». L’opération « Violettes impériales » lui succéda et mit en œuvre, outre le 5e Bat commando SA de Mike HOARE (Zorro) à partir de Niangara, le 1er Choc de Bob DENARD (Aramis) et le 8e Bat commando katangais à partir de Paulis, le 12e Bat codo Diabos à partir de Stanleyville et des troupes congolaises opérant à partir de Bumba dans le but de capturer Buta par une offensive en tenaille.

Il s’agissait d’envelopper un maquis rebelle bien ravitaillé en armes et commandé par le Colonel MAKONDO qui s’était établi dans cette ville, d’où il menaçait toute la région située au-dessus de Paulis. Selon les renseignements obtenus, des Européens étaient encore en vie dans les prisons des Simbas.

Vu l’augmentation des missions de transport de leurs C-130E dans le triangle Stanleyville-paulis-Bunia, les Américains songèrent à livrer deux C-47 supplémentaires à la FATAC pour soulager leurs équipages.

L’opération « Violettes impériales » fut déclenchée le 26 mai avec l’assistance de l’aviation qui comprenait la 21e escadrille à partir de Bumba, trois B-26K basés à Stanleyville et deux détachements de quatre T-28D qui effectuèrent chacun deux sorties par jour. Celui de Big Bill appuyait le 5e commando et l’autre intervenait à partir de Paulis en soutien au 1er choc. Le WIGMO y disposa un des hélicoptères Bell 47 récemment livrés. Il était chargé des liaisons et de la récupération des pilotes.

La FATAC pourvoyait au ravitaillement et aux évacuations sanitaires avec quatre C-47 et les quatre hélicoptères Banane volante H-21 en ordre de marche, dont le FG-673 qui opérait à partir de Paulis et le FG-378 à partir de Stanleyville. Les forces alignées à Paulis pour l’offensive furent passées tour à tour en revue par le Colonel MULAMBA et le Lieutenant Colonel NOEL, venus de Stanleyville en C-47 FATAC.

Le lendemain de son départ, l’hélicoptère H-21 rejoignit la colonne avec le Lieutenant Colonel NOEL pour évacuer les premiers blessés.

BRACCO et LIBERT survolaient la progression des troupes et effectuaient des reconnaissances sur l’itinéraire, signalant les obstacles aperçus. Buta fut atteint le 1er juin 1965 par le 1er Choc, battant de peu les Sud Africains (voir le magasine RAIDS n° 51), mais ils ne purent empêcher le massacre des otages.

La plaine d’aviation de la ville fut remise en état le 4 juin et un C-47 y déposa les Colonels MULAMBA et LAMOULINE. Ce bimoteur fut suivi d’autres appareils de la FATAC qui s’y posèrent avec des vivres et des munitions. Le 2 juin 1965, le Général Major CEUPPENS, chef d’EM de la Force Aérienne Belge en visite au Congo avait inspecté le détachement FATAC à Baka, puis se rendit en inspection avec le Colonel VANDEPOEL à Stanleyville le 5 juin et à Paulis le 6, avant de regagner la Belgique le 8 juin.

Nouvelles pertes aériennes

Le 3 juin, le détachement WIGMO de Paulis déplora la perte de deux T-28D à cause du mauvais temps. Roger BRACCO et le jeune pilote cubain LA GUARDIA, recruté peu auparavant, se trouvèrent perdus dans une tornade et à court de carburant, ils durent sauter en parachute près de la rivière Bomakandi, aux abords de Titule. Ils furent récupérés quelques heures plus tard par hélicoptère, mais le Cubain, très marqué par son aventure, résilia son contrat et retourna aux Etats Unis.

A la même époque, des guérilleros rebelles venus du Congo-Brazza, s’emparèrent de Nioki, à 320 km au nord-est de la capitale et un T-28 y fut envoyé en reconnaissance. Les résultats de ce vol d’observation permirent de monter une opération à partir de Mushie où des mercenaires européens furent transportés dans un C-47 et un DH Dove de la FAC. Ils se joignirent à une colonne de l’ANC et le bimoteur Dove se rendit à Nioki pour observer la situation, tandis que les Européens de la région étaient évacués par avions d’Air Brousse.

Après une année de service, les « Bananes volantes » donnaient des signes de fatigue et le 27 juin, l’hélicoptère codé FG-378 se crasha avec son équipage dans la forêt à quelques dizaines de kilomètres de Stanleyville. Elle avait tenté de rejoindre Buta pour y chercher des réfugiés libérés par le 1er choc, mais le mauvais temps l’avait obligé à faire demi-tour. Lors du trajet de retour, le pilote contacta la tour de contrôle de Stanleyville pour annoncer l’estimation de son heure d’arrivée vers 7h30 (ETA), soit trente minutes plus tard, lui signalant qu’il volait à 6000 pieds d’altitude.

Ce fut son dernier appel et dès que l’ETA fut dépassée, le Colonel VANDEPOEL qui commandait la FATAC lança un programme de recherches avec les moyens aériens immédiatement disponibles : trois C-47, deux B-26K et un C-46 et il y participa aux commandes d’un des appareils. Les recherches se poursuivirent durant trois semaines malgré le mauvais temps, mais ne donnèrent aucun résultat. Cet accident, qui coûtait la vie au Capitaine BORDON et aux Adjudants ALLAEYS et JACOBS s’ajoutait à une série d’incidents techniques et signa la mise à la retraite de ces engins qui avaient rendu de grands services à l’ANC.

Le 4 juillet 1965, le 1er choc reprit sa route vers Aketi avec le support du WIGMO, puis effectua sa jonction avec l’ANC partie de Bumba.

Le 21 juillet 1965, l’aviation dut intervenir à Buta pour repousser une offensive des rebelles commandés par le Colonel MAKONDO qui s’était replié dans la forêt au sud de Bondo. Le chef des Simbas attendait du ravitaillement en munitions pour recommencer une attaque sur Buta. Elle se déclencha dans la nuit du 5 au 6 septembre et fut repoussée par les hommes du 1er choc, appuyé par le détachement du WIGMO de Paulis.

Les pilotes des T-28D soumirent les rebelles à un déluge de feu et poursuivent leurs attaques les jours suivants sur les villages d’où étaient partis les maquisards. L’activité des patrouilles du 1er choc et des appareils du WIGMO eut raison de l’entêtement de MAKONDO et le réseau ferroviaire de VICICONGO put être remis en activité. Parti de Buta le 8 octobre, ce premier convoi parvint à Paulis deux jours plus tard, où il fut accueilli par les autorités civiles et militaires de la province.

Le quatrième anniversaire de la FAC

Le lundi 19 juillet 1965, la Force Aérienne Congolaise fêta le quatrième anniversaire de sa fondation à Ndolo en présence de plusieurs autorités civiles et militaires, dont le Général MOBUTU. Le Colonel TUKUZU, chef du 1er Groupement aérien remplaçant le Lieutenant Colonel LOSSO emprisonné pour atteintes à la sûreté de l’état, fit un discours où il annonça avec fierté que son groupement aérien disposait de 11 pilotes, dont deux brevetés en Belgique (NZINGA et MBAKI) et neuf en Italie, où le brevet de pilote était plus facile à obtenir, ainsi que de 38 mécaniciens spécialisés et de deux interprétateurs de photos aériennes.

L’entraînement des élèves-pilotes se poursuivait sur place à l’école de vol grâce à l’Aeronautica Militare qui y avait affecté une cinquantaine d’officiers et de sous-officiers italiens avec dix Harvard, cinq Piaggio 148 et un C-47 de l’AMI, mais l’on déplorait la perte de l’Adjudant EBONGA qui s’était tué le 4 mars 1965. L’AMI développait également une école technique de navigation à Ndolo et une nouvelle promotion d’élèves congolais poursuivait son instruction à l’école de vol d’Alghero en Sardaigne.

Après son allocution, les moniteurs italiens effectuèrent quelques acrobaties et des parachutistes congolais furent largués d’un avion de transport devant un parterre d’officiers supérieurs.

Dans son discours, le chef du 1er Groupement aérien avait passé sous silence que, malgré leur splendide diplôme obtenus en Italie, aucun de ses pilotes brevetés n’avait participé aux opérations aériennes contre les rebelles. Un seul d’entre eux avait obtenu son brevet de pilote de transport sur C-47 en Italie. C’était un ancien élève de l’école professionnelle de Baka qui avait été mis à la porte avant l’indépendance et qui avait essuyé un échec à l’EPE de Gossoncourt. De retour à Ndolo avec son beau diplôme italien, il avait voulu prouver son savoir-faire et avait réussi à mettre en marche un des DC-4 amenés d’Angleterre en 1961, mais il accrocha l’autre quadrimoteur avec l’aile et endommagea également un DC-3, bloquant du même coup la totalité des avions de transport. La FAC l’affecta au dropping de parachutistes sur C-47 à Léopoldville, mais il représentait un danger pour la navigation, car il ne respectait pas les consignes de sécurité aérienne.

Hormis l’école de vol italienne et la base de Ndolo, le Colonel TUKUZU ne commandait pas grand chose. Une grande partie de l’aviation opérationnelle lui échappait. Outre quatre Curtiss C-46, deux Beechraft C-45 et trois hélicoptères Bell 47, la flotte du WIGMO comptait six B-26K et en réclamait trois autres, ainsi qu’une une dizaine de T-28D Trojan auxquels devaient s’ajouter huit appareils du même type.

La FATAC, formée par des officiers et sous-officiers détachés de la Force aérienne belge, formait le 2e Groupement aérien tactique et rassemblait six C-47 avec cinq équipages (les autres C-47 étaient en révision ou cannibalisés pour leurs pièces de rechange, mais le COMISH comptait en remplacer deux d’entre eux) et d’un Douglas C-54 avec son équipage. Le Capitaine JACQUEMART (Log/Air), qui s’était chargé de la récupération de deux C-54, d’un DH Dove et de pièces de rechange en Angola au début de l’année 1965.

Il devait se rendre en Afrique du Sud avec le pilote BERTEAUX afin d’y rechercher deux autres appareils de transport de l’Avikat, dont le DH Dove KAT-15 de l’ex-Avikat saisis par la justice sud-africaine en 1963. Ramené à Ndjili et immatriculé 9Q-CDB, ce Dove fut réclamé ensuite par la FAC qui lui donna le code 9T-DGA. Il se crasha plusieurs mois plus tard à Ndjili avec le pilote JUNGLER aux commandes.

Tous les hélicoptères Vertol-Piaseki H-21 avaient étés retirés du service et la 21e escadrille opérait avec six T-6G et en attendait douze autres, mais un essai de bombardement au napalm s’était terminé par la perte d’un appareil T-6G et de son pilote.

Son flight de transport se composait d’un C-54 et d’un DH Dove. Le bimoteur Douglas DC-3 9T-JDM était la propriété personnelle du Général MOBUTU, ainsi que le nouvel appareil VIP Beechraft C-45 9T-BHA acheté à l’Aga Khan. C’est dans cet appareil que le commandant en chef de l’ANC effectua le 8 août 1965 une rapide inspection des garnisons de Bolobo, Nkolo et Yumbi où avaient eut lieu des infiltrations de rebelles depuis le Congo-Brazza.

L’Anstalt WIGMO était au faîte de sa puissance et mettait en œuvre le 22e wing. Les pilotes cubains et les mercenaires espagnols du 2e choc ne manquaient pas de cœur et ils participèrent à la tombola organisée par le médecin espagnol SANZ-GADEA qui soignait les blessés et les malades de Stanleyville. A l’initiative de LLOPART et HOMEDES, techniciens du WIGMO, une fête fut organisée pour les enfants orphelins recueillis par ce médecin dont le clou fut une promenade aérienne en hélicoptère.

Coup d’état militaire

Une centaine d’otages restait aux mains des rebelles à Bondo et le QG/ANC du mont Stanley à Léopoldville décida de lancer une opération terrestre à partir de Paulis. Le Lieutenant Colonel LAMOULINE proposa une opération parachutée avec une centaine de volontaires européens et congolais et le 13 août 1965, son adjoint André BOTTU fut convoqué au QG/ANC pour la mettre en œuvre.

Cette opération, baptisée « Arc en ciel » nécessitait d’importants moyens aériens, dont six C-47, deux B-26K, deux T-28 et un hélicoptère Bell 47. Certains des parachutistes européens n’avaient plus sauté depuis leur départ de l’armée et le Major israelien SASSON supervisa l’entraînement au saut qui se déroula du 26 août au 5 septembre à Baka avec deux bimoteurs de la FATAC.

Dès le départ de l’opération le 12 septembre, un appareil observerait la météo sur l’objectif et donnerait le « GO » aux six avions de transport transportant le groupe Cobra qui partirait de Buta. Le saut opérationnel était prévu à 650 pieds et il disposerait d’un appui aérien sur la DZ, tandis qu’une colonne du 1er choc devait le rejoindre par la route.

A la fin de l’entraînement à Baka, le chef du groupe Cobra apprit que l’opération était annulée et qu’il devait se rendre à Bukavu pour opérer contre les rebelles de la Ruzizi.

Dès le 6 septembre, il participa à une opération qui se déroula dans la vallée pour repousser les rebelles vers le secteur d’Ops Sud. Le groupe Cobra pouvait compter sur l’appui du détachement de T-28D du Capitaine BRACCO qui avait été déplacé de Paulis à Goma.

En mars 1965, un expert de l’US Navy attaché à l ‘ambassade américaine de Léopoldville se rendit à Albertville dans le but d’y établir une base navale qui contrôlerait le lac Tanganyika et permettrait d’exercer une pression, non seulement sur les maquisards, mais également sur les pays qui les aidaient.

Peu après, des vedettes en fibre de verre furent livrées par C-130, suivies quelques temps plus tard par des patrouilleurs « Swift » pesant près de dix tonnes. Ces patrouilleurs étaient trop longs (près de vingt mètres) pour pouvoir prendre place dans les C-130 et l’agent de la CIA Ed WILSON eut l’idée de les découper en trois parties pour être amenée en avion à Albertville.

En juin 1965, le bataillon Katchoka, composé de tutsi ruandais et commandé par Idelphonse MUDANDI, fut engagé contre la garnison ANC de Bendera défendant la centrale électrique qui ravitaillait Albertville. L’attaque fut un échec et coûta une vingtaine de tués aux guérrilleros tutsi, ainsi que quatre des Barbudos envoyés par Fidel CASTRO au Congo. Sur le cadavre de l’un d’eux, des documents furent trouvé, dont un agenda écrit en espagnol et la CIA fut alertée, car ils prouvaient la présence de dizaines de techniciens cubains aux bords du lac Tanganyka.

S’ajoutant aux renseignements reçus de diverses sources et aux tactiques de guérilla pratiquées par les Simba de ce secteur, la présence de ces Barbudos que l’on supposaient commandés par Chè GUEVARA, envoyés par Fidel CASTRO pour instruire et aider les Simba, mit la CIA sur les dents.

Une grande partie des moyens aériens fut rassemblée à Albertville et l’opération « Banzi » fut planifiée et mise en œuvre par le Lieutenant Colonel HARDENNE, chef d’EM du QG/Ops Sud commandé par le Lieutenant Colonel Eustache KAKUDJI. Le but de cette opération était de liquider la menace représentée par les maquis rebelle du lac Tanganiyka, auxquels Laurent-Désiré KABILA, replié en Tanzanie en tant que commandant de la section de l’est de l’APL promettait de l’aide et de chasser du Congo les Barbudos de Chè GUEVARA.

Un major américain des Special Forces fut chargé de diriger à Albertville un groupe aéronaval du WIGMO équipé du navire MS « Urundi », cargo du CFL réquisitionné, et du MS «Président Ermens » ex-IRSAC armé de mitrailleuses .50 et d’un canon SR de 75 mm et équipé d’un radar Decca et d’une installation d’émissions à ondes courtes le reliant aux vedettes rapides en fibre de verre, chargées de mettre un terme au trafic d’armes qui sévissait sur le lac.

Cette flottille était sous les ordres du lieutenant de marine KAPPAS, détaché à Albertville par la mission US COMISH. Il ne participait pas aux missions mais rédigeait les ordres d’opération et veillait à ce que les vedettes ne dépassaient pas la frontière fictive tracée sur le lac. Le 5e Bat sud africain de Mike HOARE collabora avec ce groupe aéronaval du WIGMO et fournit des équipages pour les vedettes rapides.

Outre trois flights de T-28D, dont celui de Big Bill, deux hélicoptères Bell 47, dont un pourvu de flotteurs et quatre B-26K, d’importants moyens terrestres et amphibies étaient mis à la disposition d’Ops Sud. L’un des monomoteurs T-28D plongea dans le lac peu après son décollage et le chef pilote des Cubains se noya. Le 21 septembre, l’aviation lança des tracts sur les zones rebelles, puis les appareils du WIGMO attaquèrent plusieurs objectifs à coups de roquettes et de mitrailleuses. L’offensive mettait en œuvre 3000 hommes, dont 350 mercenaires anglophones et débuta le 27 septembre 1965.

Avant le départ de l’opération « Banzi », le Lieutenant Colonel HOARE, qui était dépendant du WIGMO pour ses observations aériennes et son appui-feu, prit place dans un bombardier bimoteur pour effectuer une reconnaissance de la côte dans la région de Baraka. Ses commandos devaient y débarquer sous la protection de six T-28D et de deux B-26K basés à Baka, mais l’appui aérien fut retardé par le mauvais temps et les Sud Africains furent bloqués lors de leur assaut jusqu’au retour d’un temps favorable. La FATAC, commandée depuis septembre par le Lieutenant Colonel CAILLEAU, engagea plusieurs bimoteurs C-47 pour assurer la logistique de l’opération et l’un d’eux fut affecté au QG/Ops Sud. Ils portaient le nouvel emblème de la Force Aérienne Tactique, une brouette portant un tonneau de poudre, un sac de manioc et une boîte de premiers soins.

Beaucoup de largages étaient exécutés en « free drop » par manque de parachutes. Le bimoteur se présentait au-dessus de la DZ à une altitude de vingt à trente mètres et à vitesse minimum. Sur un signal du pilote, les colis, emballés de manière à absorber les chocs, étaient balancés par la porte latérale.

Les T-28D et les B-26K basés à Albertville effectuèrent de nombreux raids contre les troupes ennemies et patrouillèrent sur le lac Tanganyika, où ils coulèrent plusieurs embarcations chargées d’armes et un bateau à moteur. Pendant ce temps, le groupe parachutiste Cobra du Commandant BOTTU opérait dans la vallée de la Ruzizi avec deux des quatre T-28 basés à Goma. Ce flight comptait deux pilotes cubains et les Belges Léon LIBERT et Roger BRACCO.

Grâce à l’action de l’aviation et aux vedettes fournies par les Américains, le trafic d’armes diminua de manière spectaculaire, mais persista de manière endémiques durant de nombreuses années. Chè GUEVARA avait perdu toute confiance dans les dirigeants révolutionnaires, Laurent-désiré KABILA y compris, et se retira avec ses Barbudos en Tanzanie à partir du 20 novembre.

Big Bill était toujours à la recherche de renseignements pour ses patrons de l’Agence de Langley et peu après son arrivée, les rebelles menacèrent Albertville. Il se rendit en reconnaissance sur la route de Bendera, mais à son retour, il se tua stupidement en percutant un camion de l’ANC qui roulait à gauche et son véhicule prit feu. Juan PERON ramena son corps en bimoteur à Léopoldville, d’où un Boeing 707 l’évacua vers l’Amérique.

Moïse TSHOMBE avait été démis de ses fonctions le 18 octobre par le président KASA VUBU et la situation politique était très tendue. Un coup d’état militaire fut préparé par le Général MOBUTU et le 20 novembre 1965 à 11h30, le centre de transmission du QG/ANC diffusa le message « Flash » n° 13020 annonçant aux commandants de groupement qu’une réunion du haut-commandement aurait lieu à Léopoldville le jeudi 25 et que le DC-3 « 9T-JDM » serait mis à leur disposition pour le transport.

A la date prévue pour cette réunion, le Général MOBUTU, appuyé par les autorités supérieures des Forces Armées, s’empara du pouvoir et l’ex- premier ministre TSHOMBE prit le chemin de l’Europe pour un deuxième exil.

Outre l’appui du Général major BOBOZO, le nouveau président du Congo avait celui des Colonels MASIALA, MULAMBA, NZOIGBA, ITAMBO, BANGALA, des Lieutenant Colonel INGILA, TSHATSHI, MONYANGO, SINGA, BASUKI, MALILA, du Lieutenant Colonel TUKUZU, chef du 1er groupement aérien de la FAC et avait obtenu le soutien de la CIA.

Le Général BOBOZO prit la tête de l’armée et le Colonel MULAMBA fut nommé premier ministre.

L’apothéose de ce coup d’état militaire fut la tournée triomphale du président MOBUTU à travers la capitale, tandis que les T-6 de l’école italienne survolaient son cortège. Le Congo était en grande partie libéré et le commandant en chef de l’ANC pouvait se passer de Moïse TSHOMBE et de ses gendarmes katangais, qui furent impitoyablement éliminés au cours des deux années suivantes.

FIN


Sources

– Articles parus dans le bulletin Tam Tam Ommegang et particulièrement les récits du col Avi BOUZIN, du col BEM VANDEWALLE, des majors CLOSSET, DEMOL et LEMERCIER, du lt RAES et du lt HENKAERTS (grades de l’époque).
– « Odyssée et reconquête de Stanleyville », par le col BEM VANDEWALLE.
– Dossier « Congo » de la revue Aéro par Roger BRACCO (1985).
– Dossier « Congo » de la Lorgnette, par H. DEMARET (1985).
– Témoignage et photos de Robert FEUILLEN, secrétaire Général des Vieilles Tiges et ancien de la FATAC.
– Photos de la collection VAN de MERKT, via Daniel BRACKX.
– Photos de Léon LIBERT, Henri BERTRAND, Gilbert VERJANS et Charles HEYMANS.
– Témoignage de l’adjudant GERUZET (FATAC) sur le 9T-PKB à Bumba.
– Article de Pierre UYTTENHOVE sur la FATAC paru dans le bulletin de l’amicale Coloniale de Namur.
– Article « As guerras do Congo » de Joâo VIDAL dans « Mais Alto ».
– « Foreign Invaders » par Leif HELSTRÖM et Dan HAGEDORN.


Création de la 5e Brigade Mécanisée

Le plan de reconquête conçu par l’Etat Major du col VANDEWALLE prévoyait la création de la 5e brigade mécanisée avec des officiers et sous-officiers détachés de l’armée belge, des mercenaires sud africains et des ex-gendarmes katangais. Cette nouvelle unité de l’ANC qui n’existait que sur le papier devait fournir l’effort principal de la progression vers Stanleyville et se composait de deux colonnes : Lima 1 qui devait partir de Kongolo sous le commandement du lieutenant colonel LIEGEOIS dans le but de s’emparer de Kindu, où elle serait rejointe par Lima 2, commandée par le lieutenant colonel LAMOULINE. A partir de Kindu, ces deux colonnes commandées par des officiers détachés de l’armée belge, progresseraient ensembles à 48 heures d’intervalle vers Stanleyville sous la protection de l’aviation. Des actions secondaires étaient prévues vers l’objectif par les différents secteurs d’opération Ops Kivu, Ops Nord et Ops Tshuapa. La création de cette brigade débuta en septembre 1964 à Baka. Pendant que des Baluba du grand chef KASONGO NIEMBO étaient recrutés pour former le 8e bataillon de commando, tandis que des Bahemba étaient entraînés à Kongolo pour former le 7e bataillon de commandos. Ces Katangais devaient être encadrés par des mercenaires francophones. La brigade comptait dans ses rangs plusieurs pelotons de sud africains du 5e Bn commando formant les troupes de choc, auxquels s’ajoutaient des unités annexes, tels les pelotons blindés des lieutenants mercenaires BERO et KOWALSKI, le peloton d’armes lourdes (mortiers), le peloton de génie, la police militaire et le service de santé. La tâche des militaires belges était énorme, car il fallait équiper la brigade en véhicules et en armement et assurer le ravitaillement et la solde à près de deux milliers d’hommes. Le 9e Bn commando du major aviateur PROTIN, officier détaché de l’armée belge, et le 10e Bn commando Kansimba du major mercenaire SCHRAMME. Ces deux unités katangaises cantonnées à Manono devaient opérer dans le secteur d’Ops Sud, sur les flancs de la 5e brigade lors de sa progression vers Kindu.

après le départ de la 5e brigade vers Stanleyville, le chef-lieu du Maniéma deviendrait le cantonnement du 21e bataillon d’infanterie de l’ANC. Dès le mois d’octobre, la 5e brigade bénéficia de l’appui de la FATAC, créée par des officiers et sous-officiers aviateurs belges détachés de la Force Aérienne et dont les C-47 assurèrent sa logistique pour la mise en place de la base offensive de Lima 1 à Kongolo. Les dépôts de ravitaillement étaient régulièrement fournis par C-130 et le stock constitué à Baka servait à la 5e brigade pour ravitailler deux fois par semaine les garnisons de Kabalo, Kongolo, Manono et Albertville par C-47 de la FATAC. Plus de deux mille gendarmes katangais étaient à l’entraînement à la base de Kamina, rassemblés dans les 11e, 12e, 13e et 14e et 15e bataillons commandos formant le régiment Baka du colonel TSHIPOLA. Ils étaient chargés de tenir garnison dans la province Orientale après la capture de Stanleyville et de fournir des troupes pour la poursuite des opérations visant à pacifier la province. Le WIGMO, dont les B-26K basé à Kamina Base devaient assurer l’essentiel des reconnaissances sur l’axe conduisant de Kongolo jusqu’à Stanleyville, prépara le terrain pour l’offensive et le 1er octobre1964 ses bombardiers bimoteurs survolèrent Kindu, où ils mitraillèrent le camp militaire de l’APL. Le lendemain, ils attaquèrent celui de Lokandu. L’augmentation des raids aériens nécessitait la livraison de 2000 roquettes par mois et les Etats Unis comptaient sur la Belgique pour satisfaire les besoins de l’offensive générale. L’USAF avait délégué un de ses officiers à Baka et participait aux opérations de ravitaillement de la 5e brigade avec trois Lockheed C-130E du 464th troop Carrier Wing, qui effectuaient deux missions de transport par jour.

A Léopoldville, la Joint Task Force US s’occupait des contacts entre l’ambassade américaine et le gouvernement congolais, ainsi que de recueillir des renseignements et d’assurer la sécurité des aérodromes. Il disposait d’un quatrième C-130 dit « talking Bird », chargé de relayer les communications radio à Washington, et des Boeing RC 97s de reconnaissance qui effectuaient des missions secrètes sous le nom de code de « Running Bear ». Le 9 octobre, le col VANDEWALLE se rendit avec le cpn CLOSSET en Cessna 310 d’Air Brousse à Kongolo, car il espérait donner le départ à l’attaque pour le 15, malheureusement, rien n’était prêt et elle fut reportée de deux semaines. Pendant ce temps, un major de l’USAF était chargé de régler les mouvements aériens des Lockheed C-130E à Baka et le lt col US RATTAN, placé en tant qu’observateur auprès de la 5e brigade, se rendit avec un de ces avions cargos à Manono et à Kongolo, afin d’y contrôler la praticabilité des terrains d’aviation de ces localités. Celui de Kongolo était détrempé par les pluies et devait être rallongé pour permettre l’atterrissage des Lockheed C-130 alourdis par leur chargement. Les pilotes d’Air Congo refusèrent de s’y poser, heureusement, la compagnie aérienne belge BIAS acceptait tous les transports refusés par la concurrence. A Matadi le cargo « Mokaria » déchargea le 17 octobre une cargaison de 6000 roquettes, 200.000 cartouches de 7,62 mm et 50.000 cartouches de 12,7 mm. Le 20 octobre suivant, des C-130E de l’USAF enlevaient à Bierset des caisses d’armes et de munitions de la FN pour l’ANC et 2168 roquettes de 70 mm pour avions. A Langley, dans l’antre de la CIA, l’agent Richard HOLM revenu de deux années d’opérations au Laos et muté à la division Afrique, fut convoqué par Dirk HELMS (Deputy Director of Plans) qui lui annonça que des C-130 devaient transporter des para-commandos belges à Stanleyville le mois prochain et que la CIA aurait besoin d’un homme sur place à partir du mois de décembre pour y collecter des informations. Pour préparer sa mission, il prit des cours de français et se procura de la documentation et des rapports sur les conflits tribaux en Afrique Centrale.

L’appui aérien à la 5e brigade

Le jour « J » de l’offensive sur Stanleyville fut fixé par le col VANDEWALLE au 1er novembre et trois jours auparavant, des Lockheed de l’USAF déposèrent à Kongolo les véhicules de Lima 1, mais les Américains avaient une certaine réticence à transporter des mercenaires et ceux-ci rejoignirent la base de l’offensive en C-47 de la FATAC. Une longue colonne de véhicules se forma sur la route de Kindu, composée de vieux blindés de l’ONU, de jeeps et d’autres véhicules de l’ANC peint en kaki et de camions civils de toutes couleurs, chargés de troupes, de bagages et de ravitaillement. Elle ressemblait au cortège folklorique bruxellois et quelqu’un la baptisa « Ommegang ». A Lumwe, dans la partie de Baka occupée par la Force Aérienne Belge, le lt col VANDEPOEL, remplaçant le lt col DE COCK à la tête de la FATAC, conçut l’ordre d’opération n°1 le 27 octobre avec le concours du major BLUME (Wing Ops/FATAC) et du cpn JACQUEMART (Log/Air). Cet ordre réglait le support aérien des bimoteurs de transport C-47, qui se chargeraient du largage du ravitaillement et celui des hélicoptères H-21qui s’occuperaient des reconnaissances rapprochées et des évacuations sanitaires. Le cpn SCHEPPERS (officier Ops) établit une liaison radio permanente entre la FATAC à Baka et la camionnette-radio Dodge M37 de la 5e Brigade occupée par le cdt WICKS, l’adjoint du maj HOARE. Durant la seconde guerre mondiale, il avait acquis une certaine expérience des contacts radio avec l’aviation et lorsque la 5e Bde/Lima 1 prit son départ vers l’objectif, il se mit en communication avec le pilote du B-26K parti de Baka pour survoler l’axe de progression. Le bimoteur se repéra sur le blindé Ferret qui roulait en tête et dont l’avant et l’arrière était recouvert d’un drapeau rouge. Tout ce qui était en mouvement au-delà de ce signe d’identification convenu était traité par l’aviation.

A Baka, un deuxième bimoteur d’attaque se tenait prêt à intervenir sur demande adressée au responsable du WIGMO, un colonel américain en civil. Les B-26K survolaient à tour de rôle la colonne et communiquaient par radio des informations sur l’itinéraire, attaquant les véhicules et les barrages ennemis. En cas de besoin, les reconnaissances aériennes rapprochées étaient effectuées en Banane volante par le cpn CARPELS et les adjudants CHRISTIAEN et COYETTE, officiers et sous-officiers belges. L’une d’elles fut exécutée par le cpn CARPELS avec le cpn CLOSSET pour vérifier un des points de passage obligé de Lima 1 sur la Lufubu. Le 4 novembre, le lt col VANDEPOEL prit les commandes d’un C-47 pour ravitailler la colonne à cours de munitions. Lors du trajet vers Kindu, le chef de la FATAC, ancien pilote de chasse, fit du rase-mottes au-dessus du fleuve Lualaba. Survolant ensuite la colonne Lima I, il largua des caisses à basse altitude dans une clairière, puis continua vers l’objectif au-dessus duquel il effectua un rapide survol. Lors du passage au-dessus de la plaine d’aviation, le lt col VANDEPOEL constata que la piste de Kindu était encombrée de fûts. Le chef d’EM de l’APL Oscar TSHENDA réclama d’urgence cinquante caisses de munitions au col OPEPE du QG/APL à Stanleyville, « car l’attaque ennemie était très forte ». Peu après, il reçut par télégramme l’ordre du général OLENGA de massacrer tous les Européens de Kindu en cas de bombardement de la ville. Suite à l’avance rapide de la colonne Lima I, il n’en eut pas le temps et dut s’enfuir dans la forêt avec ses Simba.

Les troupes du Lieutenant Colonel LIEGEOIS (Lima 1) occupèrent leur objectif Kindu le 6 novembre avec l’appui des deux B-26K qui balayèrent toute opposition en avant de la colonne. Les otages furent libérés et sauvés d’une mort certaine. Dès la capture de l’aérodrome de cette localité, l’aviation de transport y débarqua d’importants renforts, dont les troupes de Lima 2, des unités de défense d’aérodrome du cpn SERVAIS et le 21e bataillon ANC chargé de tenir garnison. Lors d’une attaque rebelle au pont de l’Elima, sur la route menant à Stanleyville, 45 Simba furent tués par les Sud Africains qui récupérèrent des mortiers de 60 mm portant des inscriptions en chinois. C’était une preuve supplémentaire de l’ingérence étrangère au Congo. L’objectif principal était encore éloigné de 627 km et un soutien aérien accru fut fourni à l’Ommegang par le colonel BOUZIN, officier belge conseiller du général MOBUTU en matière d’aviation. A l’aérodrome de Kindu, la flotte d’appareils comptait plusieurs C-47 et trois des hélicoptères H-21 de la FATAC, un DH Dove de la FAC, le Beechraft d’Air Congo réquisitionné par le col VANDEWALLE, un Curtiss C-46, quatre bombardiers Douglas B-26K, le flight de NA T-28D Trojan retiré de la zone de Bukavu et le flight de T-6G Texan du cpn BRACCO rameuté d’Ikela, qui devait opérer à partir de Punia (maniéma), tandis que le flight de T-28D basé à Lisala restait en alerte. Pendant ce temps à Stanleyville, le cdt de l’APL OKITO chargea le lt MUKUNGU de se rendre à Kindu avec le renfort d’une centaine de Simba. Il n’y arriva jamais car ses véhicules furent surpris par l’aviation en cours de route et détruits à coups de mitrailleuses.

Offensive finale

L’offensive finale démarra le 19 novembre 1964 et pendant que les colonnes de l’Ommegang progressaient vers Stanleyville, la CIA prépara deux missions spéciales, l’une terrestre et intégrée dans l’Ommegang avec un groupe de 18 hommes de main cubains recruté et dirigé par l’agent William « Rip » ROBERTSON (Low Beam Force) qui était chargé de libérer le consul américain de Stanleyville et surtout les trois agents de la CIA capturés en même temps que lui, l’autre aérienne et confiée au WIGMO. Deux des meilleurs pilotes du WIGMO, WC « Budd » MOESSMER et Big Bill WYROZEMSKY, expérimentés dans le mitraillage de précision rejoignirent Baka le 22 novembre, où la CIA les mit au courant de leur mission. Ils se rendirent ensuite en C-46 à l’aérodrome de Punia (Maniéma), placé sous la garde des commandos sud africains laissés par la 5e brigade qui l’avait occupé le 20, afin d’y prendre les commandes de deux monomoteurs Trojan T-28D équipés de pods de lances-roquettes Aero 6A1, amenés sur place par les soins du chef pilote des Cubains Raul PEREZ. Dès que l’opération aéroportée approcherait de l’objectif situé à 400 km de là, ces pilotes devaient soutenir le parachutage que la Belgique et les Etats Unis préparaient depuis le 8 novembre à l’insu des autorités congolaises et du QG/ANC. Pendant ce temps au Maniéma, le 9e commando katangais, privé de l’appui aérien des T-28 envoyés à Kindu, subit des pertes sensibles le 20 novembre dans une embuscade à Pene Lunanga. Les survivants se réfugièrent à Kabambare et le 10e Bn commando katangais mit du temps à se mettre en route pour aller à leur secours, car son chef se considérait exclusivement au service de Moïse TSHOMBE. Il fut menacé d’une attaque par bombardier s’il persistait à désobéir aux ordres du col VANDEWALLE. A Kongolo, un bimoteur C-47 venu y chercher des blessés du 9e commando katangais, ramenés de Kabambare, rata son décollage sur la piste inondée et dut être remplacé. La plaine de limonite de Punia était également détrempée par les pluies, mais elle restait praticable aux Douglas C-47 de la FATAC et au Curtiss C-46 du WIGMO, chargés de l’équipe de maintenance et de ravitaillement pour les Trojan.

Le mauvais temps était général et lorsque le plafond était trop bas, les T-28D restaient bloqués au sol en attendant une amélioration du temps. Dans le secteur d’Ops Nord, la plaine d’aviation de Bumba était également détrempée par les pluies et devenait glissante, particulièrement sur le tronçon débroussaillé pour la rallonger. Lorsque le major COUCKE s’y posa avec un C-47 de la FATAC le 22 novembre, l’avion dérapa lorsqu’il freina pour diminuer sa vitesse et fit un cheval de bois en bout de piste. Le bimoteur fut remis sur ses roues et le major COUCKE retourna à Ndjili, mais les moteurs avaient souffert et certaines parties du circuit électrique ne fonctionnaient plus. Il parvint néanmoins à rejoindre Léopoldville grâce aux prouesses de son navigateur, mais l’équipage avait subi une forte tension nerveuse. Les C-130 de l’US Air Force commandés par le col ISAACSON du Joint Task Force Léo et transportant les para-commandos belges du col LAURENT chargés de l’opération « Dragon Rouge », prévue pour le 23 novembre 1964, atterrirent à Baka deux jours avant le raid et les Américains prirent possession de la tour de contrôle. Sur l’aérodrome, où un Beechraft d’Air Congo l’avait déposé, le col VANDEWALLE apprit que les trois Lockheed C-130E de l’US Air Force qui ravitaillaient l’Ommegang lui seraient retirés pendant quelques jours pour l’opération aéroportée en cours. Le chef de l’Ommegang rejoignit l’état-major de « Dragon rouge » et expliqua au colonel ISAACSON et au chef de « Dragon Rouge » que si l’opération se déroulait le 24, sa colonne serait au rendez-vous à Stanleyville.

Avant l’attaque finale, le WIGMO fit connaître au col BOUZIN les restrictions imposées aux appareils de combat par la CIA : les pilotes cubains des B-26K pouvaient effectuer des reconnaissances lointaines jusqu’aux faubourgs de Stanleyville et au-delà, mais tout survol de la capitale rebelle était interdit jusqu’au parachutage des troupes aéroportées belges pour éviter des représailles contre les otages. Ils consentirent cependant à effectuer des missions de combat jusqu’à 260 kilomètres en avant de la colonne. Le conseiller Air du QG/ANC communiqua les restrictions au colonel VANDEWALLE et au lt col VANDEPOEL. Le WIGMO engageaient en renfort deux B-26K, dont l’un était piloté par le col BOUZIN, et les T-28D de MOESSMER et Big Bill. Un passage de bimoteurs était prévu au sud et au nord de la piste juste avant le saut pour détruire les éventuelles positions de contre-avions. Ils devaient effectuer un deuxième passage en cas de forte opposition. L’appui-feu prévu pour le parachutage était sous la responsabilité du lt col Avi CAILLEAU à Baka . Un des B-26K fut bloqué au sol à Kindu le 22 novembre suite à des problèmes techniques et le « crew chief of maintenance » Willy CALLESEN s’en occupa. La FATAC fit le maximum pour assurer le ravitaillement de la 5e Brigade avec l’aide des deux DC-4 de la BIAS et occasionnellement d’un avion d’Air Congo, tandis que les hélicoptères se chargeaient d’évacuer les blessés. Pour retourner à Kindu le 23 novembre, le col VANDEWALLE dut emprunter plusieurs moyens aériens. Parti en C-47 de la FATAC, il embarqua ensuite dans un C-46 du WIGMO qui se rendait à Punia. Enfin une Banane volante le conduisit à Lubutu pour lui permettre de rejoindre la colonne Lima I.

L’occupation de la capitale rebelle

Après une nuit de repos, l’Ommegang se mirent en route à l’aube du 24 novembre 1964 et roula à bonne allure sous la protection de l’aviation qui ouvrait la route à coups de roquettes et de mitrailleuses. Les deux colonnes se rapprochèrent rapidement de l’objectif où les parachutistes belges, partis de Baka en C-130 de l’USAF, avaient sauté aux premières lueurs de l’aube.

Au point de rendez-vous prévu, les C-130 furent escortés par les bombardiers partis de Kindu, dont la mission était d’éliminer les points de résistance avec l’appui des deux Trojan et de surveiller les axes routiers afin d’empêcher l’arrivée de renforts ennemis. Les avions-cargos Lockheed effectuèrent un passage à basse altitude et lâchèrent 320 para-commandos sur l’aérodrome de Stanleyville.

Plusieurs appareils furent touchés par les tirs des Simba qui disposaient d’une mitrailleuse lourde, mais aucun ne subit de dommages important et des para-commandos foncèrent immédiatement vers la ville pour libérer les otages. La coordination était presque parfaite, car l’Ommegang approchait de Wanie Rukula et n’était plus qu’à cinquante kilomètres de l’objectif.

Depuis une dizaine de jours, l’aviation était mobilisée pour l’attaque principale vers Stanleyville et la colonne Ops Nord du major GENIS partie de Bumba, avançait vers l’est sans bénéficier de l’appui régulier des T-28D. Dès la capture de Stanleyville, le flight du major Big Bill put fournir un meilleur support tactique aux troupes d’Ops Nord lors de leur progression vers Paulis.

Avec plus de moyens, l’offensive aurait pu être complète, car Ops Nord atteignit Aketi le 23 novembre, à 350 km au nord de Stanleyville et pendant ce temps, les troupes d’Ops Kivu se regroupaient à Beni, à 680 km à l’est de la capitale rebelle, en vue d’attaquer vers Bunia.

L’appui de deux T-28D était demandé pour cette opération. Dès que les C-130 se posèrent sur l’aérodrome de Stanleyville, deux « combat controller » du 5th USAF Aerial Port squadron occupèrent la tour de contrôle et le cpn Don STROBAUGH se chargea de coordonner les opérations aériennes, y compris l’appui-feu.

L’aérodrome connu une énorme affluence d’avions. Après les avions-cargos de l’USAF, premiers à atterrir, ce fut au tour des T-28D de MOESSMER et de Big Bill à court de munitions, suivis des autres avions de combat du WIGMO. Ils avaient détruit une dizaine de véhicules aperçus sur la route de Bafwasende et attendaient le C-46 avec les munitions pour repartir à l’attaque des nids de rebelles et des positions de mortiers à l’est de l’aéroport. Les T-6G de la 21e escadrille se posèrent également pour se ravitailler et les C-47 de la FATAC amenèrent des vivres et des munitions, suivis de deux DC-6B de la Force Aérienne Belge. L’un d’eux fut contraint de rester sur place pour réparation, car il avait été touché lors de son atterrissage.

Un des C-130 en configuration d’hôpital de campagne accueillait les otages blessés et d’autres, renforcés par des DC-6 de la Force Aérienne Belge, des Beverley de la RAF et des Noratlas de l’Armée de l’Air, embarquaient les réfugiés et décollaient en direction de Léopoldville. Lorsque l’avant-garde de Lima 1 parvint aux abords de la ville dans la matinée du 24, une fusée rouge fut tirée afin d’avertir les parachutistes de l’arrivée de la 5e brigade.

Le col VANDEWALLE se dirigea vers l’aérogare qui servait de PC aux para-commandos, et y retrouva le major HARDENNE, officier d’opération des parachutistes belges. Le cdt VERDIKCKT, S-2 de l’EM/5e brig débarqua du Piper Apache « 9Q-CEY » de la Sectraco et fut chargé d’organiser la recherche des otages isolés. Près de 1600 otages et réfugiés avaient été sauvés et transportés par les nombreuses navettes aériennes vers Léopoldville où le major COUCKE et le cpn JACQUEMART de l’EM/Air, officiers détachés de la Force Aérienne Belge, s’occupaient de leur évacuation vers l’Europe ou les Etats Unis.

Les Cubains de Rip ROBERTSON escortèrent à l’aéroport le personnel du consulat américain, dont les trois agents de la CIA sortis indemnes de l’enfer de Stanleyville, malheureusement, beaucoup d’Occidentaux avaient été massacrés dont le docteur CARLSON. Venant de Kindu dans son nouvel avion VIP, un Beechraft vert et or acheté à l’Aga Khan et immatriculé 9T-BHA, le général MOBUTU débarqua sur l’aérodrome du chef-lieu de la province orientale avec les col BOUZIN et MARLIERE, satisfaits de la victoire.

La 5e Brigade en garnison à Stanleyville

L’aérodrome de l’ex-capitale rebelle servit de base de départ pour une deuxième opération aéroportée des troupes aéroportées belges lancée sur Paulis trois jours plus tard, après quoi les para-commandos regagnèrent la Belgique, laissant à la 5e brigade le soin d’établir l’occupation de la ville et de poursuivre le sauvetage des otages dans les localités isolées.

Une des trois Banane volante basées à Stanleyville se rendit à Wanie Rukula escortée par trois T-28D pour y chercher les corps du journaliste Georges CLAY et du mercenaire Freddy BASSON, dont les corps étaient restés dans un véhicule abandonné en panne lors du rush de l’Ommegang sur la capitale rebelle.

Stanleyville s’étendait sur les deux rives du fleuve et les mercenaires du groupe blindé KOWALSKY le traversèrent en bateau après l’attaque à la roquette des T-6G sur les positions rebelles de la rive gauche. La majorité des otages y avaient été horriblement tués par les Simba et les rares survivants furent sauvés par miracle.

Jerry PUREN avait débarqué d’un bimoteur de la FATAC et paradait à Stanleyville en uniforme de lieutenant colonel de la FAC. Le ballet aérien se poursuivit durant plusieurs jours pour ravitailler la garnison et l’aviation d’appui intervint à plusieurs reprise pour aider les UDA katangais qui défendaient la piste contre les infiltrations ennemies.

La défense de l’aérodrome fut ensuite renforcée par le régiment katangais Baka aérotransporté en DC-4 de la BIAS. L’Etat Major de la 5e brigade disposait de l’appui aérien du flight de la 21e escadrille, de deux B-26K et de quatre T-28D du WIGMO pour effectuer des missions d’attaque contre les positions rebelles ou pour appuyer les raids lancés autour de la ville et les reconnaissances. Ils suffisaient néanmoins aux besoins tactiques de la garnison.

Une opération de sauvetage fut demandée à Mike HOARE par l’ambassadeur de Grande Bretagne pour retrouver neuf missionnaires anglais à Yakusu et le cpn CARPELS mit ses hélicoptères à sa disposition.

Le major HOARE rassembla un de ses pelotons de commandos à l’aérodrome et son adjoint Alastair WICK se rendit à la tour de contrôle pour demander un support aérien aux Cubains. Ils se rendirent ensuite à Yakusu et y sauvèrent les otages, mais lors du retour vers Stanleyville, le pilote du T-28D qui les survolait perdit une de ses roquettes qui détruisit une jeep et blessa sérieusement un Sud Africain. Une Banane volante se posa sur la route pour l’évacuer.

Les Simba tentaient de reprendre le terrain perdu à Stanleyville et le 28 novembre 1964, les avions observèrent des rassemblements suspects dans la commune indigène de Mangobo jouxtant l’aéroport. Des groupes s’infiltrant par le golf furent mitraillés par les T-28D et les T-6G, mais le lendemain, les Simba poursuivirent leurs tentatives d’infiltration et des bombes de mortiers tombèrent près de l’aérodrome, dont la piste était sous le feu d’armes d’infanterie.

Les Américains déclarèrent que leurs Lockheed C-130E ne s’y poseraient plus. A chaque décollage ou atterrissage d’un avion de transport, les commandos katangais de garde à l’aéroport se mettaient en position de tir et les Trojan prenaient l’air, puis viraient sur l’aile et envoyaient leurs roquettes sur les positions rebelles.

Leur attaque stoppait pour quelques temps la fusillade et permettait les mouvements aériens. Un de ces straffing permit l’atterrissage de deux DC-4 en provenance de Baka, dont celui de la BIAS, piloté par le cdt DE BIEVRE. A peine déchargé de ses munitions, le quadrimoteur reprit la direction du sud, vers Baka avec escale à Kindu. Le DC-4 OO-DEP devait revenir dans la soirée à Stanleyville avec un nouveau chargement pour la garnison et regagner la base de Kamina vers 21h00 avec des passagers.

Lors de ce dernier départ, le DC-4 quitta la piste et prit feu. Il fut difficile d’établir la cause de l’accident : fatigue du pilote ou tirs rebelles, mais le lt col LIEGEOIS qui rentrait en Europe fut blessé et plusieurs des occupants de l’avion furent tués, dont le commandant de bord Léon DE BIEVRE. L’épave devait être inspectée pour connaître la cause exacte de l’accident, mais les Sud Africains s’amusèrent à la truffer de plomb, compliquant le travail de la commission d’enquête composée de membres d’Air Congo et de l’ICAO envoyée sur place.

Bases Opérationnelles

L’aérodrome de Stanleyville servit de base opérationnelle à la FATAC et au WIGMO, dont les équipes de maintenance se partageaient les installations d’Air Congo. L’aérogare fut remise en état et son réseau radio amélioré afin de l’adapter à ses nouvelles fonctions.

Depuis la chute de la ville, la voie du fleuve était bloquée par les rebelles et le carburant devait être transporté par Lockheed C-130. Une mise en défense de la ville s’imposait, car le manque de moyens empêchait de lancer de nouvelles opérations.

Le 2 décembre 1964, une dépêche de presse annonça que 12 avions chargés d’armement destinés aux rebelles avaient fait escale à Khartoum (Soudan) et peu après, de nombreuses armes d’origine communiste furent introduite par la frontière du nord-est pour armer les Simba.

Isolée en territoire rebelle, Stanleyville souffrait d’une pénurie de ravitaillement en vivres et en carburant et un convoi fluvial de l’Otraco partit de Bumba le 11 décembre et remonta le fleuve Congo sous la protection des B-26K avec du ravitaillement, mais les Simba tenaient solidement les rives du fleuve Congo et il dut faire demi-tour.

Deux semaines après le raid éclair des para-commandos belges qui y avait évacué plus de 300 Occidentaux, Paulis fut occupée le 9 décembre 1964 par la colonne d’Ops Nord dont les troupes parties de Bumba avaient libéré 787 Européens au cours de leur périple. L’hélicoptère du cdt BROKKEN accompagnait la colonne, dont un des camions était chargé du carburant nécessaire à son ravitaillement.

L’aérodrome du chef-lieu des Uélés devait devenir la seconde base opérationnelle du WIGMO pour aider l’ANC dans sa lutte contre la rébellion dans le nord-est du pays et sa plaine d’aviation fut débarrassée de ses obstacles et mise en état de défense.

Comme Stanleyville, cette ville était isolée en région rebelle et bénéficiait d’un ravitaillement par C-130E de l’USAF et C-47 de la FATAC. Chaque avion-cargo américain était accompagné d’un détachement du 504th infantry airborne qui se disposait aux quatre coins de l’appareil dès l’atterrissage pour assurer sa protection durant le déchargement.

Le même jour, au retour d’un raid de sauvetage sur Niangara et Dungu, le major GENIS et le lt GLORIEUX, officiers détachés de l’armée belge, tombèrent dans une embuscade. Le cdt BROKKEN se posa près de la colonne pour évacuer les blessés, mais ils succombèrent à leurs blessures et le major GENIS fut remplacé par le cpn DEFREYNE.

Les troupes d’Ops Nord parvenues à Paulis passèrent aux ordres de la 5e brigade le 11 décembre et le col VANDEWALLE s’y rendit en C-47 de la FATAC pour se rendre compte de la situation sur place. Des avions T-28D du détachement de Stanleyville intervinrent à Opala le 5 décembre, car un peloton de Sud Africains se disait encerclé par les Simba et une colonne formée par Mike HOARE partit le 14 décembre de la rive gauche de la ville pour aller à leur aide.

Le 5e Bn commando effectua plusieurs opérations de sauvetages dont un périple autour de Stanleyville, de Banalia à Bafwasende, pour sauver des otages en danger de mort. Mike HOARE proposa à l’EM 5e brigade d’effectuer un raid héliporté à Wamba, mais les risques d’échec étaient trop grands et ce fut refusé.

Redisposition de l’appui

Peu après sa formation, le deuxième flight de T-6G de la 21e escadrille fut confié au Capitaine DAVRINCHES et en décembre 1964, il fut basé temporairement à Léopoldville car on y craignait une attaque des rebelles basés au Congo-Brazza. Il y fut rejoint par un détachement de T-28D du WIGMO et ces avions rassurèrent la population de la capitale en effectuant des patrouilles aériennes.

Le détachement du WIGMO qui avait rejoint Paulis avec la colonne d’Ops Nord fut affecté à Bunia le 25 décembre à la demande d’Ops Kivu, privé depuis le 19 novembre d’appui aérien au profit de la 5e brigade.

L’aérodrome de cette localité de l’Ituri (nord-est du Congo), troisième base opérationnelle du WIGMO dans le nord-est, avait une piste en « dur » accessible au DC-4. Cette localité était un nœud routier important et était occupée depuis le 1er décembre1964 par les commandos du Kivu (Codoki) et par le 53e peloton Sud Africains de l’ANC.

Dans cette nouvelle affectation, le major Big Bill, dont les appareils étaient ornés du buffle « Makasi », collabora plus étroitement avec les troupes d’Ops Kivu qu’il ne l’avait fait auparavant avec celles d’Ops Nord.

Suite à livraison de nouveaux appareils par les Etats Unis, chaque détachement du WIGMO reçut un T-28D supplémentaire. Deux fois par jour, ils effectuaient des missions d’observation par paire, surveillant les routes menant aux frontières de l’Ouganda et du Soudan par lesquels des convois d’armes entraient au Congo. Les pilotes observaient l’activité des rebelles et détruisaient tous les véhicules repérés.

Le 17 décembre 1964 près de Mahagi, le pilote cubain Fausto GOMEZ, dit « El Toro » accrocha un arbre lors d’une de ces missions alors qu’il attaquait un véhicule ennemi à basse altitude. Son ailier connaissait le point de chute du Trojan et communiqua les coordonnées à Bill WYROZEMSKI dès son retour à Bunia. Celui-ci demanda aux commandos du Kivu d’effectuer un raid en zone dangereuse pour retrouver le corps du pilote, car la CIA exigeait la preuve de sa mort pour verser l’assurance-vie à sa veuve. Ils retrouvèrent les débris de l’appareil, mais les Simba étaient passés avant eux.

L’équipe de l’ATMB d’Ops Kivu se composait du Lieutenant-Colonel TOURON, des lieutenants HENCKAERTS et TROOSTERS et de l’adjudant WARNANT. Ces officiers et sous-officiers détachés de l’armée belge organisèrent une base avancée à Bunia pour rayonner dans la région avec l’appui des Trojan et organisèrent le sauvetage d’Européens avec le 53e peloton SA et les CODOKI. Profitant du passage d’un aviateur-missionnaire à Bunia, le Lieutenant HENCKAERTS demanda à prendre place dans son Piper Cub de couleur rouge pour observer du haut des airs la progression d’une patrouille envoyée vers Mahagi, mais il lui fut impossible de les contacter par radio.

Les hommes de la patrouille n’ayant pu être avertis, ils dressèrent leurs armes automatiques vers le ciel au passage de cet avion inconnu. L’officier se rendit compte du danger lorsqu’il survola leur colonne de véhicules et demanda au missionnaire de remonter le plus vite possible à une altitude de sécurité. Il réussit enfin à établir un contact radio et les armes s’abaissèrent, mais il avait eu chaud.

Plus au nord, des bombardiers B-26K en action contre les rebelles détruisirent plusieurs camions chargés d’armes près de la frontière soudanaise.

A la mi-janvier 65, des T-28D envoyés de Stanleyville et de Bunia et des B-26K opérèrent dans le secteur d’Albertville pour Ops Sud. Ils détruisirent des embarcations chargées d’armes et de munitions sur le lac Tanganyika et attaquèrent des camps rebelles dans la région de Fizi-Baraka.

La garnison de Paulis comptait une section du peloton blindé BERO qui avait rejoint par C-130, le peloton para-mercenaires NODDYN qui logeait à l’hôtel Negbe, une compagnie réduite de gendarmes katangais, une compagnie de parachutistes congolais, le peloton commando Yakoma et le 52e peloton commando Sud Africain qui occupaient la brasserie Makasi transformée en fortin. Ils l’avaient remise en marche pour leur compte et les soldats de la garnison comptaient parmi leurs meilleurs clients. Leur production était à peine buvable, mais le buffle Makasi (fort) qui ornait les étiquettes des bouteilles de bière fut adopté par les pilotes cubains basés à Paulis qui le peignirent sur leur T-28 et il servit ensuite d’emblème à tous les appareils du WIGMO.

Les B-26K basés à Stanleyville attaquèrent le 18 décembre une localité proche de Paulis, où était signalée une concentration de rebelles. Du QG d’Ops Nord à Paulis, le Major YOSSA, réclama des troupes supplémentaires car les rebelles s’étaient lancés à l’attaque le 25 décembre. Une colonne commandée par le Major SAINT partit de Stanleyville le 27 décembre par la route pour renforcer la garnison que les B-26K et les T-28D du détachement de Stanleyville appuyaient en cas de besoin. Ils incendièrent à coups de mitrailleuse un dépôt de carburant situé en zone rebelle. On craignait une attaque de rebelles tutsis sur Kamembe et les Simba restaient très actifs dans la région de Nya Ngezi, à 45 km au sud de Bukavu.

L’odyssée d’un agent de la CIA

L’activité de la CIA en Afrique augmenta notablement en 1965 et Frank CARLUCCI, consul US à Zanzibar, en fut expulsé le 19 janvier, soit six jours avant l’arrivée de Gaston SOUMIALOT et de quatre de ses officiers invités par les autorités tanzaniennes.

A Langley, Richard HOLM se concerta avec l’officier rescapé de Stanleyville qui l’aida à préparer sa mission de reconstitution du réseau du nord-est et qui insista pour l’accompagner sur place afin de lui donner un coup de main. Le but de l’Agence était de collecter des informations sur la présence, les activités et les lignes de ravitaillement des Simbas dans la province Orientale.

Le 26 décembre 1964, ils quittèrent les Etats Unis pour Bruxelles, où ils se concertèrent avec des officiers de la CIA en poste dans la capitale de l’Europe, puis ils gagnèrent Léopoldville. Un contre-ordre fut envoyé de Langley au “senior officer” lui interdisant temporairement de retourner à Stanleyville et Richard HOLM partit seul et effectua plusieurs navettes entre cette ville et la capitale sans réussir à renouer le contact avec les anciens informateurs. Tout le réseau du nord-est du Congo s’était dissout suite aux événements. Suite à cet échec, Langley autorisa en février 1965 l’officier de renseignement, sauvé des griffes des Simba, d’accompagner l’agent HOLM à Stanleyville pour reprendre contact avec les anciens informateurs du réseau qui y était établi.

Deux des membres de ce réseau étaient originaires de Bunia et Richard HOLM se proposa de visiter cette localité de l’Ituri, proche de l’Ouganda d’où provenait une grande partie du ravitaillement des rebelles. Langley approuva son choix et le 12 février, un Curtiss C-46 du WIGMO chargé de ravitaillement le déposa à l’aérodrome de Bunia, situé à quelques kilomètres de la localité. Il fut accueilli par « Big Bill » WYROZEMSKI qui logeait au Bunia Palace, un des quatre hôtels de cette agglomération désertée par ses habitants.

Une des priorités de la mission de Richard HOLM était de repérer l’endroit où s’étaient réfugiés les Simbas après avoir été chassés des lieux par les Codoki et les Sud Africains, et de tenter de connaître leurs intentions futures.

Les T-28D basés à l’aérodrome suffisaient déjà à motiver une action hostile et la garnison était assez pauvre en moyens. Peu de temps après son arrivée, il réussit à prendre contact avec un des agents qui avait fui le chef-lieu du Haut Congo dès l’arrivée des Simbas. Il lui assura que les rebelles avaient quitté la région et se porta volontaire pour retourner en mission d’espionnage à Stanleyville. Tout ce qu’il avait récolté comme renseignements depuis sa fuite fit l’objet de trois rapports qui furent transmis à Léopoldville le lendemain.

La CIA suspectait que les rebelles recevaient de l’armement à travers la frontière et Big Bill accepta que son collègue de la CIA effectue un vol d’observation avec les T-28 vers Faradje et plus au nord, vers la frontière du Soudan.

Les appareils du détachement WIGMO effectuaient régulièrement des missions au-dessus de la zone rebelle à la recherche d’objectifs et tiraient sur tout ce qui bougeait.

Le 17 février au matin, il se rendit à l’aéroport, où l’attendaient deux des pilotes cubains et leur montra sur la carte la région à survoler. Ensuite, il prit place à l’arrière comme observateur dans le T-28 du pilote Juan PERON. Son appareil et celui de Juan TURON étaient dépourvus de roquettes pour cette mission et décolèrent en direction du nord.

Richard HOLM avait déjà exécuté ce genre de mission au Laos, mais la différence était que contrairement au Pathet Lao, les Simbas des Uélés n’avaient pas de DCA.

Les Cubains étaient de bons pilotes jeunes et expérimentés. Juan PERON avait appris l’art du pilotage à Cuba, puis s’était exilé aux Etats Unis après la chute de BATISTA. En 1963, il avait signé un contrat avec la société CARAMAR qui lui avait donné un entraînement sur T-6 Texan avant de l’envoyer au Congo en novembre 1963. L’année suivante, il avait été converti sur T-28 Trojan et sur Curtiss C-46. Sa mission d’observation venait en deuxième priorité et après une demi-heure de vol, PERON aperçut trois camions à cent mètres d’un croisement et les attaqua à coups de mitrailleuses avec son collègue, effectuant deux passages au-dessus de l’objectif.

Mission dramatique

Les pilotes devaient accomplir leurs missions sans météo et l’aide à la navigation était quasiment inexistante. Lorsque les Cubains reprirent de l’altitude, ils s’aperçurent que le temps avait changé. De lourds nuages chargés de pluies s’approchaient et PERON comprit qu’il valait mieux retourner à Bunia.

La tornade fut sur eux et ils se retrouvèrent en plein dans pluie torrentielle. Juan PERON descendit au-dessus de la forêt, cherchant une éclaircie parmi les arbres, tandis que Juan TURON préféra rester en altitude. A la vue d’une clairière, PERON fit demi-tour et tenta un atterrissage de fortune. Cela se passa plutôt mal que bien, mais le pilote et son passager réussirent à s’extraire de l’appareil avant l’explosion. Richard HOLM était gravement brûlé et pouvait difficilement se déplacer. Heureusement, ils furent recueillis par les habitants d’un petit village d’Azande qui les nourrirent et leur racontèrent qu’un autre avion s’était crashé le même jour à quelques distances de leur village, peu éloigné de Faradje et de la frontière soudanaise. PERON fut guidé par les indigènes vers l’épave du T-28D de son collègue et en fouillant dans le cockpit, il récupéra des cartes et quelques objets. Ils ne découvrirent aucune trace de Juan TUNON et retournèrent au village. On ne retrouva jamais ce pilote et plus tard, des missionnaires délivrés de Faradje déclarèrent le 12 avril qu’un Cubain avait été capturé dans la région par les Simbas qui l’avaient tué et mangé.

L’enceinte de la CIA à Langley abrite un mémorial que peu d’Américains peuvent contempler, c’est celui des agents morts en service. Il représente une constellation de 77 étoiles noires, une pour chacun d’entre eux. On n’y verra aucun nom des Cubains morts pour la liberté lors du débarquement de la baie des Cochons organisé par l’Agence en 1961, ni celui des disparus lors des missions aériennes du Wigmo contre les rebelles communistes au Congo, mais l’on y trouve le nom du pilote américain John MERRIMAN.

Gravement blessé lors d’un crash aérien en 1964, alors qu’aucun Américain n’était supposé combattre au Congo, il fut retrouvé et soigné dans de mauvaises conditions, puis finalement évacué par avion vers un hôpital de l’US Army à Puerto Rico, mais y décéda des suites de ses blessures.

Grâce au chef du village Azande qui haïssait les rebelles, Juan PERON fut conduit à Paulis par des indigènes afin d’y chercher du secours pour l’agent américain. Avant le départ, le Cubain donna son parachute aux villageois et leur demanda de l’étaler au sol dès qu’ils entendraient un avion. Ils partirent le 19 février par des chemins de brousse, se déplaçant à bicyclette, avançant avec précaution, car les rebelles rôdaient encore dans la région.

Pendant ce temps à Bunia, Big Bill avait donné l’alerte et des recherches aériennes furent entreprises à partir de cet aérodrome et de celui de Paulis. L’Air Officer connaissait la région que ses pilotes devaient survoler, mais il ignorait le passage d’une tornade.

Le 25 février, Juan PERON et les congolais atteignirent un avant-poste de mercenaires, situé à trente kilomètres de Paulis. Ils y furent conduits en camion et se rendirent directement au détachement du WIGMO où Juan PERON insista pour Richard HOLM fut évacué par hélicoptère.

L’officier d’opération entra en communication avec Léopoldville et mit ses supérieurs au courant de l’état de l’agent CIA qui envoyèrent à Paulis un Lockheed C-130E avec un médecin. La FATAC accepta d’envoyer la Banane volante basée à Paulis pour récupérer l’agent américain et elle décolla deux heures plus tard en direction du nord vers le village Azande. Les pilotes cubains n’avaient qu’une confiance limitée dans les qualités de vol de ces appareils birotors et Juan avait préféré prendre place dans le T-28 d’escorte. Bien lui en prit, car lorsque le pilote manoeuvra pour se poser au centre du village, il accrocha des branches avec ses pales et se crasha. Aucun des occupants n’était blessé et les bicyclettes que les indigènes avaient emportées avec eux n’avaient pas souffert de la chute, mais l’hélicoptère était gravement endommagé.

Le lendemain, un nouvel hélicoptère parvint au village et ramena le blessé qui fut immédiatement transporté aux Etats Unis. Ce nouveau contretemps retarda quelque peu les opérations de renseignements menées par l’Agence américaine dans le nord-est. Pour remercier les villageois, la CIA parachuta des vivres et des médicaments au-dessus du village Azande, dont le chef devint un précieux auxiliaire dans la lutte menée contre les rebelles par les Espagnols du 2e choc.

A Bunia, Big Bill stoppa les recherches devenues inutile et la ronde des missions reprit. Un autre appareil se planta au décollage et il ne resta plus qu’un T-28D pour accomplir les missions journalières et d’autres furent envoyés en remplacement. L’épave de l’appareil endommagé servit de stock de pièces de rechange pour réparer les autres monomoteurs. Ses lances-roquettes furent récupérés et installés sur le camion Réo des Codoki transformé en mini-orgue de Staline.

Ravitaillements des opérations

Suite à l’augmentation des besoins en ravitaillement, la FATAC dut augmenter le nombre de missions afin d’assurer la logistique à tous les secteurs d’opérations et particulièrement vers Albertville et Stanleyville à partir de Baka.

Dans l’Equateur, Lisala était devenue la plaque tournante du ravitaillement d’Ops Nord. Des DC-4 en provenance de la capitale y déposaient régulièrement leur chargement et le Lieutenant CAUFFMANN, officier détaché de l’armée belge, disposait de deux C-47 pour assurer leur transfert à Paulis, d’où les bimoteurs assuraient au retour l’évacuation des otages libérés durant les raids de sauvetage.

Les hélicoptères mis à la disposition de la 5e Brigade et celui d’Ops Nord assuraient les évacuations sanitaires ou la recherche de réfugiés. Depuis le 15 septembre, ils avaient effectué près de 600 heures de vol et en dehors des missions de transport de fret et avaient évacué 84 blessés et 210 personnes, dont la moitié lors d’opérations de sauvetage, tandis que les C-47 en avaient évacué près de 300.

Dans des conditions souvent éprouvantes, ils effectuaient le transport de troupes et de matériel pour l’ANC et cela n’avait rien à voir avec les missions effectuées en Belgique, car le troupier congolais se déplaçait généralement avec sa famille, son mobilier, ses ustensiles de ménage, ses chèvres et ses poules. Faute de parachutes, les pilotes de ces appareils avaient mis au point le largage de ravitaillement à basse altitude et à vitesse réduite, moteur gauche au ralenti pour éviter l’effet de souffle.

Au cours d’un entretien avec le Général MOBUTU, le Colonel VANDEWALLE insista pour que l’EM de la 5e brigade, qui se substituait à l’ex-3e Groupement/ANC à Stanleyville, fut africanisé et il demanda que le Colonel MULAMBA prenne sa place à la tête de la 5e Brigade Mécanisée, ce qui fut fait début janvier 1965.

Le 5 janvier 1965, le ministre TSHOMBE effectua une visite à Stanleyville et fut accueilli à l’aérodrome par le Colonel MULAMBA et par le Lieutenant-Colonel ITAMBO, promu commandant de la place.

Une semaine plus tard, un convoi de huit barges de l’Otraco atteignit la ville, protégé par des T-28D sur la fin de son parcours.

Dans le nord du Congo, des rebelles venus du Congo-Brazza traversèrent le fleuve et attaquèrent la localité de Nkolo le 24 janvier, mais ils furent mitraillés par des appareils militaires.

Dès que la plaine d’aviation fut occupée par l’ANC, un avion léger de la FAC s’y posa pour évacuer les Européens.

Durant les premiers jours du mois de février, la ville de Bumba qui avait été occupée par les troupes d’Ops Nord le 15 octobre 1964, fut attaquée à plusieurs reprises par des maquisards simbas et des renforts de l’ANC y furent envoyés, ainsi que le flight de T-6G du Capitaine DAVRINCHES.

Ce pilote avait participé à la guerre d’Algérie où il avait volé sur Texan T-6G, mais il avait eu des ennuis en France pour avoir suivi le Général CHALLES lors du putsh d’Alger.

Ce flight fut rejoint le 6 février 1965 par le flight du Capitaine BRACCO muté de Stanleyville.

Quelques temps plus tard, Roger BRACCO et Léon LIBERT furent approchés par le WIGMO qui était à la recherche de pilotes expérimentés, car certains Cubains nouvellement engagés n’avaient pas plus de cent heures de vol à leur actif. Ils signèrent leur contrat à Léopoldville et suivirent une formation sur T-28D à Ndjili. La 21e escadrille dit également adieu au Lieutenant-Colonel PUREN qui avait été licencié par le Général MOBUTU le 14 janvier 1965 et remplacé par le Capitaine WOJICK, puis par le Major Pierre NOEL, ancien pilote de Spitfire à Coxyde.

Après avoir subi quatre attaques rebelles, un premier convoi fluvial parvint à Stanleyville le 26 janvier 1965. Il apportait assez de carburant pour assurer le ravitaillement des 80 véhicules chargés de 700 hommes destinés à renforcer Paulis. Cette colonne comprenait le 8e Bataillon Commando Katangais, le groupe para-mercenaires NODDYN, qui rejoignait Paulis après un congé, le groupe blindé KOWALSKI, des parachutistes congolais et quelques Sud Africains, soit 100 Européens et 600 Africains.

Les difficultés de communications avec les pilotes cubains parlant surtout espagnol provoquaient des problèmes et le Lieutenant ABESSION-CONDE, mercenaire d’origine hispanique, fut chargé des liaisons radio sol-air de la colonne.

Ce renfort de troupes devaient ensuite libérer les localités encore aux mains des Simbas, telles Watsa et Faradje.

La colonne fut placée sous le commandement du major Siegfried MUELLER, qui avait eu de l’avancement depuis la Tshuapa. La veille de son départ, la colonne de véhicules et les troupes furent passées en revue par le Général MOBUTU et le Colonel MULAMBA. Le départ eut lieu le 6 février, mais plusieurs embuscades retardèrent l’avance, notamment celle de Bafwasende qui fut très coûteuse en hommes et en matériel.

Appui aérien à la colonne MUELLER

 

L’appui aérien à la progression de ces renforts était fourni par trois B-26K à partir de Stanleyville et par quatre T-28D à partir de Paulis, tandis que des H-21 « Banane volante » étaient disponibles dans ces deux localités.

Un des avions chargés de dégager la colonne remonta la route sur sa droite en crachant le feu dans la végétation, mais arrivé à hauteur de l’avant-garde, il fut dévié par une turbulence et toucha plusieurs véhicules du groupe para NODDYN, causant quelques pertes, dont le Lieutenant congolais Gérard.

Pris de fureur, des hommes de la colonne vidèrent leurs armes vers le ciel. Certains accusèrent le Lieutenant ABESSION-CONDE d’avoir donné de mauvaises indications aux pilotes cubains. Herr Major MUELLER réclama du ravitaillement et l’évacuation des blessés par hélicoptères H-21. La colonne de secours organisée par le Capitaine MARCHAL et le groupe blindé BERO à partir de Paulis se dirigea à leur rencontre et atteignit Wamba, mais la Banane volante qui s’y posa le 12 février pour évacuer un blessé fut endommagée à l’atterrissage et dut être abandonné sur place.

A Stanleyville, le Lieutenant RAES, officier détaché de l’armée belge (ATMB) organisa la confection de ballots de vivres et de munitions qu’un C-47 de la FATAC se chargea de larguer au-dessus de la colonne à basse altitude et sans parachute. Le pilote dut effectuer trois passages et les largueurs balançaient les colis au plus près de la route sans toucher la troupe en défensive.

Lors du retour à Stanleyville, le Lieutenant RAES remarqua deux ou trois impacts dans l’appareil, mais impossible de savoir s’ils étaient dus à des tirs amis ou ennemis. Néanmoins, il apprit par la suite que le largage n’avait pas été apprécié par tous, car certains chargements s’étaient dispersés au contact du sol et avaient atterri tous près des combattants rendus nerveux par l’embuscade.

Les hélicoptères FG-673, FG-677, FG-378 et FG-322 évacuèrent les blessés et l’un d’eux déposa le 10 février, le Major FRANCOIS, officier détaché de l’armée belge (ATMB) faisant fonction de S-3 au sein de la 5e brigade. Il réorganisa la colonne qui était dans un piteux état et prit la place de « Kongo MUELLER » incapable de faire face à la situation. Sa colonne rejoignit le groupe BERO à Wamba et ils continuèrent leur route ensembles vers Paulis qu’ils atteignirent le 11 février 1965.

Le QG/ANC, abandonnant l’idée d’opérer à partir de Paulis, choisit Bunia comme point de départ de l’opération visant à contrôler le nord-est du pays d’où parvenaient de l’armement et des munitions destinés aux rebelles. Ce ravitaillement était débarqué d’avions à l’aérodrome d’Arua (Ouganda) où de nombreux atterrissages étaient signalés, dont celui d’un DC-3 transportant Gaston SOUMIALOT.

Un nouveau contingent de mercenaires anglophones, entraîné à Baka dès le 20 janvier, fut envoyé à Bunia le 26 février et défila dans la localité avec Mike HOARE à leur tête. Ils étaient chargés du bouclage des frontières du nord-est.

Peu après le départ des pilotes BRACCO et LIBERT engagés par le WIGMO, une opération de sauvetage fut organisée à partir de Bumba sur l’insistance du Lieutenant CAUFFMANN, officier détaché de l’armée belge. Il s’agissait d’évacuer une religieuse isolée en pleine région rebelle à 60 km de là. Le Commandant BROKKEN et l’Adjudant ALLAEYS de la FATAC, qui avaient poursuivi des missions de soutien et de recherches de réfugiés depuis Bumba, acceptèrent avec enthousiasme d’y participer aux commandes de leur Banane volante et le Capitaine DAVRINCHES fut d’accord pour assurer la sécurité de l’opération avec son flight. L’opération fut un succès total, mais il fallut également évacuer les orphelins dont s’occupait sœur Thérèse, membre de la congrégation des Filles de la Sagesse.

Suite à une relève de l’équipe ATMB de Paulis, le Lieutenant RAES se rendit à Paulis le 20 mars 1965 pour y assurer l’intérim. Le secteur d’Ops Nord commandé par le major YOSSA était assez calme et la garnison se composait d’un peloton de durs à cuire, mercenaires très disciplinés, survivants du groupe « NODDYN », et commandés par Marc GOOSSENS, d’une compagnie de Katangais qui cantonnait au camp militaire et d’un groupe de mercenaires du troisième âge sans véritable formation militaire calfeutrés dans une usine de savon. Ces derniers ouvraient le feu aussi vite que les Katangais au moindre bruit suspect. La plaine d’aviation était gardée par des UDA katangais et deux T-28D y stationnaient, tandis qu’un troisième gisait à l’état d’épave.

Dès que les Katangais et les pépés mercenaires déclenchaient une fusillade, le chef de ce détachement du WIGMO prenait l’air dans un de ses appareils. Le 22 mars, une pétarade intense se déclencha, agrémentée de coups de mortiers. Le Lieutenant RAES se rendit sur les lieux, mais il n’y avait pas lieu de s’inquiéter, car l’affaire se résumait à une fusillade sur trois supposés rebelles.

Le chef du détachement WIGMO se plaignit en anglais au Lieutenant RAES qu’ « il n’avait pas été prévenu des événements et que sa sécurité au sol avait été négligée » et il ajouta « I remember you we are civilians and not trained for ground fighting », pourtant les membres de ce détachement avaient assez d’armes pour soutenir un siège dans l’aérogare transformé en fortin. Il logeait dans une habitation proche de l’aérogare et recevait un ravitaillement régulier, dont du whisky à faire pâlir d’envie les Sud Africains.

Au QG/Ops Nord, installé dans une mission, le Lieutenant RAES recevait régulièrement les rapports de mission des Cubains, dont pas une sortie s’effectuait sans un score de véhicules, locomotives et wagons détruit à la mitrailleuse ou à la roquette. Peu après l’incident, il demanda d’effectuer une observation aérienne comme passager d’un T-28D et cela lui donna l’occasion de vérifier leur tableau de chasse. L’avion suivit la ligne de chemin de fer du CVC et le pilote survola certains objectifs détruits, mais jamais à moins de 600 pieds, il put néanmoins constater que ces pilotes attaquaient régulièrement les mêmes objectifs, car les épaves observées étaient vieilles de plusieurs semaines.

Relance des opérations dans le nord-est

Début mars 1965, le Lieutenant Colonel NOEL, officier détaché de l’armée belge en tant que conseiller du chef d’EM congolais de la 5e Brigade, conçut de nouvelles opérations pour libérer les localités du nord-est aux mains des Simba grâce à une augmentation de ses effectifs en hommes et en matériel.

Le 5 mars, il se rendit en C-47 FATAC à Bunia avec le Colonel MULAMBA, le Major FRANCOIS (S3) et le Lieutenant RAES pour y inspecter le 5e Bat commando sud africain de Mike HOARE, promu Lieutenant Colonel par le Général MOBUTU.

De nouvelles recrues avaient remplacé les hommes en fin de contrat et cette unité de 300 hommes devait opérer en fer de lance l’opération « White Giant » avec le 14e Bat commando katangais vers Faradje qui fut atteint le 28 mars. L’appui aérien était assuré par le WIGMO avec le flight de T-28 de Big Bill, aidé par Budd MOESSMER, et par deux Douglas B-26K. Cette opération de la 5e Bde démarra le 15 mars 1965 et fut un succès total.

La FATAC disposait de quatre C-47 à Stanleyville et de la section de ravitaillement/Air, tandis que la Banane volante des pilotes BOUTET et LECHAT de la FATAC assuraient les évacuations.

Généralement, des panneaux blancs étaient disposés en « T » assurait le repérage de la dropping zone et un feu d’herbes sèche ou un fumigène donnait la direction du vent lors du largage de ravitaillement par bimoteur. Quant aux hélicoptères, ils se posaient sur la route si ses abords étaient dégagés, autrement, il fallait débroussailler une piste de 100 m sur 20 m, suffisante en cas de faible charge, mais en cas de charge élevée, il lui fallait 300 mètres de piste roulable dans le vent.

La FATAC déplora l’accident du 9T-PKH lors d’un atterrissage dans la localité de Faradje, un autre C-47 endommagea sa roulette de queue en se posant à Watsa, dont la plaine d’aviation située au-dessus d’une colline était très courte et difficile d’accès. Un troisième bimoteur, qui devait charger de l’or récupéré à Watsa, fut détourné de Stanleyville vers l’Angola le 15 avril 1965 par deux déserteurs du 5e Bat commando sud africains, LARKIN et VAN STADEN, mais ils furent forcés d’atterrir à Kolwezi à cause du mauvais temps et arrêtés. Quant à la Banane volante FG-697, elle eut des ennuis de moteur à Bunia le 25 avril en revenant d’une mission à Watsa et fut bloquée au sol.

Du haut des airs, il était difficile de distinguer les amis des ennemis et une erreur de tir des B-26K blessa deux Sud Africains à Aba. Tandis que le 5e Bat commando de Mike HOARE regroupait les mercenaires anglophones, le 6e Bat commando du Lieutenant Colonel LAMOULINE se chargeait de l’administration des mercenaires francophones encadrant les bataillons katangais.

En appui au 1er choc

Revenu sur la scène congolaise en fin février 1965, Bod DENARD créa une nouvelle unité qui fut intégrée au 6e commando sous le nom de 1er choc.

Le 14 mars 1965, elle participa à une opération sur Yangambi au bord du fleuve Congo avec l’appui du WIGMO, puis elle fut transportée à Paulis par la voie aérienne le 29 mars. Cette nouvelle unité du 6e Commando reçut la mission de pacifier le sud de cette localité vers Wamba avec l’appui du 8e Bat commando katangais. Cette opération baptisée « Tulipe » démarra le 7 avril à l’aube, mais peu après son départ, la colonne baptisée Aramis subit de nombreuses embuscades et lança un appel radio pour évacuer un blessé.

La Banane volante décolla de Paulis, mais elle ramena deux morts, car entre temps les Simbas avaient monté une autre embuscade. La malchance s’acharna sur Bob DENARD, car il se cassa une jambe et dut être évacué à son tour par l’hélicoptère.

Le Lieutenant Colonel LAMOULINE résolut de se rendre à Paulis en C-47 avec son adjoint BOTTU, mais l’hélicoptère de la FATAC était en panne. Les demandes d’appui aérien ou d’évacuation étaient adressées à l’EM de la 5e brigade et à l’aérodrome, le détachement du WIGMO se tenait en alerte. Il comprenait deux pilotes cubains et les belges LIBERT et BRACCO, anciens de la 21e escadrille, qui partaient justement avec leur T-28D pour une mission de soutien à « Aramis ».

Les deux officiers du 6e codo en profitèrent pour les accompagner et ils participèrent également à la mission aérienne du lendemain matin comme observateurs, car le Vertol-Piaseky H-21 n’était toujours pas réparé. L’après-midi, ce fut au tour des deux pilotes cubains d’appuyer la colonne DENARD avec leur T-28D. Le plafond était plus dégagé et ils purent intervenir à la mitrailleuse et à la roquette contre des véhicules ennemis à l’arrêt dans un village, puis furent relevés par les Belges. Lors de cette chaque mission, les pilotes établissaient un contact radio VHF avec la colonne sur la fréquence 118.5.

BRACCO et LIBERT intervinrent avec leurs appareils pour dégager d’une grosse embuscade et balayèrent les abords de la route de leurs armes. Le 10 avril 1965, la colonne Aramis atteignit Wamba et réclama du ravitaillement. L’hélicoptère fut réparé le lendemain et transporta le Lieutenant Colonel LAMOULINE à Wamba. Il y fut rejoint par le Major BOTTU qui resta sur place pour préparer une dropping zone en vue d’un ravitaillement par bimoteurs de la FATAC. Le 8e Bat commando fut laissé en garnison et le 1er choc regagna Paulis le 16 avril suivant, non sans avoir subi de nombreuses embuscades, mais l’unité était bien rodée.

Le 3 mai1965, le Général MOBUTU, commandant en chef de l’ANC se rendit à Stanleyville avec son avion personnel, mais son appareil eut du retard et les troupes rassemblées à l’aérodrome pour la parade avaient regagné leur cantonnement. Il conféra avec le Colonel MULAMBA et les officiers de l’ATMB en fonction à l’Etat Major de la 5e Brigade et le 5 mai, le Lieutenant Colonel NOEL, chef d’EM, présenta les plans de l’offensive « Violettes impériales ». Une copie de ce plan fut adressée au QG/ANC, aux chefs des unités qui y participaient, à l’officier de liaison de l’US Army, au commandement Ops/Air et au WIGMO.

Le lendemain, le commandant en chef se rendit avec Mike HOARE à Faradje pour assister à la parade achevant l’opération White Giant. Il passa en revue les commandos sud-africains et katangais et le félicita pour les succès de ses troupes durant « White Giant ». L’opération « Violettes impériales » lui succéda et mit en œuvre, outre le 5e Bat commando SA de Mike HOARE (Zorro) à partir de Niangara, le 1er Choc de Bob DENARD (Aramis) et le 8e Bat commando katangais à partir de Paulis, le 12e Bat codo Diabos à partir de Stanleyville et des troupes congolaises opérant à partir de Bumba dans le but de capturer Buta par une offensive en tenaille.

Il s’agissait d’envelopper un maquis rebelle bien ravitaillé en armes et commandé par le Colonel MAKONDO qui s’était établi dans cette ville, d’où il menaçait toute la région située au-dessus de Paulis. Selon les renseignements obtenus, des Européens étaient encore en vie dans les prisons des Simbas.

Vu l’augmentation des missions de transport de leurs C-130E dans le triangle Stanleyville-paulis-Bunia, les Américains songèrent à livrer deux C-47 supplémentaires à la FATAC pour soulager leurs équipages.

L’opération « Violettes impériales » fut déclenchée le 26 mai avec l’assistance de l’aviation qui comprenait la 21e escadrille à partir de Bumba, trois B-26K basés à Stanleyville et deux détachements de quatre T-28D qui effectuèrent chacun deux sorties par jour. Celui de Big Bill appuyait le 5e commando et l’autre intervenait à partir de Paulis en soutien au 1er choc. Le WIGMO y disposa un des hélicoptères Bell 47 récemment livrés. Il était chargé des liaisons et de la récupération des pilotes.

La FATAC pourvoyait au ravitaillement et aux évacuations sanitaires avec quatre C-47 et les quatre hélicoptères Banane volante H-21 en ordre de marche, dont le FG-673 qui opérait à partir de Paulis et le FG-378 à partir de Stanleyville. Les forces alignées à Paulis pour l’offensive furent passées tour à tour en revue par le Colonel MULAMBA et le Lieutenant Colonel NOEL, venus de Stanleyville en C-47 FATAC.

Le lendemain de son départ, l’hélicoptère H-21 rejoignit la colonne avec le Lieutenant Colonel NOEL pour évacuer les premiers blessés.

BRACCO et LIBERT survolaient la progression des troupes et effectuaient des reconnaissances sur l’itinéraire, signalant les obstacles aperçus. Buta fut atteint le 1er juin 1965 par le 1er Choc, battant de peu les Sud Africains (voir le magasine RAIDS n° 51), mais ils ne purent empêcher le massacre des otages.

La plaine d’aviation de la ville fut remise en état le 4 juin et un C-47 y déposa les Colonels MULAMBA et LAMOULINE. Ce bimoteur fut suivi d’autres appareils de la FATAC qui s’y posèrent avec des vivres et des munitions. Le 2 juin 1965, le Général Major CEUPPENS, chef d’EM de la Force Aérienne Belge en visite au Congo avait inspecté le détachement FATAC à Baka, puis se rendit en inspection avec le Colonel VANDEPOEL à Stanleyville le 5 juin et à Paulis le 6, avant de regagner la Belgique le 8 juin.

Nouvelles pertes aériennes

Le 3 juin, le détachement WIGMO de Paulis déplora la perte de deux T-28D à cause du mauvais temps. Roger BRACCO et le jeune pilote cubain LA GUARDIA, recruté peu auparavant, se trouvèrent perdus dans une tornade et à court de carburant, ils durent sauter en parachute près de la rivière Bomakandi, aux abords de Titule. Ils furent récupérés quelques heures plus tard par hélicoptère, mais le Cubain, très marqué par son aventure, résilia son contrat et retourna aux Etats Unis.

A la même époque, des guérilleros rebelles venus du Congo-Brazza, s’emparèrent de Nioki, à 320 km au nord-est de la capitale et un T-28 y fut envoyé en reconnaissance. Les résultats de ce vol d’observation permirent de monter une opération à partir de Mushie où des mercenaires européens furent transportés dans un C-47 et un DH Dove de la FAC. Ils se joignirent à une colonne de l’ANC et le bimoteur Dove se rendit à Nioki pour observer la situation, tandis que les Européens de la région étaient évacués par avions d’Air Brousse.

Après une année de service, les « Bananes volantes » donnaient des signes de fatigue et le 27 juin, l’hélicoptère codé FG-378 se crasha avec son équipage dans la forêt à quelques dizaines de kilomètres de Stanleyville. Elle avait tenté de rejoindre Buta pour y chercher des réfugiés libérés par le 1er choc, mais le mauvais temps l’avait obligé à faire demi-tour. Lors du trajet de retour, le pilote contacta la tour de contrôle de Stanleyville pour annoncer l’estimation de son heure d’arrivée vers 7h30 (ETA), soit trente minutes plus tard, lui signalant qu’il volait à 6000 pieds d’altitude.

Ce fut son dernier appel et dès que l’ETA fut dépassée, le Colonel VANDEPOEL qui commandait la FATAC lança un programme de recherches avec les moyens aériens immédiatement disponibles : trois C-47, deux B-26K et un C-46 et il y participa aux commandes d’un des appareils. Les recherches se poursuivirent durant trois semaines malgré le mauvais temps, mais ne donnèrent aucun résultat. Cet accident, qui coûtait la vie au Capitaine BORDON et aux Adjudants ALLAEYS et JACOBS s’ajoutait à une série d’incidents techniques et signa la mise à la retraite de ces engins qui avaient rendu de grands services à l’ANC.

Le 4 juillet 1965, le 1er choc reprit sa route vers Aketi avec le support du WIGMO, puis effectua sa jonction avec l’ANC partie de Bumba.

Le 21 juillet 1965, l’aviation dut intervenir à Buta pour repousser une offensive des rebelles commandés par le Colonel MAKONDO qui s’était replié dans la forêt au sud de Bondo. Le chef des Simbas attendait du ravitaillement en munitions pour recommencer une attaque sur Buta. Elle se déclencha dans la nuit du 5 au 6 septembre et fut repoussée par les hommes du 1er choc, appuyé par le détachement du WIGMO de Paulis.

Les pilotes des T-28D soumirent les rebelles à un déluge de feu et poursuivent leurs attaques les jours suivants sur les villages d’où étaient partis les maquisards. L’activité des patrouilles du 1er choc et des appareils du WIGMO eut raison de l’entêtement de MAKONDO et le réseau ferroviaire de VICICONGO put être remis en activité. Parti de Buta le 8 octobre, ce premier convoi parvint à Paulis deux jours plus tard, où il fut accueilli par les autorités civiles et militaires de la province.

Le quatrième anniversaire de la FAC

Le lundi 19 juillet 1965, la Force Aérienne Congolaise fêta le quatrième anniversaire de sa fondation à Ndolo en présence de plusieurs autorités civiles et militaires, dont le Général MOBUTU. Le Colonel TUKUZU, chef du 1er Groupement aérien remplaçant le Lieutenant Colonel LOSSO emprisonné pour atteintes à la sûreté de l’état, fit un discours où il annonça avec fierté que son groupement aérien disposait de 11 pilotes, dont deux brevetés en Belgique (NZINGA et MBAKI) et neuf en Italie, où le brevet de pilote était plus facile à obtenir, ainsi que de 38 mécaniciens spécialisés et de deux interprétateurs de photos aériennes.

L’entraînement des élèves-pilotes se poursuivait sur place à l’école de vol grâce à l’Aeronautica Militare qui y avait affecté une cinquantaine d’officiers et de sous-officiers italiens avec dix Harvard, cinq Piaggio 148 et un C-47 de l’AMI, mais l’on déplorait la perte de l’Adjudant EBONGA qui s’était tué le 4 mars 1965. L’AMI développait également une école technique de navigation à Ndolo et une nouvelle promotion d’élèves congolais poursuivait son instruction à l’école de vol d’Alghero en Sardaigne.

Après son allocution, les moniteurs italiens effectuèrent quelques acrobaties et des parachutistes congolais furent largués d’un avion de transport devant un parterre d’officiers supérieurs.

Dans son discours, le chef du 1er Groupement aérien avait passé sous silence que, malgré leur splendide diplôme obtenus en Italie, aucun de ses pilotes brevetés n’avait participé aux opérations aériennes contre les rebelles. Un seul d’entre eux avait obtenu son brevet de pilote de transport sur C-47 en Italie. C’était un ancien élève de l’école professionnelle de Baka qui avait été mis à la porte avant l’indépendance et qui avait essuyé un échec à l’EPE de Gossoncourt. De retour à Ndolo avec son beau diplôme italien, il avait voulu prouver son savoir-faire et avait réussi à mettre en marche un des DC-4 amenés d’Angleterre en 1961, mais il accrocha l’autre quadrimoteur avec l’aile et endommagea également un DC-3, bloquant du même coup la totalité des avions de transport. La FAC l’affecta au dropping de parachutistes sur C-47 à Léopoldville, mais il représentait un danger pour la navigation, car il ne respectait pas les consignes de sécurité aérienne.

Hormis l’école de vol italienne et la base de Ndolo, le Colonel TUKUZU ne commandait pas grand chose. Une grande partie de l’aviation opérationnelle lui échappait. Outre quatre Curtiss C-46, deux Beechraft C-45 et trois hélicoptères Bell 47, la flotte du WIGMO comptait six B-26K et en réclamait trois autres, ainsi qu’une une dizaine de T-28D Trojan auxquels devaient s’ajouter huit appareils du même type.

La FATAC, formée par des officiers et sous-officiers détachés de la Force aérienne belge, formait le 2e Groupement aérien tactique et rassemblait six C-47 avec cinq équipages (les autres C-47 étaient en révision ou cannibalisés pour leurs pièces de rechange, mais le COMISH comptait en remplacer deux d’entre eux) et d’un Douglas C-54 avec son équipage. Le Capitaine JACQUEMART (Log/Air), qui s’était chargé de la récupération de deux C-54, d’un DH Dove et de pièces de rechange en Angola au début de l’année 1965.

Il devait se rendre en Afrique du Sud avec le pilote BERTEAUX afin d’y rechercher deux autres appareils de transport de l’Avikat, dont le DH Dove KAT-15 de l’ex-Avikat saisis par la justice sud-africaine en 1963. Ramené à Ndjili et immatriculé 9Q-CDB, ce Dove fut réclamé ensuite par la FAC qui lui donna le code 9T-DGA. Il se crasha plusieurs mois plus tard à Ndjili avec le pilote JUNGLER aux commandes.

Tous les hélicoptères Vertol-Piaseki H-21 avaient étés retirés du service et la 21e escadrille opérait avec six T-6G et en attendait douze autres, mais un essai de bombardement au napalm s’était terminé par la perte d’un appareil T-6G et de son pilote.

Son flight de transport se composait d’un C-54 et d’un DH Dove. Le bimoteur Douglas DC-3 9T-JDM était la propriété personnelle du Général MOBUTU, ainsi que le nouvel appareil VIP Beechraft C-45 9T-BHA acheté à l’Aga Khan. C’est dans cet appareil que le commandant en chef de l’ANC effectua le 8 août 1965 une rapide inspection des garnisons de Bolobo, Nkolo et Yumbi où avaient eut lieu des infiltrations de rebelles depuis le Congo-Brazza.

L’Anstalt WIGMO était au faîte de sa puissance et mettait en œuvre le 22e wing. Les pilotes cubains et les mercenaires espagnols du 2e choc ne manquaient pas de cœur et ils participèrent à la tombola organisée par le médecin espagnol SANZ-GADEA qui soignait les blessés et les malades de Stanleyville. A l’initiative de LLOPART et HOMEDES, techniciens du WIGMO, une fête fut organisée pour les enfants orphelins recueillis par ce médecin dont le clou fut une promenade aérienne en hélicoptère.

Coup d’état militaire

Une centaine d’otages restait aux mains des rebelles à Bondo et le QG/ANC du mont Stanley à Léopoldville décida de lancer une opération terrestre à partir de Paulis. Le Lieutenant Colonel LAMOULINE proposa une opération parachutée avec une centaine de volontaires européens et congolais et le 13 août 1965, son adjoint André BOTTU fut convoqué au QG/ANC pour la mettre en œuvre.

Cette opération, baptisée « Arc en ciel » nécessitait d’importants moyens aériens, dont six C-47, deux B-26K, deux T-28 et un hélicoptère Bell 47. Certains des parachutistes européens n’avaient plus sauté depuis leur départ de l’armée et le Major israelien SASSON supervisa l’entraînement au saut qui se déroula du 26 août au 5 septembre à Baka avec deux bimoteurs de la FATAC.

Dès le départ de l’opération le 12 septembre, un appareil observerait la météo sur l’objectif et donnerait le « GO » aux six avions de transport transportant le groupe Cobra qui partirait de Buta. Le saut opérationnel était prévu à 650 pieds et il disposerait d’un appui aérien sur la DZ, tandis qu’une colonne du 1er choc devait le rejoindre par la route.

A la fin de l’entraînement à Baka, le chef du groupe Cobra apprit que l’opération était annulée et qu’il devait se rendre à Bukavu pour opérer contre les rebelles de la Ruzizi.

Dès le 6 septembre, il participa à une opération qui se déroula dans la vallée pour repousser les rebelles vers le secteur d’Ops Sud. Le groupe Cobra pouvait compter sur l’appui du détachement de T-28D du Capitaine BRACCO qui avait été déplacé de Paulis à Goma.

En mars 1965, un expert de l’US Navy attaché à l ‘ambassade américaine de Léopoldville se rendit à Albertville dans le but d’y établir une base navale qui contrôlerait le lac Tanganyika et permettrait d’exercer une pression, non seulement sur les maquisards, mais également sur les pays qui les aidaient.

Peu après, des vedettes en fibre de verre furent livrées par C-130, suivies quelques temps plus tard par des patrouilleurs « Swift » pesant près de dix tonnes. Ces patrouilleurs étaient trop longs (près de vingt mètres) pour pouvoir prendre place dans les C-130 et l’agent de la CIA Ed WILSON eut l’idée de les découper en trois parties pour être amenée en avion à Albertville.

En juin 1965, le bataillon Katchoka, composé de tutsi ruandais et commandé par Idelphonse MUDANDI, fut engagé contre la garnison ANC de Bendera défendant la centrale électrique qui ravitaillait Albertville. L’attaque fut un échec et coûta une vingtaine de tués aux guérrilleros tutsi, ainsi que quatre des Barbudos envoyés par Fidel CASTRO au Congo. Sur le cadavre de l’un d’eux, des documents furent trouvé, dont un agenda écrit en espagnol et la CIA fut alertée, car ils prouvaient la présence de dizaines de techniciens cubains aux bords du lac Tanganyka.

S’ajoutant aux renseignements reçus de diverses sources et aux tactiques de guérilla pratiquées par les Simba de ce secteur, la présence de ces Barbudos que l’on supposaient commandés par Chè GUEVARA, envoyés par Fidel CASTRO pour instruire et aider les Simba, mit la CIA sur les dents.

Une grande partie des moyens aériens fut rassemblée à Albertville et l’opération « Banzi » fut planifiée et mise en œuvre par le Lieutenant Colonel HARDENNE, chef d’EM du QG/Ops Sud commandé par le Lieutenant Colonel Eustache KAKUDJI. Le but de cette opération était de liquider la menace représentée par les maquis rebelle du lac Tanganiyka, auxquels Laurent-Désiré KABILA, replié en Tanzanie en tant que commandant de la section de l’est de l’APL promettait de l’aide et de chasser du Congo les Barbudos de Chè GUEVARA.

Un major américain des Special Forces fut chargé de diriger à Albertville un groupe aéronaval du WIGMO équipé du navire MS « Urundi », cargo du CFL réquisitionné, et du MS «Président Ermens » ex-IRSAC armé de mitrailleuses .50 et d’un canon SR de 75 mm et équipé d’un radar Decca et d’une installation d’émissions à ondes courtes le reliant aux vedettes rapides en fibre de verre, chargées de mettre un terme au trafic d’armes qui sévissait sur le lac.

Cette flottille était sous les ordres du lieutenant de marine KAPPAS, détaché à Albertville par la mission US COMISH. Il ne participait pas aux missions mais rédigeait les ordres d’opération et veillait à ce que les vedettes ne dépassaient pas la frontière fictive tracée sur le lac. Le 5e Bat sud africain de Mike HOARE collabora avec ce groupe aéronaval du WIGMO et fournit des équipages pour les vedettes rapides.

Outre trois flights de T-28D, dont celui de Big Bill, deux hélicoptères Bell 47, dont un pourvu de flotteurs et quatre B-26K, d’importants moyens terrestres et amphibies étaient mis à la disposition d’Ops Sud. L’un des monomoteurs T-28D plongea dans le lac peu après son décollage et le chef pilote des Cubains se noya. Le 21 septembre, l’aviation lança des tracts sur les zones rebelles, puis les appareils du WIGMO attaquèrent plusieurs objectifs à coups de roquettes et de mitrailleuses. L’offensive mettait en œuvre 3000 hommes, dont 350 mercenaires anglophones et débuta le 27 septembre 1965.

Avant le départ de l’opération « Banzi », le Lieutenant Colonel HOARE, qui était dépendant du WIGMO pour ses observations aériennes et son appui-feu, prit place dans un bombardier bimoteur pour effectuer une reconnaissance de la côte dans la région de Baraka. Ses commandos devaient y débarquer sous la protection de six T-28D et de deux B-26K basés à Baka, mais l’appui aérien fut retardé par le mauvais temps et les Sud Africains furent bloqués lors de leur assaut jusqu’au retour d’un temps favorable. La FATAC, commandée depuis septembre par le Lieutenant Colonel CAILLEAU, engagea plusieurs bimoteurs C-47 pour assurer la logistique de l’opération et l’un d’eux fut affecté au QG/Ops Sud. Ils portaient le nouvel emblème de la Force Aérienne Tactique, une brouette portant un tonneau de poudre, un sac de manioc et une boîte de premiers soins.

Beaucoup de largages étaient exécutés en « free drop » par manque de parachutes. Le bimoteur se présentait au-dessus de la DZ à une altitude de vingt à trente mètres et à vitesse minimum. Sur un signal du pilote, les colis, emballés de manière à absorber les chocs, étaient balancés par la porte latérale.

Les T-28D et les B-26K basés à Albertville effectuèrent de nombreux raids contre les troupes ennemies et patrouillèrent sur le lac Tanganyika, où ils coulèrent plusieurs embarcations chargées d’armes et un bateau à moteur. Pendant ce temps, le groupe parachutiste Cobra du Commandant BOTTU opérait dans la vallée de la Ruzizi avec deux des quatre T-28 basés à Goma. Ce flight comptait deux pilotes cubains et les Belges Léon LIBERT et Roger BRACCO.

Grâce à l’action de l’aviation et aux vedettes fournies par les Américains, le trafic d’armes diminua de manière spectaculaire, mais persista de manière endémiques durant de nombreuses années. Chè GUEVARA avait perdu toute confiance dans les dirigeants révolutionnaires, Laurent-désiré KABILA y compris, et se retira avec ses Barbudos en Tanzanie à partir du 20 novembre.

Big Bill était toujours à la recherche de renseignements pour ses patrons de l’Agence de Langley et peu après son arrivée, les rebelles menacèrent Albertville. Il se rendit en reconnaissance sur la route de Bendera, mais à son retour, il se tua stupidement en percutant un camion de l’ANC qui roulait à gauche et son véhicule prit feu. Juan PERON ramena son corps en bimoteur à Léopoldville, d’où un Boeing 707 l’évacua vers l’Amérique.

Moïse TSHOMBE avait été démis de ses fonctions le 18 octobre par le président KASA VUBU et la situation politique était très tendue. Un coup d’état militaire fut préparé par le Général MOBUTU et le 20 novembre 1965 à 11h30, le centre de transmission du QG/ANC diffusa le message « Flash » n° 13020 annonçant aux commandants de groupement qu’une réunion du haut-commandement aurait lieu à Léopoldville le jeudi 25 et que le DC-3 « 9T-JDM » serait mis à leur disposition pour le transport.

A la date prévue pour cette réunion, le Général MOBUTU, appuyé par les autorités supérieures des Forces Armées, s’empara du pouvoir et l’ex- premier ministre TSHOMBE prit le chemin de l’Europe pour un deuxième exil.

Outre l’appui du Général major BOBOZO, le nouveau président du Congo avait celui des Colonels MASIALA, MULAMBA, NZOIGBA, ITAMBO, BANGALA, des Lieutenant Colonel INGILA, TSHATSHI, MONYANGO, SINGA, BASUKI, MALILA, du Lieutenant Colonel TUKUZU, chef du 1er groupement aérien de la FAC et avait obtenu le soutien de la CIA.

Le Général BOBOZO prit la tête de l’armée et le Colonel MULAMBA fut nommé premier ministre.

L’apothéose de ce coup d’état militaire fut la tournée triomphale du président MOBUTU à travers la capitale, tandis que les T-6 de l’école italienne survolaient son cortège. Le Congo était en grande partie libéré et le commandant en chef de l’ANC pouvait se passer de Moïse TSHOMBE et de ses gendarmes katangais, qui furent impitoyablement éliminés au cours des deux années suivantes.

FIN

 


 

Sources

– Articles parus dans le bulletin Tam Tam Ommegang et particulièrement les récits du col Avi BOUZIN, du col BEM VANDEWALLE, des majors CLOSSET, DEMOL et LEMERCIER, du lt RAES et du lt HENKAERTS (grades de l’époque).
– « Odyssée et reconquête de Stanleyville », par le col BEM VANDEWALLE.
– Dossier « Congo » de la revue Aéro par Roger BRACCO (1985).
– Dossier « Congo » de la Lorgnette, par H. DEMARET (1985).
– Témoignage et photos de Robert FEUILLEN, secrétaire Général des Vieilles Tiges et ancien de la FATAC.
– Photos de la collection VAN de MERKT, via Daniel BRACKX.
– Photos de Léon LIBERT, Henri BERTRAND, Gilbert VERJANS et Charles HEYMANS.
– Témoignage de l’adjudant GERUZET (FATAC) sur le 9T-PKB à Bumba.
– Article de Pierre UYTTENHOVE sur la FATAC paru dans le bulletin de l’amicale Coloniale de Namur.
– Article « As guerras do Congo » de Joâo VIDAL dans « Mais Alto ».
– « Foreign Invaders » par Leif HELSTRÖM et Dan HAGEDORN.

 


 

A la mémoire du Colonel Denard
et des hommes qui ont servi sous ses ordres

A la mémoire du Colonel Denard
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